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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique

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    Justification du don de prophétie, 1851-1862

    Au cours des années 1850 et au début des années 1860, les adventistes sabbatistes furent confrontés à de nouvelles difficultés concernant le don d’Ellen White. Ces controverses étaient essentiellement internes. Elles portaient sur la validité du ministère prophétique et entraînèrent la formation des premiers courants, les mouvements Messenger et « age-to-come ». Au début ces controverses étaient essentiellement personnelles, puis certaines personnes amenèrent le débat sur le plan théologique.DDP 307.5

    Le mouvement Messenger émergea en 1853 en raison d’une vision d’Ellen White concernant H. S. Case et C. P. Russell, deux pasteurs adventistes de Jackson, dans le Michigan. N’appréciant pas sa vision, ils déclarèrent que le don d’Ellen White était faux et mensonger. J. M. Stephenson et D. P. Hall, du Wisconsin, fondèrent le mouvement « age-to-come ». Les deux hommes étaient des pasteurs adventistes du premier jour qui avaient accepté le message du troisième ange et s’était joints aux sabbatistes, mais qui continuaient à mettre en avant la théorie « age-to-come », ou le millénium. Quand leurs positions furent critiquées dans les pages de la revue Review and Herald , Stephenson et Hall se joignirent au mouvement Messenger et tournèrent le dos aux sabbatistes et aux visions d’Ellen White. Stephenson et Hall finirent par renoncer à croire au sabbat et ils perdirent tous leurs partisans parmi les croyants sabbatistes .DDP 308.1

    Ces groupes dissidents commencèrent à publier leurs idées dans Messenger of Truth, le premier périodique critique vis-à-vis des sabbatistes et de leur position concernant les visions d’Ellen White . Outre les sujets qui avaient été soulevés lors de la période précédente , ces détracteurs avancèrent de nouveaux arguments réfutant la position des sabbatistes concernant Ellen White. Tout d’abord, ils les accusèrent d’avoir une autre règle de foi, en expliquant que les visions étaient contraires au principe de Sola Scriptura auquel ils affirmaient pourtant adhérer . De plus, ils déclarèrent que « le témoignage de Jésus » d’Apocalypse 12.17 n’avait rien à voir avec le don de prophétie en lien avec le peuple du reste de Dieu, comme le disaient les sabbatistes, mais qu’il s’agissait d’une référence à l’esprit du Christ en général . Troisièmement, ils les accusèrent de faire des visions un critère d’appartenance au mouvement . Et quatrièmement, ils croyaient qu’une femme ne pouvait pas exercer un ministère prophétique . Les adventistes sabbatistes durent réagir à ces nouveaux arguments et défendre de nouveau leur position concernant Ellen White. Ce faisant, leur croyance au sujet du don de prophétie devint plus solide.DDP 308.2

    Concernant l’argument de « la Bible seule ”, les adventistes sabbatistes ne dirent rien de nouveau. Cependant, ces nouvelles accusations les aidèrent à clarifier leur position au sujet du lien entre la Bible et le don de prophétie d’Ellen White. En 1851, James White publia le premier article entièrement dédié au don de prophétie. Il reprit les arguments qui avaient déjà été exposés, mais il insista sur le lien entre la Bible et les dons spirituels, et notamment le don de prophétie. Sans laisser la place au doute concernant la position des adventistes sabbatistes sur le sujet, il déclara :DDP 309.1

    « Les dons de l’Esprit doivent tous trouver leur place. La Bible est un rocher éternel. Elle est notre règle de foi et de pratique. […] Ainsi, tous les chrétiens doivent considérer la Bible comme une règle de foi parfaite, et prier avec ferveur pour que le Saint-Esprit les aide à discerner toute la vérité alors qu’ils sondent les Écritures. C’est leur devoir. Les chrétiens ne doivent pas chercher à savoir ce qu’ils doivent faire en se détournant des Écritures et en se basant uniquement sur les dons, car cette attitude serait dangereuse. Ce serait mal comprendre le rôle des dons. La Parole doit avoir la priorité, et l’Église doit la considérer comme une règle de vie, la fontaine de toute sagesse permettant de faire « de bonnes œuvres ». Mais si une partie de l’Église se détourne des vérités bibliques et devient donc faible et malade, et si le troupeau se sépare, alors il semble important que Dieu ait recours aux dons de l’Esprit pour reprendre et guérir ceux qui s’égarent. Nous devons le laisser agir . ”DDP 309.2

