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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique

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    Le courant évangélique et le don de prophétie

    Un courant évangélique se développa dans le monde outre-Atlantique du XVIIe siècle. Ce courant américain était nourri de contributions du presbytérianisme écossais et irlandais, du puritanisme de Nouvelle-Angleterre et du piétisme continental (qui mettait l’accent sur le cœur), avec un intérêt particulier pour la conversion. Des mouvements de réveil eurent lieu depuis l’époque de Jonathan Edwards (années 1720) et jusqu’à la guerre civile américaine. Ces mouvements les plus célèbres furent appelés le Grand réveil (qui connut son apogée au cours des années 1720 et jusqu’aux années 1740) et le «Second Grand réveil» (qui connut son apogée au cours des années 1790 et jusqu’aux années 1830). Au cours de ces réveils, il y eut des débats portant notamment sur le thème de la formation du canon biblique, des sources d’autorité et de la fermeture éventuelle du canon.DDP 282.2

    Le Grand réveil

    Durant la période du Grand réveil, les partisans d’un véritable renouveau pensaient que ce mouvement précipiterait l’arrivée du royaume de Dieu, notamment dans les années 1740 882 Kidd, p. 267.. Ce mouvement était critiqué par les «Lumières anciennes» - comme les congrégationalistes et les anglicans - qui cherchaient à discréditer ces réveils religieux. En tant qu’héritiers des puritains, ils s’opposaient à la notion de réveil et ils luttaient pour préserver le canon biblique. Malgré cela, les rêves et les visions étaient très répandus 883Ibid., p. 30..DDP 282.3

    Le partisan le plus respecté et le plus ardent sur le plan intellectuel était Jonathan Edwards. Il attachait beaucoup d’importance à la conversion, ce qui indiquait un véritable changement de sensibilité théologique. Il était fermement opposé à l’idée que le canon puisse être ouvert 884Holland, p. 6.. En même temps, il défendait une approche plus ouverte du rôle du Saint-Esprit. Il admettait même l’idée que des rêves et des visions puissent être accordés par Dieu. Sarah Edwards eut une série de rêves qu’elle pensait être providentiels. La preuve en était «les effets spirituels durables». Mais Satan pouvait imiter ces charismata 885Kidd, pp. 118, 119.. Il fallait donc faire preuve d’une grande prudence pour distinguer les véritables réveils des réveils feints.DDP 283.1

    Ceux qui affirmaient avoir des visions (et non des rêves) posaient un problème à Edwards et d’autres évangéliques. On peut notamment citer le prédicateur évangélique Eleazar Wheelock, qui eut de nombreuses visions au cours de ses voyages. «Les évanouissements et les crises» étaient courants lors de rencontres au cours desquelles les participants perdaient toutes leurs forces 886Ibid., pp. 113, 107.. Tout cela était une remise en question de l’autorité du canon biblique et posait problème concernant l’authenticité de ces réveils. Edwards savait ce qui était en jeu. Il était en faveur d’une position plus modérée de la part des évangéliques.DDP 283.2

    Hugh Bryan est un exemple caractéristique de radicalisme. Il affirmait avoir des visions, mais après une série de mésaventures, il avoua s’être laissé convaincre par Satan de revendiquer une autorité prophétique 887Ibid., p. 79.. Edwards avait le sentiment que la plupart des visionnaires étaient simplement des personnes enthousiastes se laissant emporter par leurs émotions. Certains étaient même des fanatiques. Eleazar Wheelock alla jusqu’à affirmer que les dons extraordinaires du Saint-Esprit avaient pris fin aux débuts de l’Église primitive 888Ibid., p. 80.. Ainsi, parmi les évangéliques de cette période du Grand réveil, il y eut une rupture entre les modérés (comme Edwards) qui voulaient encadrer ces réveils, et les radicaux qui rejetaient tout contrôle.DDP 283.3

    Edwards essayait de promouvoir un juste milieu et de trouver une position modérée, mais George Whitefield ne se souciait pas d’être qualifié de radical. Étant la personne la plus visible de ce mouvement, il passa sa vie à sillonner la côte Est. L’historien Thomas S. Kidd déclare qu’en 1740, Whitefield était «l’homme le plus célèbre d’Amérique889Thomas S. Kidd, George Whitefield : America’s Spiritual Founding Father (New Haven, Conn. : Yale University Press, 2014), p. 1.». Whitefield était ouvert à la notion de rêves et de visions, et il affirmait avoir des rêves dans lesquels Dieu lui parlait. Ces révélations étaient de nature personnelle et concernaient son propre développement spirituel. Whitefield mettait l’accent sur la prééminence de l’Écriture et il ne considérait pas ces révélations comme une menace, même si cela posait problème concernant les limites du canon biblique. Son attitude semble être la raison pour laquelle les méthodistes américains firent preuve d’une ouverture plus grande encore aux rêves et aux visions durant le Second Grand réveil890 Pour en savoir plus sur Whitefield, voir Kidd, The Great Awakening, p. 170..DDP 284.1

