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Don De Prophétie: Une Réflexion Biblique Et Historique

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    Allusions théologiques

    Les parallèles entre les prophètes d’Israël et la littérature du Proche-Orient ne se réduisent pas à de simples expressions ou images, mais concernent également des thèmes théologiques majeurs comme le Jour du Seigneur, la fin du mal, la résurrection, l’espérance messianique, la fin de la mort et le banquet eschatologique.DDP 153.1

    Le Jour du Seigneur

    L’idée qu’un jour Dieu jugera les nations, mettra fin au mal et inaugurera une nouvelle ère de paix et de prospérité se retrouve environ deux cents fois dans les textes des prophètes 408D’après Richard H. Hiers, «Day of the Lord », David Noel Freedman, ed., Anchor Bible Dictionary (New York : Doubleday, 1992), vol. 2, p. 38.. Amos, le premier prophète à mentionner cette idée, décrit le Jour du Seigneur comme un jour de jugement pour le peuple de Dieu (Amos 5.1820 ; voir Exode 32.34). Certains prophètes insistent sur le fait que le Jour du Seigneur sera un châtiment contre les nations (par exemple Ésaïe 13.6-13 ; 24.21 ; Jérémie 25.33 ; Abdias 15,16), alors que d’autres considèrent ce jour comme un nouvel exode (par exemple Joël 2.20) 409Voir Duane A. Garrett, Hosea, Joel, The New American Commentary, vol. 19A (Nashville : Broadman & Holman, 1997), p. 370 ; Richard D. Patterson, «Wonders in the Heavens and on the Earth : Apocalyptic Imagery in the Old Testament», Journal of the Evangelical Theological Society 43, n° 3 (2000), p. 390; William J. Dumbrell, The Faith of Israel : A Theological Survey of the Old Testament, 2nd ed. (Grand Rapids : Baker Academic, 2002), p. 123. ou un jour où Dieu redonnera la prospérité à son peuple et inaugurera une ère de bonheur et de bénédictions abondantes dans son royaume (Ésaïe 2.2-4 ; 29.18,19 ; 11.10; Michée 4.6,7). Au sujet de l’origine du Jour du Seigneur, les théologiens proposent différentes explications comme la théophanie, la promulgation de traités contenant des malédictions, des intronisations, des guerres saintes ou diverses associations de ces événements 410J. D. Barker, «Day of the Lord», Mark J. Boda and Gordon J. McConville, eds., Dictionary of the Old Testament: Prophets (Downers Grove, Ill. : IVP Academic, InterVarsity Press, 2012), pp. 134-136.. En dépit de certaines tentatives, aucun consensus n’a été trouvé. Ainsi, la question de l’origine de cette expression n’est pas réglée.DDP 153.2

    Pourtant, nous pouvons nous intéresser à certains textes non bibliques dans lesquels apparaît un thème similaire. Un certain nombre de textes sumériens, hittites, égyptiens et sémitiques de divers lieux et de diverses époques développent l’idée qu’un grand roi ou souverain pourrait entreprendre avec succès une campagne militaire ou une guerre de conquête en une seule journée 411Voir Douglas Stuart, «The Sovereign’s Day of Conquest», Bulletin of the American Schools of Oriental Research 221 (1976), pp. 159-164.. Une telle action militaire résulterait en un expansionnisme territorial, mais pourrait aussi impliquer une vengeance contre les nations ennemies 412Voir ibid. Quelques références peuvent suffire à montrer que cette idée était présente dans la littérature non biblique.DDP 153.3

    Dans l’autobiographie d’Idrimi (XVe siècle av. J.-C.), le roi d’Alalakj affirme : «En un jour, comme un seul homme Niya, Amae, Mukis et Alalah, ma ville, se sont tournés vers moi. Mes alliés ont entendu et se sont présentés à moi. Quand ils ont établi un traité avec moi, je les ai considérés comme mes alliés 413.» Un texte hittite connu sous le titre «Les actions de Suppiluliuma» (XIVe siècle av. J.-C.) dit ceci : «Il avait fait un siège de sept jours. Le huitième jour, il a combattu pendant une journée et il [l’a pris?] lors d’une terrible bataille le huitième jour, en [un] jour 414Ibid, p. 190.» Dans une lettre adressée au Pharaon à Amarna, Rib-Hadda, roi Byblos demande ceci : «Envoyez les archers du roi et le pays entier sera pris en un jour 415 William L. Moran, The Amarna Letters, English-language ed. (Baltimore: John Hopkins University Press, 1992) , EA 132..» Sur une stèle, on lit cette inscription de Séti Ier (environ 1318-1301 av. J.-C.) concernant sa lutte contre une coalition de princes asiatiques : «Quand une journée fut passée, ils furent renversés pour la gloire de sa majesté, le roi de la haute et de la basse Égypte : Men-maat-Re ; le fils de Re ; Séti Mer-ne-Ptah 416 James Bennett Pritchard, ed., The Ancient Near East an Anthology of Texts and Pictures, 3rd ed. With supplement (Princeton, N.J. : Princeton University Press, 1969), pp. 253, 254..» Sur la Stèle de Mesha (environ 830 av. J.-C.), le roi Mesha se vante ainsi : «Et Kemoch me dit : Pars, prends Nebo à Israël ! Je suis parti dans la nuit et j’ai combattu de l’aube jusqu’à midi et je l’ai pris. J’ai tué toute la population 417CS, vol. 2, p. 138..» L’inscription de Kuntillet ‘Ajrud 18 fait référence à la disparition des montagnes et des sommets et se termine ainsi : «Pour celui qui est béni du Seigneur, le jour de la bataille au nom de Dieu, le jour de la bataille 418 F. W. Dobbs-Allsopp, J. J. M. Robert, C. L. Seow et R. E. Whitaker, eds., Hebrew Inscriptions : Texts From the Biblical Period With Concordance (New Haven, Conn. : Yale Press, 2005), p. 234 (KAjr 15 [Plaster], lines 5, 6).. »DDP 154.1