    Manifestement, pour James White et les sabbatistes, la Bible était la seule règle de foi et de doctrine. Les dons n’étaient jamais accordés pour être une règle de foi mais pour guider le peuple vers la Bible et ses enseignements. Ainsi, les « dons de l’Eprit » avaient pour fonction de corriger certaines choses. Ils n’étaient pas sur un pied d’égalité avec la Bible.DDP 309.3

    James White insista de nouveau sur le principe de Sola Scriptura quand il publia de nouveau cet article en 1854, après la controverse du mouvement Messenger. Dans une petite note, il expliqua que l’article était republié « afin que les lecteurs puissent comprendre par eux-mêmes quelle avait toujours été [leur] position sur ce sujet. » « La conviction que la Bible et la Bible seule est notre règle de foi et de pratique, poursuivit-il, n’est pas incompatible ave la manifestation des dons dans l’Église. Les rejeter reviendrait à rejeter les passages de la Bible qui les présente. Faisons confiance à la Bible dans son intégralité, et qu’elle soit notre règle de foi et de pratique. Donnons aux dons la place qui leur revient, et tout ira bien . »DDP 309.4

    Ellen White confirma aussi la position des sabbatistes sur le lien entre la Bible et son don de prophétie quand elle écrivit en 1851 : « Cher lecteur, je vous recommande la Parole de Dieu ; qu'elle soit la règle de votre foi et de votre vie. C'est par elle que nous serons jugés. Dans sa Parole, Dieu a promis de donner des visions dans ‘les derniers jours’ ; non comme une nouvelle règle de foi, mais pour consoler son peuple et corriger ceux qui s'éloignent des vérités bibliques . » Plus tard, quand certains croyants voulurent utiliser son don au lieu de la Bible pour trouver des conseils, elle affirma :DDP 309.5

    « De nombreuses personnes viennent nous voir, disant : Puis-je faire ceci ? Dois-je agir ainsi ? Puis-je porter ce vêtement ou cet accessoire ? Je leur réponds alors : Vous professez être des disciples du Christ. Étudiez la Bible. Lisez avec attention et dans un esprit de prière ce qui est dit au sujet de la vie de notre cher Sauveur quand il était sur la terre. Imitez-le et vous ne vous écarterez pas du chemin étroit. Nous refusons catégoriquement d’être votre conscience. Si nous vous disons ce que vous devez faire, vous exprimerez le désir que nous vous guidions au lieu d’aller à Jésus par vous-mêmes . ”DDP 310.1

    Ainsi, pour les sabbatistes, la Bible était supérieure aux dons. Les messages d’Ellen White étaient d’origine divine, mais ils ne devaient pas être mis sur un pied d’égalité avec la Bible. En même temps, de nombreux éléments bibliques permettaient de justifier l’existence du don de prophétie jusqu’à la fin des temps. Rejeter cette idée revenait à rejeter une partie du récit biblique.DDP 310.2

    Un autre point mérite d’être mentionné concernant le lien entre la Bible et Ellen White. Au cours des années 1850, les adventistes sabbatistes décidèrent d’éviter de publier le contenu des visions d’Ellen White dans la revue Review and Herald, leur publication principale . D’une part, la décision semble avoir été prise en réaction aux accusations selon lesquelles les adventistes sabbatistes avaient « une autre règle de foi ». D’autre part, James White désirait faire de cette revue un outil d’évangélisation. Il reconnaissait que l’attitude de beaucoup d’anciens millérites avait commencé à changer. Ainsi, en août 1851 il écrivit : « Désormais, la porte est ouverte quasiment en tous lieux, ce qui nous permet de proclamer la vérité. De nombreuses personnes sont prêtes à lire des publications auxquelles elles ne portaient aucun intérêt précédemment. Nous pouvons faire beaucoup pour le Seigneur qui a tout fait pour nous . ”DDP 310.3

    Par conséquent, James White décida de ne pas évoquer les visions d’Ellen White dans la Review, mais de les publier dans une revue à part, appelée Review and Herald Extra, destinée uniquement aux sabbatistes. Dans le premier numéro il expliqua : Étant donné que « de nombreuses personnes ont des préjugés à l’égard des visions, nous pensons qu’il est préférable que nous n’en parlions pas dans notre publication habituelle [Review and Herald]. Ainsi, nous publierons le compte-rendu des visions à part, au bénéfice de ceux qui pensent que Dieu peut tenir parole et accorder des visions ‘dans les derniers jours ‘ ». Étonnamment, nous n’avons pas trouvé de numéros de Review and Herald Extra. Que s’est-il passé ?DDP 310.4

    Manifestement, certaines personnes proposèrent de financer la publication de A Sketch of the Christian Experience and Views of Ellen G. White, une petite brochure contenant les premières visions d’Ellen White . Puis en 1854, un Supplement to the Christian Experience and Views of Ellen G. White fut publié .DDP 311.1

