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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique

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    De l’Amérique à «toutes les parties du monde »

    En 1863, les fondateurs de la Conférence générale définirent la mission des adventistes du septième jour comme étant «l’œuvre majeure consistant à apporter partout la lumière sur les commandements de Dieu, la foi de Jésus et les vérités découlant du message du troisième ange1273«Report of General Conference», RH, May 26, 1863, p. 205.». Pourtant, pendant plus d’une décennie les adventistes du septième jour considérèrent que cette «œuvre majeure» était nécessairement limitée sur le plan géographique. Il fallut attendre trois décennies après la grande déception pour que les choses changent. En effet, l’Église du reste envoya ses premiers missionnaires à l’étranger en 1874 seulement. Avant cela, la plupart des adventistes n’accordaient pas d’importance à la mission ; ils y avaient réfléchi, mais ils pensaient que cela n’était pas nécessaire. En 1859, Uriah Smith, le rédacteur en chef de la revue Review and Herald, avait écrit que le message du troisième ange «n’était pas proclamé dans d’autres pays», mais que «cela n’était probablement pas nécessaire» car l’Amérique «était composée de représentants de presque toutes les nations». Ainsi, la prophétie apocalyptique selon laquelle l’Évangile devait être annoncé à toutes nations, toutes tribus, tous peuples et toutes langues pouvait s’accomplir au sein même de l’Amérique du Nord. En 1867, Smith évoqua à nouveau cette question et observa avec satisfaction : «Dans quel autre pays la proclamation de la vérité pourrait-elle toucher autant de ‘peuples, nations et langues’ ? On trouve ici des représentants de toutes les parties civilisées de notre globe1274 Editorial, RH, Feb. 3, 1859, p. 87; Jan 1, 1867, p. 48.DDP 403.1

    Cependant, quelques personnes avaient déjà une vision plus globale de la mission. James White, par exemple, encourageait les membres d’Église à voir plus loin. Mais il déclara en 1870 que, parmi «ceux qui étaient prêts à [...] soutenir la cause dans notre propre pays [...] étaient incertains concernant la cause en Europe1275 James White, «Cause in Switzerland», RH, Jan. 11, 1870, p. 21. Voir J. B. Trim, «‘Illuminating the Whole Earth’ : Adventism and Foreign Mission in the Battle Creek Years », Lessons From Battle Creek, ed. Alberto Timm (à venir).».DDP 403.2

    Enfin, en octobre 1974 [15 septembre], J. N. Andrews prit le bateau pour l’Europe. Il fut le premier missionnaire adventiste à se rendre à l’étranger. Quelques semaines plus tard, Stephen Haskell écrivit dans la revue Review and Herald : «Il fallut une bonne dose de foi pour croire que cette œuvre pourrait toucher toutes nations, toutes tribus, tous peuples et toutes langues, et permettre à des milliers de personnes de différentes nationalités d’accepter le sabbat du Seigneur et d’autres vérités similaires.» Haskell reconnut qu’au début «la conception des responsables de cette mission était trop étroite », mais il ajouta qu’ils faisaient désormais «des projets plus larges et plus complets1276 S. N. Hakell, «To Nations, Tongues, and People», RH, Nov. 10, 1874, p. 157.».DDP 403.3

    Comment expliquer le fait que les responsables d’Église ainsi que les membres aient changé d’avis? Cela est certainement dû à l’action de James White ainsi qu’aux appels à l’aide de petites congrégations d’adventistes en Europe qui s’étaient formées suite à l’envoi de livres et grâce à des efforts de missionnaires non officiels. Mais le ministère prophétique d’Ellen White y fut aussi pour quelque chose.DDP 404.1

    L’une de ses premières révélations - et l’une des plus importantes - eut des implications majeures pour les missions étrangères. Elle la reçut lors d’une rencontre qui se tenait à Boston le 18 novembre 1848. Lorsqu’elle prit fin, elle dit à James, son mari : «Tu dois commencer à imprimer un petit journal et le répandre parmi le peuple. Qu’il soit petit d’abord ; à mesure que les gens le liront, ils enverront de l’argent pour l’imprimer, et il aura du succès dès le début.» Cette vision est célèbre parmi les adventistes du septième jour, car elle est à l’origine de nos publications. Mais la vision ne s’arrêtait pas là : «Il m’a été montré que de ce petit commencement des flots de lumière inonderaient le monde1277 Ellen G. White [and C. C. Crisler], Life Sketches of Ellen G. White (Mountain View, Calif. : Pacific Press, 1915), p. 125..» Il était donc implicite dans cette vision que les adventistes du septième jour avaient un avenir.DDP 404.2

