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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique

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    Le don de prophétie - Tentative de définition

    Avant d’aborder les positions d’autres groupes concernant la présence de l’Esprit en dehors des autorités ecclésiastiques, nous allons évoquer un sujet important qui sous-tend le débat dont le but est de savoir qui a le don de prophétie, et nous tenterons de définir ce don. L’une des caractéristiques communes identifiée par tous les chrétiens dont nous avons parlé précédemment est la proclamation de Jésus en tant que Messie. Cet enseignement est au cœur de l’approche des Pères apostoliques concernant les auteurs des Écritures hébraïques qu’ils considéraient être des prophètes «chrétiens». Cette définition christologique était essentielle dans l’argumentation des générations ultérieures de chrétiens. Dans le christianisme, un véritable prophète enseigne et met en pratique ce que Jésus lui-même enseignait et mettait en pratique.DDP 250.2

    Cependant, l’existence de positions contradictoires au sujet de ce que Jésus enseignait et vivait (qui il était) a entraîné une définition étroite du don de prophétie. En raison des avertissements donnés par Jésus et ses disciples concernant les faux prophètes, il est rapidement devenu clair que tous ceux qui affirmaient avoir vu Dieu n’étaient pas porteurs d’un message divin. Ainsi, poussés par la nécessité de faire la distinction entre les véritables prophètes et les faux prophètes, les auteurs chrétiens développèrent très tôt dans l’histoire un système qui permettait, paraît-il, d’établir un contact direct avec Jésus grâce à la succession apostolique. Cela étant dit, la succession n’était pas alors ce que nous savons par l’intermédiaire de l’Église catholique médiévale. Comme nous avons essayé de le montrer, l’idée était de faire en sorte que les messages divins concernent Jésus autant que possible. Il s’agissait du principe christologique relatif à l’interprétation des Écritures hébraïques. Par conséquent, on considérait que la vérité résidait dans une exégèse correcte (christologique) 796En raison de l’accent mis sur la lecture correcte des Écritures, l’un des passages les plus utilisés du Nouveau Testament par les auteurs de l’Église primitive était 2 Corinthiens 3, où Paul fait une opposition entre la lecture voilée de Moïse (la Torah) et la lecture libre de l’Écriture en Jésus. «Or le Seigneur, c’est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.» (2 Corinthiens 3.17) Au sujet du rôle du don de prophétie dans l’exégèse biblique chrétienne, voir Aune, pp. 339-346. venant de Jésus lui-même. Mais quel était le rôle des prophètes dans le Nouveau Testament ?DDP 251.1

    C’est une question légitime, car les Pères apostoliques affirmaient avoir reçu la vérité des apôtres euxmêmes (notamment dans le Nouveau Testament, mais pas uniquement). En étudiant tous les mots ayant la racine prophē- dans le Nouveau Testament, nous constatons que, pour la plupart d’entre eux, ils sont employés en lien avec les Écritures hébraïques parlant des événements de la vie de Jésus et citant même certains passages. Un prophète était donc une personne proclamant la vérité. Cette large définition s’applique également aux individus de l’époque de Jésus quand les auteurs identifient certains de ses disciples ou certains croyants comme prophètes 797Il s’agit d’une liste d’individus identifiés comme prophètes dans le Nouveau Testament : des prophètes de l’Ancien Testament comme Ésaïe et Jérémie, Jésus, Jean-Baptiste, Anne, les quatre filles de Philippe, Agabus et certains apôtres de Jésus comme Judas, Silas, Barnabé, Siméon, Manaen et Saul. Certains ne sont pas nommés (Actes 11.27).. Ce sont des orateurs, des enseignants, des prédicateurs envoyés par Dieu (les apôtres). Comme le montre 2 Pierre 1.21, le passage le plus clair du Nouveau Testament sur ce sujet, les prophètes sont des hommes de Dieu inspirés par le Saint-Esprit qui leur communique des messages divins. La notion de proclamation est essentielle pour un prophète, comme nous le voyons grâce au texte de Tite 1.12 avec l’exemple d’un philosophe païen, et grâce aux textes de Matthieu 10.41 et Actes 15.32 avec l’exemple de prédicateurs itinérants en général.DDP 251.2