    Un an plus tard, en 1855, les témoignages d’Ellen White commencèrent aussi à être publiés dans une brochure de petit format. Les revues de 1851 et 1854 ainsi que la publication des témoignages s’avérèrent être un substitut de la Review and Herald Extra.DDP 311.2

    Même si des raisons légitimes justifiaient la décision de ne pas publier Ellen White dans la Review, cela eut malgré tout des conséquences négatives. Les responsables sabbatistes en convinrent quelques années plus tard. Tout d’abord, même s’ils croyaient au don de prophétie d’Ellen White, ils donnèrent l’impression de faire preuve de timidité. Deuxièmement, cela entraîna un déclin spirituel et une perte d’intérêt pour le don de prophétie chez certains croyants. Les responsables décidèrent qu’un changement était nécessaire. Il eut lieu lors de l’assemblée générale de 1855.DDP 311.3

    Les délégués qui se rassemblèrent à Battle Creek nommèrent un comité composé de Joseph Bates, J. H. Waggoner et M. E. Cornell. Ce comité devait « s’adresser aux saints de la part de la part de l’assemblée réunie pour parler des dons dans l’Église ». La véritable préoccupation était bien sûr le don de prophétie en particulier. Le comité agit rapidement et fit son rapport le jour même. Il est intéressant de noter qu’il n’exprima pas de regret au sujet du don de prophétie, mais qu’il fit des suggestions d’applications pratiques en lien avec ses positions concernant les visions d’Ellen White :DDP 311.4

    « Chers frères et sœurs en Christ, nous professons nous fonder sur la Parole et marcher ‘selon les voies de Dieu’, mais nous reconnaissons qu’en tant que peuple nous n’avons pas obéi aux injonctions divines et que nous n’avons pas su apprécier le glorieux privilège qui nous revient, à savoir mettre en pratique les dons que notre Maître béni nous a confiés. […] Nous pensons que ceci [les visions] vient de Dieu, mais nous confessons avoir fait preuve d’incohérence (ce qui, nous croyons, a déplu à Dieu) en affirmant les considérer comme des messages de Dieu tout en les abordant comme s’il s’agissait d’inventions humaines. Nous craignons que cela n’ait entraîné une réticence à transmettre les réprimandes du Christ (qui sont bien plus précieuses que les trésors de la terre) et un désir d’apaiser les sentiments de nos contradicteurs. La Parole et notre expérience nous ont montré que, ce faisant, nous n’avons pas honoré Dieu ni fait avancer sa cause . ”DDP 311.5

    Manifestement, la déclaration du comité était le reflet de la controverse évoquée dans Messenger, qui avait été source de division et de confusion dans les Églises et parmi les croyants. Les sabbatistes étaient prêts à adopter une autre ligne de conduite concernant les visions d’Ellen White et leur médiatisation. Cependant, ce changement ne se produisit pas immédiatement. Les adventistes sabbatistes continuèrent à faire preuve de prudence en raison des préjugés à l’égard du don d’Ellen White et de son lien avec la Bible. Il fallut attendre une autre décennie avant qu’un véritable changement s’opère dans la façon d’évoquer ses messages . La rencontre de 1855 fut un tournant.DDP 311.6

    Le lien entre la Bible et les écrits prophétiques d’Ellen White continua à être débattu au cours des années 1850. Mais les adventistes ainsi qu’Ellen White avaient toujours mis l’accent sur la prééminence de la Bible et avaient toujours fait la distinction entre le rôle de la Bible et la raison d’être des dons.DDP 312.1

    Par ailleurs, au cours de cette période, les adventistes sabbatistes avancèrent un autre argument justifiant leur position au sujet du don de prophétie, à savoir leur interprétation du texte d’Apocalypse 12.17. En effet, ils étaient en désaccord avec l’interprétation de leurs détracteurs et ils firent deux observations importantes. Premièrement, ils déclarèrent que le don de prophétie était une caractéristique fondamentale et un signe distinctif du peuple du reste de Dieu à la fin des temps. Deuxièmement, ils affirmaient que le texte d’Apocalypse 12.17 devait être interprété à la lumière de celui d’Apocalypse 19.10. Ainsi, James White écrivit : « Par l’intermédiaire de Joël, Dieu a promis de faire de grandes choses pour le reste juste avant son retour. » Il poursuivit en déclarant : « C’est le reste qui est appelé à être témoin de ces choses. C’est le reste (autrement dit l’Église du reste) qui garde les commandements de Dieu et a le témoignage de Jésus-Christ (qui est l’esprit de la prophétie), Apocalypse 19.10) . » DDP 312.2

