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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique

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    Réaction protestante : le principe Sola Scriptura

    La Réforme du 16 ème siècle fut avant tout une Réforme herméneutique qui donna lieu à une Réforme ecclésiastique1035 D’après Bernard Ramm, Protestant Biblical Interpretation, 3rd rev. ed. (Grand Rapids: Baker, 1970), p. 52, «il y eut une Réforme herméneutique qui précéda la Réforme ecclésiastique» (italiques dans l’original).. L’un des principes de la Réforme était donc Sola Scriptura, qui impliquait (1) la reconnaissance théorique de l’Écriture comme seule règle de foi et de pratique dans le domaine religieux, et (2) la mise en application pratique de ce principe dans l’interprétation de l’Écriture. Concernant la perspective théorique, Luther déclara clairement : «Ainsi, l’Écriture est sa propre lumière. Il est bien que l’Écriture s’interprète par elle-même1036 Martin Luther, WA/III :328, lines 10, 11 («Also ist die schrifft jr selbs ain aigen liecht. Das ist dann fein, wenn sich die schrifft selbs auBlegt...» [orthographe d’origine] ; WA 7:97, line 23 (» scriptura... sui ipsius interpres»)..» À la Diète de Worms (1521), Luther affirma qu’il n’acceptait pas «l’autorité des papes et des conciles, car ils se contredisaient». Sauf s’il était convaincu «par le principe Sola Scriptura et un véritable raisonnement», il ne changerait pas d’avis1037 Roland H. Bainton, Here I Stand: A Life ofMartin Luther (Nashville: Abingdon, 1990), p. 144..DDP 346.1

    Jean Calvin affirma de façon plus explicite : «Ceux qui sont réellement inspirés par l’Esprit se fient à l’Écriture», et «l’Écriture démontre sa propre authenticité ; ainsi, il n’est pas bien de la soumettre à des preuves et des raisonnements1038 John Calvin, Institutes of the Christian Religion 1.7.5., trans. Ford L. Battles (Philadelphia : Westminster Press, 1960), vol. 1, p. 80.». De la même façon, l’article six des trente-neuf articles de l’Église d’Angleterre (1571) dit ceci :DDP 346.2

    «Les saintes Écritures contiennent tout ce qui est nécessaire au salut. Ainsi, tout ce qui ne s’y trouve pas ou tout ce qui ne peut pas être démontré dans les Écritures n’est pas requis de quiconque et ne doit pas être considéré comme une déclaration de foi, ou un critère de salut1039«The Thirty Nine Articles, 1571, 1662», www.fordham.edu/halsall/mod.1571-39articles .asp (Nov 16, 2014).DDP 346.3

    Cependant, d’un point de vue pratique, les réformateurs magistériels n’utilisèrent pas le principe Sola Scriptura pour rejeter toutes les autres sources religieuses. Non seulement Luther accepta les premiers credos œcuméniques et beaucoup de choses venant des Pères de l’Église, mais il écrivit aussi le Petit catéchisme (1529) et le Grand catéchisme (1529). De même, Calvin écrivit ses célèbres Institutions de la religion chrétienne (1536, revues en 1559) et son propre Catéchisme (1538). Beaucoup d’autres articles de foi furent rédigés, présentant diverses croyances et nuances protestantes1040 Beaucoup se trouvent dans Philip Schaff, ed., The Creeds of Christendom : With a History and Critical Notes, 3 vols. (Grand Rapids : Baker, 1990) ; John Leith, ed., Creeds of the Churches : A Reader in Christian Doctrine From the Bible to the Present, 3rd ed. (Louisville, Ky. : John Knox Press, 1982). L’ouvrage de Jaroslav Pelikan est particulièrement intéressant, Credo : Historical and Theological Guide to Creeds and Confessions of Faith in the Christian Tradition (New Haven, Conn. : Yale University Press, 2003).. De plus, contrairement à Zwingli et Carlstadt qui rejetaient tout ce qui n’était pas confirmé par la Bible, Luther avait tendance à accepter ce que la Bible n’interdisait pas1041 Roland H. Bainton, Christendom : A Short History of Christianity and Its Impact on Western Civilization (New York : Harper & Row, 1966), p. 31.. Considérant que «tout ce qui n’est pas contre l’Écriture est conforme à l’Écriture1042 Barnas Sears, The Life of Luther ; With Special Reference to Its Earlier Periods and the Opening Scenes of the Reformation (Philadelphia: American Sunday-School Union, [1850], pp. 370, 371. », Luther conserva plusieurs éléments de la messe dans son modèle liturgique1043. Voir Luther, «The New Ecclesiastical System, 1523-4», B. J. Kidd, ed., Documents Illustrative of the Continental Reformation (Oxford: Clarendon, 1911), pp. 121-133..DDP 346.4