    Seules quelques références évoquent des prophètes prédisant l’avenir ou accomplissant des actes surnaturels (Jean 6.14, la multiplication des pains et des poissons ; Jean 9.17, la guérison d’un aveugle ; Actes 11.25, Agabus annonçant la famine). Les prophètes sont souvent associés à ceux qui sont envoyés par Dieu (les apôtres) et ceux qui enseignent (Matthieu 10.40,41 ; Luc 11.49; Actes 13.1 ; Éphésiens 2.20 ; 3.5; 2 Pierre 3.2 ; Apocalypse 18.20). Cette association des dons spirituels des prophètes, apôtres et enseignants, suggère peut-être que les dons listés dans 1 Corinthiens 12 ont des fonctions qui se recoupent 798Par exemple, guérison et miracle sont souvent synonymes, comme le sont la proclamation des paroles de sagesse, l’enseignement, l’interprétation et le fait de prophétiser. Même dans l’avertissement à l’égard des faux prophètes de 2 Pierre 2.1, il y a un parallèle entre les faux enseignants et les faux prophètes.. C’est d’ailleurs ainsi que Didachè présente le don de prophétie. Par conséquent, ces associations faites par les Pères apostoliques sont basées sur le Nouveau Testament.DDP 251.3

    Le Nouveau Testament contient peu de références concernant les faux prophètes. Mais manifestement, ils pervertissent la vérité. Dans 2 Pierre 2.1 et 1 Jean 4.1-3, ces perversions sont liées à l’incarnation de Jésus, le Messie divin (principe christologique). Seul le texte d’Actes 13 leur donne un nom et décrit le comportement des faux prophètes. Dans Actes 13.6-12, Bar-jésus ou Elymas est appelé faux prophète et magicien (magon pseudoprophētēn). Il interrompt Paul et Barnabé qui viennent d’être appelés prophètes et d’être envoyés par le Saint-Esprit (versets 1 à 4). D’autres textes du Nouveau Testament sont simplement des avertissements concernant l’existence de faux prophètes qui pervertissent les enseignements de Dieu/Jésus (Matthieu 7.15; 24.11; Marc 13.22 ; Luc 6.26 ; Apocalypse 16.13 ; 19.20 ; 20.10).DDP 252.1

    Tous ces textes nous montrent que, dans le Nouveau Testament, un prophète est un prédicateur ou un enseignant. Un véritable prophète enseigne les révélations divines, autrement dit la vérité, alors qu’un faux prophète enseigne des mensonges. Cette définition trouve son origine dans les Écritures hébraïques et est partagée par les Pères apostoliques. Les auteurs chrétiens précisent que la vérité est définie en lien avec Jésus, le Christ (principe christologique). Cette compréhension est liée aux textes d’1 Corinthiens 14.37,38 et 15.1,8, où Paul affirme qu’un véritable prophète doit être d’accord avec lui, puisqu’il fut témoin de la résurrection du Christ. Par conséquent, il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi Irénée et d’autres considéraient que le don de prophétie devait être assumé par une autorité apostolique ecclésiale garantissant une lecture juste des Écritures hébraïques. Une fois encore, ce n’est pas la doctrine établie de la succession apostolique d’évêques telle qu’elle s’est développée dans l’Église catholique médiévale, mais le commencement.DDP 252.2

    Cette conception d’une tradition de la vérité transmise tout au long de l’histoire depuis l’époque de Jésus est contestée par A. G. Daniells qui rejette l’idée d’évêques nommés et va dans le sens de prophètes itinérants jouant le rôle de messagers divins. Quelques observations doivent être faites concernant sa position au sujet de l’existence du don de prophétie après l’époque du Nouveau Testament. Dans les chapitres 17 à 19, Daniells fait une description historique du christianisme post-apostolique, affirmant que le don de prophétie fut méprisé par les autorités ecclésiastiques principales car la vérité était la prérogative de la hiérarchie et «de théologiens infaillibles des Écritures ; c’était la seule source grâce à laquelle une lumière nouvelle pouvait entrer dans l’Église 799A. G. Daniells, The Abiding Gift of Prophecy (Boise, Idaho : Pacific Press, 2011), pp. 122, 127.». Cela est conforme à notre analyse des sources anciennes. Étant donné cette réserve, la première phase de la succession apostolique (IIe siècle) était liée à l’interprétation christologique des Écritures relevant d’un choix herméneutique que Daniells semble approuver.DDP 252.3