    Cette première étape passée, au cours des vingt années qui suivirent l’attention d’Ellen White fut accaparée par des questions internes, et ses visions concernèrent essentiellement des questions de doctrine et d’ecclésiologie. Mais quand les sabbatistes s’organisèrent et devinrent des adventistes du septième jour, elle commença à recevoir des révélations divines mettant l’accent sur la nécessité de proclamer le message du troisième ange au-delà des frontières de l’Amérique. Au début, conformément à ce qui avait été révélé dans la vision qu’elle avait eue en 1848, Ellen White s’intéressa surtout au rôle que pouvaient jouer les publications. En décembre 1871, voici ce qu’il lui fut dit : «Les adventistes du septième jour n’ont pas l’esprit missionnaire.» Il y avait pourtant du travail pour les jeunes filles et les jeunes hommes, et Ellen White déclara : «Nos jeunes devraient se qualifier au service en se familiarisant avec d’autres langues, afin que Dieu les utilise pour communiquer sa vérité salvatrice aux habitants d’autres nations.» Ou encore : «Des jeunes femmes» devraient se consacrer à Dieu «en se préparant à se rendre utiles et en étudiant d’autres langues », afin d’être «capables de faire de la traduction». Elle conclut ainsi : «Nos publications devraient paraître dans d’autres langues afin que d’autres pays soient touchés1278 Ellen G. White, Testimonies for the Church (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1948), vol. 3, pp. 202, 204.DDP 404.3

    En 1873, il lui fut révélé que les publications adventistes devaient être traduites en plusieurs langues et envoyées à l’étranger. Elle en parla dans un article publié en janvier 1874 et dans lequel elle affirma clairement que les coûts relatifs à la mission ne devaient pas être un problème, une position qu’elle confirma souvent par la suite. Mais elle commença par évoquer en des termes très touchants le potentiel de la littérature adventiste. «Il m’a été révélé que nos publications devaient être traduites en différentes langues et envoyées dans tous les pays civilisés, à n’importe quel prix». Elle ne mentionna pas les pays «non civilisés», mais cela ne tarderait pas à changer.DDP 405.1

    «Il m’a été montré que nos publications ont déjà exercé une influence sur l’esprit des gens dans d’autres pays [...]. Il m’a également été montré que des hommes et des femmes étudiaient avec grand intérêt des journaux et des brochures traitant de la vérité présente. Ils prenaient ainsi connaissance de certaines preuves, qui leur paraissaient remarquables et nouvelles, et se mettaient à sonder les Ecritures avec un zèle renouvelé à mesure que des thèmes sur la vérité, qui leur avaient parus obscurs, se révélaient à eux [...]. Tandis qu’ils se plongeaient dans l’étude des Ecritures pour vérifier si les enseignements reçus correspondaient à la doctrine biblique, de nouvelles lumières s’imposaient à leur esprit, car des anges les entouraient pour leur inculquer les vérités contenues dans les publications reçues et lues. Je les vis tenant dans une main des journaux et des brochures, et dans l’autre la Bible, tandis que des larmes inondaient leurs visages ; ils implorèrent Dieu dans une prière humble et sincère, lui demandant de les conduire dans toute la vérité, — ce qu’il faisait déjà bien avant que cette requête fût exprimée. Lorsqu’ils reçurent la vérité dans leur cœur, et qu’ils discernèrent toute l’harmonie de ces révélations, la Bible leur apparut comme un livre nouveau, qu’ils serrèrent contre leur cœur avec reconnaissance, et toute leur attitude traduisit leur bonheur et leur joie débordante. Mais ils ne se contentèrent pas d’apprécier pour eux-mêmes les lumières reçues, ils se mirent à travailler en faveur de leurs semblables. [.] La voie se trouvait ainsi ouverte pour la réalisation d’une grande œuvre dans la diffusion de brochures et de journaux en d’autres langues1279 Ellen G. White, «The Spirit of Sacrifice : An Appeal for Men and Means to Send the Truth to Other Nations», The True Missionary, Jan. 1, 1874, p. 2.DDP 405.2

    Dans le même article elle évoqua également (pour la première fois, mais pas la dernière) la question de l’argent : «À notre époque, quelle valeur l’argent peut-il posséder quand on la compare à celle des âmes ? Chaque dollar que nous détenons doit être considéré comme appartenant au Seigneur, et non à nous, comme un don précieux que Dieu nous a confié, que nous ne devons pas gaspiller dans des acquisitions inutiles, mais que nous devons employer dans la cause divine, pour arracher à la ruine des hommes et des femmes.» Elle adressa ce reproche à ses lecteurs : «Une négligence indolente et une incrédulité criminelle nous ont empêchés, en tant que membres d’une communauté, d’accomplir l’œuvre que Dieu nous a confiée, à savoir porter la lumière à ceux qui appartiennent à d’autres nations. Nous craignons de nous lancer dans cette noble tâche et de courir des risques, de peur que les dépenses engagées ne produisent pas de résultats.» Elle déclara que la mission ne devait pas être considérée comme une entreprise comme les autres : «Des hommes investissent dans l’industrie et subissent de lourdes pertes, et on ne voit là rien d’anormal. Mais quand il s’agit de l’œuvre de Dieu, on craint de courir des risques. Il semble à vues humaines que lorsqu’il est employé pour le salut des âmes, l’argent dépensé est une perte sèche s’il ne se traduit pas par des résultats immédiats.» Ellen White regrettait que l’argent soit «conservé par égoïsme» et «si parcimonieusement investi dans la cause de Dieu1280Ibid.DDP 405.3