    Différentes tentatives furent faites pour définir le lien entre les Écritures inspirées et les déclarations et les écrits chrétiens non inspirés. Par exemple, le document intitulé «Formula of Concord, Solid Declaration» (1577) évoquait «une autorité triple1044 Robert D. Preus, Getting Into the Theology of Concord: A Study of the Book of Concord (St. Louis : Concordia, 1977), p. 22. », à savoir (1) les écrits prophétiques et apostoliques de l’Ancien et du Nouveau Testament qui sont «le seul critère ou la seule norme permettant de juger les enseignants et les doctrines» ; (2) «la véritable doctrine chrétienne» reposant sur la Parole de Dieu et résumée par les trois credos - le credo des apôtres, le credo de Nicée et le credo d’Athanase - et les articles doctrinaux ainsi que les déclarations de foi luthériennes ; et (3) «d’autres livres bons, utiles et saints, des interprétations des saintes Écritures, des articles réfutant les erreurs et des articles doctrinaux1045Concordia : The Lutheran Confessions : A Reader’s Edition of the Book of Concord, 2nd ed. (St. Louis : Concordia, 2007), pp. 508, 509.».DDP 347.1

    Luther mettait l’accent sur l’autorité inconditionnelle de l’Écriture comparée à l’autorité relative et conditionnelle des théologiens de l’Église. Les traditions de l’Église qui s’avéraient être «basées sur l’Écriture» et les credos œcuméniques avaient une autorité secondaire, «parce qu’ils étaient conformes à l’Écriture1046 Paul Althaus, The Theology of Martin Luther (Philadelphia: Fortress, 1966), pp. 6, 7.». Par conséquent, selon la perspective protestante, un credo n’est qu’une norma normata (une règle de foi secondaire) ayant seulement «une autorité ecclésiastique et donc relative dépendant de son degré de conformité avec la Bible» qui est la norma normans (la règle de foi première) 1047 Schaff, The Creeds of Christendom, vol. 1, p. 7..DDP 347.2

    Certains théologiens considèrent ce que l’on appelle le quadrilatère wesleyen comme une tentative tardive des évangéliques de remettre en question le principe protestant Sola Scriptura, attribuant à l’Écriture, à la tradition, à la raison et à l’expérience le même niveau d’autorité. Mais A. D. Thorsen souligne qu’un tétraèdre - autrement dit un objet plat ayant quatre faces triangulaires formant une pyramide - représenterait mieux la théologie de John Wesley. «L’Écriture serait le fondement de la pyramide et les trois autres faces seraient la tradition, la raison et l’expérience qui sont complémentaires mais qui ne sont pas les sources primaires de l’autorité religieuse1048 Donald A. D. Thorsen, The Wesleyan Quatrilateral: Scripture, Tradition, Reason & Experience as a Model of Evangelical Theology (Grand Rapids : Zondervan, 1990), p. 71.. Selon cette analogie, l’Écriture serait toujours le critère permettant d’évaluer la validité des autres sources.DDP 347.3

    Cependant, Alister E. McGrath affirme que «la seule branche de la Réforme qui mit en pratique le principe Sola Scriptura de façon cohérente fut la Réforme radicale, soit l’anabaptisme1049 Alister E. McGrath, Reformation Thought: An Introduction, 4th ed. (Oxford: Wiley-Blackwell, 2012), p. 101. (Sola Scriptura dans l’original).». Mais même les anabaptistes qui acceptaient les sept articles de la Confession de Schleitheim (1527) 1050 The Schleitheim Confession (1527)», Leith, ed. Creeds of the Churches, p. 282-292. ne firent pas grand-chose pour restaurer les vérités bibliques en faisant référence au principe Sola Scriptura. Ainsi, la devise «l’Église réformée, toujours réformée selon la Parole de Dieu» (ecclesia reformata, semper reformanda, secundum verbum Dei)1051 Cette devise fut utilisée dans Edward A. Dowey, «Always to Be Reformed», John C. Purdy, ed., Always Being Reformed: The Future of Church Education (Philadelphia : Geneva Press, 1985), pp. 9, 10. Pour en savoir plus sur cette devise et d’autres expressions similaires, voir Michael Bush, «Calvin and the Reformanda Sayings», Herman J. Selderhuis, ed., Calvinus sacrarum literarum interpres: Papers of the Internationl Congress on Calvin Research (Gottingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 2008), pp. 285-299. reste le but constant de ceux qui veulent poursuivre le processus de restauration qui fut initié par la Réforme protestante.DDP 348.1

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