    L’une des faiblesses 800Un autre concept lié à sa position concernant ceux qui proclament l’Esprit est peut-être sa définition très large du don de prophétie dans son œuvre. Parfois, il sert à prédire l’avenir, mais la plupart des exemples qu’il donne dans cette partie historique (chapitres 17 à 19) sont ceux de prédicateurs itinérants faisant parfois des miracles. Cette définition imprécise va dans le sens du Nouveau Testament. Le problème n’est pas la définition en elle-même, mais la façon dont Daniells l’applique aux figures historiques. En effet, il va bien plus loin que l’Écriture. Il n’est pas nécessaire d’avoir une ligne de succession de ceux qui avaient le don de prophétie pour avoir la vérité, car la source de la vérité se trouve dans les Écritures. C’est exactement ce que Daniells, et plus tard L. E. Froom, essayèrent de défendre en utilisant cette définition très large d’un prophète. Cependant, contestent-ils une version modifiée de la succession apostolique ? de la position de Daniells est qu’il approuve trop rapidement toute figure chrétienne en conflit avec Rome. Puisque certaines personnes affirmaient avoir l’Esprit, «ceci était la preuve que l’Église chrétienne du deuxième siècle [et donc par la suite aussi] possédait toujours les dons spirituels tels qu’ils avaient été accordés aux apôtres et aux convertis du Ier siècle 801Daniells, p. 120.». Bien que Paul recommande à sa congrégation de ne pas éteindre l’Esprit (1 Thessaloniciens 5.20), les faux prophètes qui allaient d’Église en Église devaient être dénoncés. Contrairement à la réaction de Cyprien concernant la «prophétesse», Daniells n’était pas favorable à l’idée d’écarter rapidement ceux qui affirmaient être prophètes. Voici ce qu’il déclare au sujet de Novatien 802Le novatianisme est un mouvement initié par Novatien, un prêtre romain qui, vers 251 ap. J.-C., s’opposa à l’élection de Corneille comme nouveau évêque de Rome pour la raison qu’il acceptait les lapsi, ceux qui avaient renié le christianisme durant les persécutions et accompli des rituels païens. Bien que considérés comme des hérétiques par l’évêque de Rome, ils pensaient être kataroi, c’est-à-dire purs.. :DDP 253.1

    «Novatien eut le courage de prendre du recul par rapport à l’Église chrétienne établie. La crise se poursuivait et des milliers de personnes prirent position pour ces réformateurs. Il était réellement guidé par Dieu. Il fit preuve de loyauté et de courage vis-à-vis des enseignements du Christ et des apôtres qui avaient fait en sorte que le don de prophétie puisse continuer à se manifester. Il est important de se rappeler que d’autres Novatiens se succédèrent sous différents noms jusqu’à la Réforme du XVIe siècle 803Daniells, pp. 131, 132. Le résumé officiel des croyants de l’Église adventiste du septième jour déclare, dans la partie sur les dons spirituels : «Nous ne bénéficions d’aucun récit complet de ce qui se passa tout au long de l’ère chrétienne.» (Seventh-day Adventists Believe, p. 260) Est-ce conforme aux efforts de Daniells mentionnés dans Abiding Gift pour définir une succession de prophètes tout au long de l’ère chrétienne ? Le travail de Daniells n’est pas mentionné dans cet ouvrage.DDP 253.2