    En janvier 1875, moins de trois mois après le départ d’Andrews, Dieu révéla à Ellen White de façon très claire que beaucoup d’adventistes allaient être appelés à quitter l’Amérique du Nord pour se rendre à l’étranger. Lors d’une vision, elle vit le monde rempli «de ténèbres, comme un drap mortuaire », puis elle le vit se transformer. Elle s’exclama alors : «De la lumière, un peu de lumière, plus de lumière, beaucoup de lumière !» Aussitôt après cette vision elle expliqua à ceux qui étaient présents que toutes les minuscules lumières qu’elle avaient vues et qui faisaient le tour du globe représentaient les nombreux adventistes «faisant fonctionner des presses dans d’autres pays, imprimant le message dans de nombreuses langues». Ce message s’était ensuite «répandu comme les feuilles à l’automne1281Arthur White, «The Vision of January 3, 1875», Ellen G. White Estate, Notes and Papers Concerning Ellen G. White and the Spirit of Prophecy (Washington D.C.: General Conference of Seventh-day Adventists, 1957), citations pp. 143, 144.». La vision indiquait que les publications mais aussi les maisons d’édition (et donc les adventistes du septième jour) iraient dans le monde entier.DDP 406.1

    En effet, il est important de souligner qu’Ellen White n’imagina jamais que les publications envoyées en Europe pourraient remplacer le témoignage verbal de personnes parlant de Jésus et des prophéties. Elle considérait que la littérature n’était qu’un moyen permettant de préparer le champ pour l’arrivée de missionnaires. Ceux-ci pourraient effectuer un travail qu’il serait impossible de mener à bien en se contentant d’envoyer de la littérature. Dans un témoignage donné en 1871, Ellen White précisa : «Nous pouvons accomplir de grandes choses avec les publications, mais nous pouvons faire bien plus encore lorsqu’un prédicateur œuvre en parallèle. Nous avons besoin de missionnaires qui acceptent de se rendre dans d’autres pays pour prêcher la vérité de façon prudente et sérieuse.» Elle se réjouissait à l’idée que «des missionnaires se portent volontaires pour se rendre dans d’autres pays et leur apporter la vérité» et désirait que des membres d’Église soient «encouragés à le faire et soient soutenus dans cette entreprise1282Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 3, p. 204.».DDP 406.2

    En 1874, en Californie, Ellen White avait eu une autre vision concernant la mission. Lors de cette vision elle entendit et vit un ange dire ceci à une assemblée de responsables adventistes : «Vous avez une conception trop limitée de la mission que nous devons mener à bien aujourd’hui. Vous essayez de faire des projets à votre mesure. Vous devez voir plus grand. Ne mettez pas votre lumière sous un boisseau ou sous un lit, mais sur un chandelier afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Votre maison est le monde.» Elle adressa donc de paroles de reproches aux responsables qui croyaient qu’en prêchant aux personnes ayant immigré aux États-Unis, l’Église adventiste accomplirait sa mission consistant à prêcher à «toutes nations, toutes tribus, tous peuples et toutes langues». Elle poursuivit en disant que certains adventistes pensaient à tort qu’en raison du retour imminent du Christ, le temps manquait pour évangéliser le reste du monde. «Il est possible que vous ne récoltiez pas immédiatement les fruits de votre travail, mais cela ne devrait pas vous décourager. [...] Noé prêcha pendant cent-vingt ans avant le déluge ; pourtant, parmi la multitude d’habitants de la terre, seuls huit furent sauvés1283 Ellen G. White, Life Sketches, p. 208.. »DDP 407.1

    La vision d’Ellen White se conclut ainsi : «Les implications très claires [...] du quatrième commandement doivent être présentées sans ambiguïté. [...] Notre message doit être proclamé avec force dans toutes les parties du monde, dans l’Oregon, en Europe, en Australie, dans les îles, à toutes nations, toutes langues et tous peuples. [...] De nombreux pays aspirent à recevoir la lumière que le Seigneur désire leur envoyer1284Ibid., p. 209..» Ces déclarations très claires signifiaient qu’il n’était plus question de réfuter l’importance de mener des actions d’évangélisation dans les pays étrangers. Mais certaines réticences personnelles perdurèrent jusqu’au 20 ème siècle.DDP 407.2

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