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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique

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    Genèse 4.7 : Le récit concernant Caïn et Abel

    Prenons un autre exemple tiré de la Genèse, nous montrant que l’interprétation d’Ellen White correspond tout à fait au texte hébreu, ce que beaucoup de gens ignorent. Dans Genèse 4, nous trouvons le récit bien connu de Caïn et Abel. Caïn et Abel apportèrent chacun une offrande pour le Seigneur, et le fruit de la terre de Caïn fut rejeté alors que le bétail d’Abel fut accepté. Après cela, Caïn se renfrogna (verset 5). Le Seigneur vint à lui et lui dit au verset 7, généralement traduit ainsi : Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n’agis pas bien, le péché est tapi à ta porte, et son désir [teshuqah en hébreu] se porte vers toi ; à toi de le dominer [mashal en hébreu] ! Cette traduction décrit une situation sombre dans laquelle le péché est comparé à un démon ou à une bête sauvage cherchant à dominer Caïn et que celui-ci est invité à dominer. La structure grammaticale de ce verset étant presque similaire à celle de Genèse 3.16 (car nous y trouvons les mêmes mots pour «désir» et «dominer», ainsi que les mêmes pronoms), ce deuxième passage est également interprété de façon négative. La femme désire dominer l’homme, mais c’est l’homme qui doit la dominer 547Pour d’autres exemples d’interprétation de ce passage de Genèse 3.16 en se basant sur Genèse 4.7, voir notamment Susan T. Foh, «What is the Woman’s Desire?» Westminster Theological Journal 37 (1975), pp. 376-383 (voir idem, Women and the Word of God [Phillipsburg, N.J. : Presbyterian and Reformed, 1979], pp. 68, 69). Samuele Bacchiocchi défend une position similaire dans Women in the Church : A Biblical Study on the Role of Women in the Church (Berrien Springs, Mich. : Biblical Perspectives, 1987), pp. 79-84 ; et James B. Hurley, Man and Woman in Biblical Perspective (Grand Rapids: Zondervan, 1981), pp. 218, 219. Voir Walter Vogels, «The Power Struggle Between Man and Woman (Gen. 3:16b)»,Bib 77 (1996), pp. 197-209. L’auteur décrit également la situation de Genèse 4.7 de façon négative, le péché étant un animal sauvage guettant sa proie, même s’il l’interprète de façon descriptive et non de façon prescriptive comme Foh et d’autres encore..DDP 192.2

    Une étude minutieuse du texte de Genèse 4.7 basée sur une lecture attentive du texte hébreu 548Joachim Azevedo, «At the Door of Paradise : A Contextual Interpretation of Gen. 4 :7», Biblische Notizen 100 (1999), pp. 45, 59., menée par l’un de mes étudiants en doctorat, a remis en question cette interprétation négative. Je me suis moi-même appuyé sur ses recherches et, après avoir étudié les différentes implications du texte hébreu, je suis arrivé aux mêmes conclusions 549Richard M. Davidson, «Shame and Honor in the Beginning : A Study of Genesis 4 », Shame and Honor : Presenting Biblical Themes in Shame and Honor Contexts, ed. Bruce L. Bauer (Berrien Springs, Mich. : Department of World Mission, Andrews University, 2014), pp. 43-76.. Je ne mentionne ici que les points principaux de nos recherches. Tout d’abord, le «péché» n’est pas décrit comme un démon ou un animal sauvage poursuivant sa proie dans d’autres passages de l’Écriture. Il n’est pas non plus question pour les êtres humains de le «dominer». Cette description ne semble pas cohérente avec la théologie du péché dans le reste de l’Écriture.DDP 192.3

    Deuxièmement, l’adjectif possessif «son» (dans l’expression «son désir») est au masculin dans ce verset, et d’après une règle grammaticale en hébreu, l’adjectif possessif s’accorde avec le possesseur. Ainsi, le nom dont il est question devrait être masculin. Or, en hébreu le mot «péché» est féminin ! L’antécédent le plus proche est donc le nom «Abel» (verset 4).DDP 193.1

    Troisièmement, Abel est le seul à pouvoir être concerné dans ce récit dans lequel il est question de honte et d’honneur. Abel est manifestement l’objet de la colère et du déplaisir de Caïn. D’après le contexte, ce déplaisir est dû au fait qu’il ait certainement perdu (ou qu’il risquait de perdre) son statut de premier-né en ne se conformant pas au rite prescrit. Caïn fut très fâché» et son visage se renfrogna. On pourrait aussi dire qu’il perdit la face. Dieu lui promit alors que, s’il agissait bien, tout rentrerait dans l’ordre. Autrement, dit, son honneur serait restauré. La terminologie du texte hébreu confirme cela 550Voir ibid., pp. 3-19..DDP 193.2

    Ainsi, la traduction de Genèse 4.7 devient positive : Son désir [celui d’Abel] se porte vers toi ; à toi [Caïn] de le dominer ! Dieu promet à Caïn que, s’il agit bien, le «désir» (ou le respect) d’Abel pour Caïn sera restauré et il conservera son statut d’aîné. Cette traduction est confirmée par la traduction en grec de l’Ancien Testament (la Septante) : «Le péché est sous ta puissance, et c’est à toi de le dominer. »DDP 193.3