    En dépit de certaines similarités, certaines différentes essentielles émergent. Tout d’abord, dans les écrits des prophètes, le Jour du Seigneur évoque l’intervention de Dieu dans l’histoire, alors que dans la littérature proche- orientale, le jour est associé aux exploits d’un roi humain. Deuxièmement, les prophètes se concentrent sur l’imminence du Jour du Seigneur, alors que les textes non bibliques ont tendance à insister sur la durée de cette journée en affirmant que le roi pourrait écraser ses ennemis en un jour. Troisièmement, les prophètes évoquent cette idée grâce à des oracles prophétiques annonçant un événement futur, alors que les textes non bibliques utilisent différents genres, à savoir des textes mythologiques ou des textes de propagande royale évoquant un événement passé. Il n’en demeure pas moins que l’on y retrouve un concept similaire à celui des textes prophétiques. Cela a pu servir de cadre pour la proclamation du message prophétique concernant le Jour du Seigneur. Les rois du Proche-Orient ancien se vantaient d’avoir remporté des victoires sur leurs ennemis en une journée, alors que les prophètes annonçaient que Dieu lui- même interviendrait dans l’histoire pour vaincre le mal et établir son royaume éternel «le Jour du Seigneur».DDP 154.2

    La fin du mal

    Les prophètes donnent généralement une image idyllique du paradis retrouvé où le mal ne régnera plus et où les êtres humains vivront en paix les uns avec les autres et en harmonie avec la nature. Ésaïe nous propose cette description :DDP 155.1

    Le loup séjournera avec le mouton, la panthère se couchera avec le chevreau ; le taurillon, le jeune lion et les bêtes grasses seront ensemble, et un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront un même pâturage, leurs petits une même couche ; le lion, comme le bœuf, mangera de la paille. Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, et l’enfant sevré mettra sa main dans le trou de l’aspic. Il ne se fera aucun mal, il n’y aura aucune destruction, dans toute ma montagne sacrée ; car la connaissance du Seigneur remplira la terre comme les eaux recouvrent la mer. (Ésaïe 11.6-9. ; voir Ésaïe 2.4 ; 65.25 ;DDP 155.2

    Ézéchiel 34.25 ; Osée 2.18)DDP 155.3

    Il est intéressant de noter que le mythe sumérien d’Enki et Ninhursag décrit une situation dans laquelle «le lion ne tue pas» et «le loup n’arrache pas l’agneau 419Pritchard, p. 38, lignes 15, 16.». Un autre texte sumérien, «Emmerkar et le Seigneur d’Aratta» exprime une idée similaire :DDP 155.4

    «Un jour il n’y aura plus de serpent ni de scorpion,
    Il n’y aura plus de hyène ni de lion,
    Il n’y aura plus de chien (sauvage) ni de loup ;
    Ainsi, personne ne sera dans la crainte et ne tremblera de peur,
    Car l’homme n’aura plus d’ennemi.
    Ce jour-là les terres de Subur et Hamazi,
    Ainsi que Sumer, la jumelle - la grande colline De la puissance du seigneur -
    Avec Akkad - la colline qui a tout ce qui est nécessaire - Et même Martu, au milieu des verts pâturages,
    Oui, le monde entier composé de gens bien gouvernés
    Pourront parler à Enlil dans une même langue 420H. L. J. Vanstiphout et Herrold S. Cooper, Epics of Sumerian Kings : The Matter of Aratta, Writings From the Ancient World, vol. 20 (Atlanta : Society of Biblical Literature, 2003), p. 65.
    DDP 155.5

    Ces similarités montrent que les Israélites n’étaient pas les seuls à aspirer à vivre en harmonie avec la nature et leurs semblables dans la paix et en toute sécurité. Cet espoir était aussi entretenu par des poètes et des sages qui n’étaient pas israélites. Ainsi, la singularité de ce thème prophétique ne réside pas dans sa nouveauté, mais dans son lien avec le monothéisme biblique et l’histoire du salut telle qu’elle est révélée dans les Écritures. Dans les textes proche- orientaux, la notion de lieu de paix apparaît essentiellement dans les textes mythologiques qui ne précisent pas comment ni par qui ce paradis peut survenir, alors que les prophètes évoquent la notion de fin du mal et de restauration de toutes choses dans le contexte du plan de Dieu pour restaurer la création et faire en sorte qu’elle retrouve son état initial.DDP 156.1

