Nouveautés antérieures à la guerre

Les décennies qui menèrent à la guerre civile américaine furent une période très fertile dans l’histoire religieuse de l’Amérique. L’esprit qui commença à régner lors du Second Grand réveil entraîna la formation de nouveaux mouvements et de sectes. Certains de ces mouvements se définissaient en réaction au matérialisme qui se développait et considérait l’univers comme une grande machine. D’autres réagirent de façon violente, notamment dans les années 1840 et 1850, quand une série de groupes liés aux spirites et aux abolitionnistes virent le jour. Les personnes qui en faisaient partie avaient décidé de quitter leurs Églises parce que, selon elles, elles étaient «empoisonnées en raison du soutien qu’elles apportaient à une injustice économique ou au système esclavagiste ^{895David S. Reynolds, Walt Whitman’s America: A Cultural Biography (New York: Vintage, 1996), p. 238.}».DDP 286.1

Au cours de la période qui précéda la guerre, la spiritualité était en grande partie influencée par les nombreux développements culturels de l’Amérique du milieu du XIXe siècle ^{896Ibid., p. 235.}. L’optimisme progressif qui prédominait était parfaitement incarné par le distributeur Fowler & Wells, qui rendit un grand nombre d’idées très populaires. La phrénologie devint «un système de développement personnel prenant en compte tous les aspects de l’être humain, notamment physique et spirituel ^{897Ibid., p. 236.}». Le mesmérisme, qui se fit aussi connaître grâce à Fowler & Wells, devint encore plus populaire en Amérique qu’en Europe. «À la fin des années 40, la nation regorgeait de guérisseurs adeptes du mesmérisme qui avaient recours au magnétisme, à l’électricité, à la guérison et à la voyance» évoqués dans la poésie de Walt Whitman ^898Ibid..DDP 286.2

À l’image du cirque Barnum et Bailey, la religion américaine devint de plus en plus apparentée à un spectacle. La montée des mouvements de réveil, le passage d’une culture agricole à une économie de marché et le développement de la culture imprimée de masse, firent de l’Amérique le lieu idéal pour la naissance de nouvelles religions et l’émergence de prophètes. Plusieurs mouvements nouveaux étaient fondés sur les écrits sacrés. Joseph Smith recevait des instructions de la part de Jésus dans le but de créer une nouvelle religion. Il affirmait avoir trouvé les plaques d’or qu’il traduisit pour en faire le Livre des Mormons (1830). Il y avait d’autres textes inspirés comme The Great Harmonia de Jackson Davis (1850) et Science and Health With Key to the Scriptures de Mary Baker Eddy (1875). Même un auteur laïc comme Ralph W. Emerson déclara avoir vu un «globe oculaire transparent». Il affirma être «une partie ou une particule de Dieu^{899David S. Reynolds, Waking Giant: America in the Age of Jackson (New York: HarperCollins, 2008), p. 253.}». Harriet Beecher Stowe affirma que c’était Dieu, et non elle, qui avait écrit La Case de l’oncle Tom. Ces textes étaient conformes à l’esprit de l’époque^{900Reynolds, Walt Whitman’s America, p. 257.}. L’inspiration était considérée comme un processus constant, les révélations présentes prenant le pas sur les sources inspirées antérieures, dont la Bible.DDP 286.3