    De la même façon, Daniells affirme que le montanisme, le donatisme et l’Église évangélique vaudoise 804Nous ne savons pas grand-chose sur les montanistes, les partisans de Montanus de Phrygie, mais ils étaient connus pour leur position selon laquelle le don de prophétie était très actif. Ils avaient deux prophétesses. Puisque Tertullien leur était favorable et défendait une éthique rigoriste, on suppose qu’ils partageaient ses positions strictes. Nous ne savons quasiment rien de leurs doctrines, alors il est plus facile de dire qu’ils s’étaient éloignés de l’Église plutôt que de dire qu’ils étaient hérétiques, sauf qu’ils semblaient affirmer qu’il existait une source de vérité différente que celle défendue par Irénée. Nous en savons davantage sur Novatien et ses enseignements car nous disposons de ses écrits. Ils ne contiennent pas de doctrines qui feraient de lui un hérétique de son temps. Son éloignement semble davantage lié aux personnes en place plus qu’aux croyances. Les donatistes, qui s’éloignèrent de l’Église en raison de la nomination de Cyprien, évêque de Carthage, au cours de la persécution dioclétienne de la première décennie du IVe siècle, n’avaient pas de différence doctrinale avec les catholiques. Même quand Augustin les invita à entrer de nouveau dans l’Église universelle, environ un siècle plus tard, il n’évoqua pas de changement doctrinal qui serait éventuellement nécessaire pour cela. Concernant l’Église évangélique vaudoise, il est raisonnable de penser qu’il y eut, au fil des siècles, différents groupes indépendants résidant dans les régions montagneuses difficilement gérables du nord de l’Italie. Mais il n’est pas certain que ces groupes soient liés à l’Église évangélique vaudoise plus récente. Que l’Église actuelle tire son origine du mouvement de Pierre Valdès datant du XIIe siècle ou non, on peut penser qu’il existe une certaine continuité depuis le XVIIe siècle. Une question se pose cependant, concernant l’historiographie de ces groupes : Est-il raisonnable de s’efforcer de trouver une succession continue de gens ayant la vérité pour combattre l’idée d’une succession apostolique d’évêques s’étant éloignés de la vérité? Où la vérité réside-t-elle? Dans l’Église ou dans la Parole de Dieu révélée ? Ces tentatives échouent, car les groupes identifiés n’avaient pas de différends doctrinaux majeurs avec l’Église établie. avaient tous le don de l’Esprit car ils prirent du recul vis-à-vis de l’Église chrétienne établie (Rome). Le danger de cette méthode consiste à créer une dichotomie très nette entre la vérité et l’erreur, entre les enseignements de ce qui devint l’Église catholique romaine (erreur) et ces mouvements para-ecclésiastiques (vérité). Les considérer comme des «mouvements» n’est pas un compliment dans le langage adventiste orthodoxe 805Rice, p. 638.. Cependant, il décrit plus tard le montanisme comme un mouvement ayant «le désir brûlant de vivre un renouveau spirituel». Les protestants, et plus tard les adventistes, étaient à la fois en accord et en désaccord avec ces mouvements. Ils connurent des hauts et des bas. Les montanistes, les novatiens et l’Église évangélique vaudoise n’avaient pas toujours raison, mais l’Église catholique romaine n’avait pas non plus toujours tort. Dans son historiographie du don de prophétie, Handbook of Seventy-day Adventist Theology, George Rice décrit cette tension. Il qualifie tout d’abord le montanisme de «premier mouvement néo-pentecôtiste de l’Église». «Le but de ses premiers partisans était de faire en sorte que l’Église retrouve sa simplicité d’origine, puisse retrouver l’exercice des charismata (dons spirituels) ainsi que l’assurance de la présence et de l’action du Paraclet, ou Saint-Esprit 806Ibid. Rice fait une description assez négative du don de prophétie dans l’histoire, alors que le travail de Daniells semble plus positif concernant l’évolution du don de prophétie depuis l’époque du Nouveau Testament jusqu’à Ellen G. White. Son livre, Seventh-day Adventists Believe, est plus neutre dans la mesure où il reconnaît qu’il peut se manifester, mais il affirme que depuis l’an 300 ap. J.-C. (arbitrairement ?) nous avons peu d’informations à ce sujet. », ce qui est honorable.DDP 254.1

    L’historique du don de prophétie de Daniells comme de Rice nous montre de quelle façon ce don spirituel est compris par l’Église adventiste du septième jour. En effet, elle s’efforce de trouver l’équilibre entre les mises en garde au sujet de l’existence de faux prophètes dans les derniers jours d’une part, et les textes bibliques concernant la promesse du don de prophétie tels que Joël 2.28,29, Actes, 1 Corinthiens 12 et Apocalypse 12.17 et 19.10 d’autre part. Ce n’est pas une tâche facile. C’est la même chose que ce que nous avons dit précédemment concernant J. N. D. Kelly et son analyse de la «règle de foi» de l’Église primitive, à savoir que la solution au mensonge est un choix herméneutique définissant des critères qui permettent d’évaluer la vérité 807Voir note 17..DDP 255.1

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