    Le Second Grand réveil

    Les conditions de vie durant la Révolution furent non seulement propices à un réveil, mais aussi au développement de nouveautés théologiques au cœur même du conflit. La nouveauté la plus significative fut peut-être le rejet de la théologie calviniste. Les méthodistes et les baptistes prirent de l’importance. Il n’est donc pas surprenant que certaines traditions établies, héritées des puritains qui défendaient l’idée que le canon était fermé, aient commencé à se perdre. Le radicalisme caractéristique du Grand réveil qui avait eu lieu lors du siècle précédent fut accentué par de nouvelles vagues de réveil.DDP 284.2

    Ces réveils spirituels commencèrent à prendre de nouvelles formes, notamment avec les camp-meetings. Différentes vagues de réveil eurent lieu à partir de l’été 1800 dans le Sud-Ouest du Kentucky. Environ quarante-cinq personnes se convertirent au cours d’un camp-meeting qui dura trois jours. Les personnes présentes déclarèrent qu’il s’agissait de «l’effusion de l’Esprit la plus importante depuis la Pentecôte du Ier siècle». Cela prépara la voie pour une grande campagne qui eut lieu à Cane Ridge, dans le Kentucky, l’été suivant891Barry Hankins, The Second Great Awakening and the Transcendentalism (Westport, Conn. : Greenwood, 2004), pp. 9, 10.. Entre dix mille et vingt mille personnes participèrent à ce qui est considéré comme le camp-meeting le plus célèbre du Second Grand réveil.DDP 284.3

    Outre les camp-meetings, des campagnes menées par des évangélistes populaires comme Charles Finney (1792-1875) se multipliaient. Il encourageait ses auditeurs à accepter le salut rendu possible par la mort du Christ et à se soumettre à la volonté du Père grâce au Saint-Esprit. Après ses appels, les auditeurs s’approchaient à l’avant pour faire part de leur décision. Les conversions étaient facilitées grâce à l’action du Saint-Esprit et des méthodes soigneusement élaborées. Finney dépendait du Saint-Esprit au point que, parfois, il ne savait pas ce qu’il allait dire avant de se présenter sur la chaire 892Charles E. Hambrick-Stowe, Charles G. Finney and the Spirit of American Evangelicalism (Grand Rapids : Eerdmans, 1996), p. 35.. Ses mémoires contiennent de nombreux exemples de phrases telles que «Dieu m’a révélé.», ou «Voici comment le Saint-Esprit m’a fait cette révélation.» ou encore «... grâce à une révélation que Dieu m’a faite directement 893Voir Daniel R. Jennings, The Supernatural Occurrences of Charles Finney (Sean Multimedia, 2009), p. 9ff..» Finney encourageait les miracles et les manifestations du don de prophétie. Il ne considérait pas les révélations additionnelles comme une menace pour le canon biblique.DDP 285.1

    Comme lui, Phoebe Palmer (1807-1884), peut-être la femme la plus connue parmi les leaders de ces réveils, confirma aussi la prééminence de l’Écriture. «Mon désir le plus cher et le plus grand était d’être une chrétienne de la Bible, écrivit-elle. La Bible, la sainte Bible, est le livre par excellence. Pas Wesley, pas Fletcher, pas Finney, pas Mahan, pas Upham, pas Mme Phoebe Palmer, mais la Bible - la sainte Bible est au début, au milieu et à la fin de toute expérience chrétienne. La Bible est la règle, le fondement, le programme et le credo 894Cité chez Hankins, p. 113..» Elle croyait aussi aux miracles, aux rêves et aux révélations. Comme Finney, elle ne considérait pas que cela était une menace pour le canon biblique.DDP 285.2

    Cette ambiguïté manifeste, qui était peut-être même une contradiction, confirma l’idée de la continuité des dons spirituels, notamment avec les guérisons, les rêves et les visions. Si l’authenticité de ces positions radicales fut débattue pendant le Grand réveil, elles furent bien plus largement acceptées lors du Second Grand réveil. Les visions devinrent omniprésentes. Les limites du canon biblique qui, pour de nombreux protestants, comprenait souvent les livres apocryphes, étaient assez souples pour autoriser cette ouverture à la révélation prophétique. En réalité, de nombreuses personnes cherchèrent à combler ce vide. Les visions faisaient partie intégrante de la vie religieuse lors de ce Second Grand réveil. Même ceux qui n’avaient pas de visions, comme Finney et Palmer, affirmèrent que Dieu leur avait parlé directement lors de leur conversion. Ainsi, tout en confirmant la prééminence de l’Écriture, le Second Grand réveil fut caractérisé par une plus grande ouverture concernant les limites du canon biblique.DDP 285.3

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