    Dans le même esprit, B. F. Robbins déclara que, lorsque l’apôtre Jean « vit le reste mentionné dans cette prophétie [Apocalypse 12.17] ”, il révéla « ses caractéristiques distinctives afin qu’elles ne soient pas oubliées par la multitude des chrétiens qui ne le sont que de nom. » « Quelles sont les particularités de ce reste ? » demanda Robbins. « Il se distingue en gardant les commandements de Dieu » et « en ayant le témoignage de Jésus-Christ, qui est l’esprit de la prophétie . » Par la suite, cette interprétation devint l’argument principal montrant que les sabbatistes croyaient que le véritable reste de Dieu devait posséder le don de prophétie d’une part, et que le don manifesté par Ellen White confirmait qu’ils formaient ce reste d’autre part .DDP 312.3

    Une troisième question était débattue à cette époque : Le don de prophétie devait-il être un critère d’appartenance à l’Église ? Certes, les croyants sabbatistes ne s’organisèrent officiellement qu’en 1863, mais ce sujet fut abordé au milieu des années 1850, notamment en raison des controverses des mouvements Messenger et « age-to-come ». Les détracteurs soulignèrent que certaines personnes qui avaient fait partie du groupe des sabbatistes en étaient finalement sorties parce qu’elles remettaient en question les visions d’Ellen White ou n’y croyaient pas. Cependant, les adventistes sabbatistes et Ellen White nièrent avoir fait de cette croyance un critère d’appartenance.DDP 312.4

    James White s’exprima le premier en 1855. Il réfuta cette accusation et écrivit : « Certaines personnes sont déterminées à faire croire que la Review et ses dirigeants font des positions de Mme White un critère essentiel de doctrine et d’appartenance. Il est important de dire que ces personnes cherchent à nous égarer . » Il cita alors une déclaration rédigée par un groupe sabbatiste (probablement des croyants de Battle Creek) au sujet de leur position concernant les visions d’Ellen White :DDP 312.5

    « Nous affirmons connaître frère et sœur White ainsi que leurs enseignements et les actions qu’ils mènent en ces temps d’épreuve. Nous ne les avons jamais entendus dire que les visions devaient faire partie intégrante de la foi religieuse ou devaient être un critère d’appartenance. » De plus, James White souligna que toutes les croyances des sabbatistes « avaient été définies en fonction des Écritures avant même que Mme White ne prenne position à leur sujet ». Il poursuivit en affirmant que ces détracteurs étaient précisément ceux qui voulaient faire des visions un critère essentiel. Les sabbatistes désiraient enseigner la Parole de Dieu, alors qu’ils cherchaient à diviser les Églises en critiquant Ellen White et ses visions . Ainsi, les adventistes sabbatistes établirent clairement que la Bible, et non les visions, était leur règle de foi et leur critère d’appartenance à l’Église.DDP 313.1

    Les adventistes sabbatistes continuèrent à étudier le lien entre le don de prophétie et la question des critères à la fin des années 1850. Ils commencèrent à faire une distinction entre deux groupes de croyants : ceux qui acceptaient le don d’Ellen White, et ceux qui en doutaient ou hésitaient à se prononcer. Quand certaines personnes s’inquiétèrent du fait que ses visions n’étaient pas considérées comme un critère d’appartenance, James fit une déclaration légèrement différente de la précédente :DDP 313.2

    « Dire sans raison précise que les visions constituent un critère et l’appliquer à ceux qui ne savent rien à ce propos, au sujet de leur inspiration et des fruits qu’elles peuvent porter à une époque où on ne compte plus les manifestations que Satan s’efforce de faire passer pour authentiques, relèverait du pur fanatisme. D’un autre côté, le fait que ceux qui croient à ces visions refusent d’en faire un critère pour eux-mêmes est tout à fait irrationnel. […] Je crois que les visions appartiennent à l’Église et qu’elles sont un critère pour ceux qui croient à leur origine divine . » DDP 313.3

    Ainsi, James White commença à considérer les visions comme un critère, mais uniquement pour ceux qui acceptaient l’idée que le don d’Ellen White soit d’origine divine.DDP 313.4

    En 1861, Uriah Smith fit une nouvelle distinction entre la doctrine des dons spirituels et le don spécifique d’Ellen White. Il considérait que le fait d’accepter la doctrine des dons spirituels était un critère d’appartenance à l’Église, mais il mettait le don d’Ellen White à part . Ainsi, les adventistes sabbatistes évoluèrent concernant ce sujet. Mais ce qui est remarquable, c’est que les premiers responsables sabbatistes ainsi qu’Ellen White étaient désireux de faire preuve de tolérance vis-à-vis de ceux qui voulaient sincèrement découvrir la vérité au sujet du don de prophétie. Ellen White déclara :DDP 313.5