    À ma connaissance, aucune traduction moderne de l’époque d’Ellen White ( ou même aujourd’hui) ne suit la Septante et ne propose une traduction positive conforme à l’original en hébreu. Cependant, Ellen White adopte cette traduction dans plusieurs de ses déclarations au sujet de Genèse 4.7. Elle considère manifestement que ce passage (le verset 7b) fait référence à Caïn et Abel dans le contexte de la restauration du statut de premierné et de ses prérogatives sur Abel. Notez sa citation de Genèse 4.7b dans ce passage :DDP 193.4

    «L’offrande d’Abel fut acceptée ; mais c’est parce qu’il avait fait tout ce que Dieu lui avait demandé de faire. Si Caïn acceptait de corriger son erreur, il ne serait pas privé de son droit d’aînesse : Non seulement Abel l’aimerait comme son frère, mais, étant le plus jeune, il lui serait soumis. Ainsi, le Seigneur déclara à Caïn : «Le péché est tapi à ta porte, et son désir se porte vers toi ; à toi de le dominer 551Ellen G. White, «Abel’s Excellent Sacrifice», Signs of the Times (Australia), 8 avril 1912, p. 230. !» »DDP 193.5

    Ellen White cite ou paraphrase le texte de Genèse 4.7b à trois autres reprises, en donnant cette même interprétation :DDP 194.1

    «L’offrande d’Abel fut acceptée ; mais c’est parce qu’il avait fait tout ce que Dieu lui avait demandé de faire. Si Caïn acceptait de corriger son erreur, il ne serait pas privé de son droit d’aînesse : Non seulement Abel l’aimerait comme son frère, mais, étant le plus jeune, il lui serait soumis. Ainsi, le Seigneur déclara à Caïn : «Le péché est tapi à ta porte, et son désir se porte vers toi ; à toi de le dominer 552Ellen G. White, «Cain and Abel Tested», Signs of the Times, 16 décembre 1886, p. 753 !» »DDP 194.2

    «L’ange dit à Caïn que ce n’était pas une injustice de la part de Dieu de partialité vis-à-vis d’Abel ; il ne pouvait pas respecter son offrande en raison de son péché et de sa désobéissance à sa demande très claire. S’il agissait bien, il serait accepté par Dieu et son frère l’écouterait. Il prendrait les commandes parce qu’il était l’aîné 553Ellen G. White, The Spirit of Prophecy (Battle Creek, Mich. : Steam Press of the Seventy-day Adventist Publishing Association, 1870), vol. 1, p. 56; voir aussi idem, Spiritual Gifts (Battle Creek, Mich. : Steam Press of the Seventy-day Adventist Publishing Association, 1864), vol. 3, p. 49 ; idem, The Story of Redemption (Washington D.C. : Review and Herald, 1947), p. 53.. »DDP 194.3

    «Il n’y avait pas eu d’injustice de la part de Dieu, et pas de partialité vis-à-vis d’Abel. S’il agissait bien, il serait accepté par Dieu et son frère l’écouterait. Il prendrait les commandes parce qu’il était l’aîné 554 Ellen G. White, «The Great Controversy Between Christ and His Angels and Satan and His Angels. Chapter 5, Cain and Abel», Signs of the Times, 6 février 1879, p. 42.. »DDP 194.4

    Il est donc tout à fait intéressant de noter qu’Ellen White suit l’interprétation de la Septante qui n’était pourtant pas adoptée par les traductions de son époque. De plus, elle alla à l’encontre de l’approche de son temps selon laquelle il existait un parallèle avec Genèse 3.16, interprétant ce texte comme une bénédiction permettant de préserver l’unité et l’harmonie du foyer 555Ellen G. White, Patriarchs and Prophets, pp. 58, 59 : «Ève entend ensuite les chagrins et les douleurs qui doivent être désormais sa portion. L’Éternel lui dit : «Tes désirs se porteront sur ton mari, et il dominera sur toi.» En la créant, Dieu avait fait Ève égale à Adam. S’ils étaient restés obéissants à Dieu, en harmonie avec sa grande loi d’amour, l’accord le plus parfait n’eût cessé d’exister entre eux. Mais le péché avait engendré la discorde et, dès lors, l’union et l’harmonie ne pouvaient se maintenir que par la soumission de l’un ou de l’autre des époux. Or, Ève avait péché la première. En se séparant de son mari, contrairement à la recommandation divine, elle avait succombé à la tentation, et c’est à ses sollicitations qu’Adam avait désobéi. En conséquence, elle était placée sous l’autorité de son mari. Si notre race déchue obéissait à la loi de Dieu, cette sentence, bien qu’étant un résultat du péché, se changerait en bénédiction. Mais l’homme, abusant de sa suprématie, a trop souvent rendu le sort de la femme bien amer et fait de sa vie un martyre.» Pour avoir confirmation que cette position était unique au XIXe siècle, voir Davidson, Flame of Yahweh, pp. 60-65..DDP 194.5

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