    « Il ne faut pas insister auprès de ceux qui n'ont jamais vu une personne en vision et qui ignorent l'influence des Témoignages. De telles personnes ne devraient pas être privées des privilèges et des avantages de l'Église, si par ailleurs leur vie chrétienne est correcte. […] Nous ne devons pas les repousser, mais faire preuve à leur égard de beaucoup de patience et d'amour fraternel jusqu'à ce qu'ils prennent position pour ou contre . ”DDP 314.1

    Bien sûr, les croyants étaient invités à accepter l’idée que le don d’Ellen White était authentique après y avoir réfléchi. En même temps, ceux qui ne savaient rien de ses visions mais les combattaient aveuglément et étaient cause de division devaient être exclus au nom de l’unité des croyants. Bien sûr, la qualité de la relation avec ceux qui doutaient des visions d’Ellen White dépendait de leur honnêteté et de leur sincérité . En raison de sa complexité, ce critère continua à être débattu et étudié au cours des années qui suivirent.DDP 314.2

    Les adventistes sabbatistes étaient confrontés à un autre problème, à savoir qu’Ellen White était une femme. C’est surtout après les années 1850 que cette question fut soulevée. Néanmoins, la controverse était suffisamment importante pour que les adventistes sabbatistes éprouvent le besoin de publier de nombreux articles sur le sujet.DDP 314.3

    Dès 1855, David Arnold souligna que, d’après le texte de Joël 2, le plan de Dieu consistait à répandre son souffle non seulement sur les fils, aussi sur les filles, afin que tous prophétisent. Le don de prophétie ne dépendait donc pas du sexe de son récipiendaire . S. C. Welcome rédigea également un article important sur la question du genre en 1860. Après une étude approfondie du texte d’1 Corinthiens 14.23,25 (” Que les femmes se taisent dans les églises, car il ne leur est pas permis d'y parler ; qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la loi. Si elles veulent apprendre quelque chose, qu'elles interrogent leur mari à la maison ; car il est choquant qu'une femme parle dans l'église. »), il souligna que ce passage n’avait rien à voir avec le don de prophétie mais qu’il était question de l’ordre qui devait régner dans les églises de Corinthe. Il cita ensuite un grand nombre d’exemples de prophétesses dans la Bible et conclut ainsi :DDP 314.4

    « La révélation divine nous montre que les hommes et les femmes sont identiques en Jésus-Christ, que toute distinction est abolie en lui, comme c’est le cas pour les Juifs et les Gentils, les hommes libres et les esclaves. Ainsi, la révélation nous permet de connaître d’importantes vérités et nous devons en témoigner de la même façon. […] Qu’aucun obstacle ne soit placé sur le chemin des femmes, mais qu’elles exercent le rôle que Dieu les appelle à exercer. Qu’elles ne soient pas réduites au silence par les règles de l’Église, mais qu’elles puissent louer Dieu et faire découvrir aux pécheurs l’Agneau de Dieu. N’attristons pas l’Esprit en leur imposant le silence au sein de la congrégation . »DDP 314.5

    Même si S. C. Welcome ne mentionna pas spécifiquement Ellen White, son intention était de défendre son don de prophétie en dépit du fait qu’elle était de sexe féminin.DDP 315.1

    De la même façon, D. T. Bourdeau souligna que, d’après les exemples donnés dans la Bible , les femmes avaient le droit de prendre la parole dans les assemblées et que la position des adventistes du septième jour concernant le don de prophétie et Ellen White n’était pas invalidée par le récit biblique. Il poursuivit en déclarant : « Les plus spirituels et les plus consacrés parmi nous témoignent qu’ils ont été bénis » par les visions qui ont été manifestées, et « les visions ont eu sur eux la même influence que celle de la Parole quand ils se sont convertis . » Par conséquent, les adventistes sabbatistes affirmèrent que, selon la Bible, les femmes comme les hommes avaient le droit d’exercer le don de prophétie.DDP 315.2

    Au début des années 1860, les adventistes sabbatistes avaient défini une position biblique et théologique très claire concernant le don de prophétie. Les premières controverses ne les ébranlèrent pas, mais leur donnèrent l’occasion de défendre et d’expliquer leur position vis-à-vis d’Ellen White. La nouvelle dénomination continua à confirmer sa position au cours des années qui suivirent.DDP 315.3

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