    La résurrection

    La résurrection des morts est l’un des thèmes culminants des prophéties eschatologiques 421Voir Gerhard F Hasel, «Resurrection in the Theology of the Old Testament Apocalyptic», Journal Zeitschrift für die Alttestamentliche Wissenchaft 92, n° 2 (1980), pp. 267-284.. Bien que ce ne soit pas un sujet très présent dans l’Ancien Testament, des passages comme celui d’Ésaïe 26.19, Osée 62, Ézéchiel 37.1-14 et Daniel 12.2,13 montrent clairement que la résurrection faisait partie des messages prophétiques 422Pour une étude récente de ce thème dans l’Ancien Testament, voir Jon Paulien, «The Resurrection and the Old Testament : A Fresh Look in Light of Recent Research », Journal of the Adventist Theological Society 24, n° 1 (2013), pp. 3-24.. Même si, dans certains cas, la résurrection est synonyme de restauration nationale plutôt que de résurrection individuelle des morts, les prophètes déclarèrent que Dieu avait le pouvoir de ressusciter les morts et donc de vaincre la mort. C’est la raison pour laquelle ils pouvaient envisager la résurrection à la fois de façon nationale et individuelle. Certains récits des premiers prophètes parlent de résurrection (voir 1 Rois 17.17-24; 2 Rois 4.31-37 ; 13.20,21), mais nous devons aussi reconnaître que ce concept est également présent dans des textes non bibliques du Proche-Orient ancien et envisager ce sujet dans un contexte plus large 423Voir Tryggve N. D. Mettinger, The Riddle Resurrection : «Dying and Rising Gods» in the Ancient East, Coniectanea Biblica, vol. 50, ed. Tryggve N. D. Mettinger and Stig I. L. Norin (Stockholm : Almqvist & Wiksell International, 2001)..DDP 156.2

    Comme le montre la littérature ougaritique (1400-1200 av. J.-C.), la conviction selon laquelle le dieu Baal était mort et revenu à la vie était répandue en Canaan. D’après des textes sur Baal, celui-ci ressuscita après avoir été tué par Mot (la mort) 424 Day, «Resurrection Imagery From Baal to the Book of Daniel», pp. 125-133.. Un concept similaire existait en Mésopotamie avec la mort et la résurrection de Tammuz/Dumuzi 425Voir Mettinger, p. 213.. Dans un fragment de texte d’Ugarit, probablement adapté d’un texte original mésopotamien, une personne déclare : «Mes sœurs m’ont aspergé d’une huile précieuse (?) du pressoir. Jusqu’à ce que le Seigneur relève ma tête et me ressuscite des morts, jusqu’à ce que Marduk relève ma tête et me ressuscite des morts 426CS, vol. 1, p. 486..» Les Hittites semblent aussi avoir adopté l’idée qu’un roi pouvait ressusciter, comme l’indiquent des expressions telles que «tu m’as ramené à la vie» qui, même si elles sont figuratives, semblent évoquer une croyance dans la résurrection 427 Ernst F. Weidner, Politische Dokumente aus Kleinasien (Boghazkoi-Studien, Hildesheims : G. Olms, 1970), pp. 42, 43 (verset 28); pp. 128, 129 (verset 24), cité dans Niehaus, Kindle, loc. 1727.. De plus, ils pensaient que l’empereur devenait un dieu après sa mort. En Egypte, des idées similaires étaient développées, notamment en lien avec le dieu Osiris 428Voir E. A. Wallis Budge, Osiris and the Egyptian Religion of Resurrection (London : Philip Lee Warner, 1911), vol. 1, pp. 1-23; M. Heerma van Voss, «Osiris», Karel van der Toorn, Bob Becking, Pieter W. van der Horst, eds., Dictionary of Deities and Demons in the Bible (Leiden, Brill, 1999), p. 650..DDP 156.3

    Ainsi, lorsque les prophètes évoquaient l’espérance de la résurrection, ils n’annonçaient pas quelque chose de totalement nouveau, mais ils reprenaient un espoir ancien qu’ils plaçaient dans le cadre de la révélation de Dieu, en prenant en compte l’idée que Dieu est capable de vaincre la mort. Ce n’était pas le cas pour de nombreuses divinités décrites dans les mythes du Proche-Orient ancien. Ces divinités ne pouvaient pas être omnipotentes, puisqu’elles étaient soumises aux forces impersonnelles du cosmos 429Oswalt, p. 59.. De plus, certaines divinités pouvaient mourir et renaître en fonction du cycle de la végétation. Enfin, certains textes anciens parlent de la résurrection comme étant essentiellement le privilège des rois et des reines (peu d’éléments indiquent que des personnes ordinaires pouvaient ressusciter) 430Cependant, ces croyances peuvent être expliquées par la nature fragmentaire des preuves qui sont préservées dans les sources épigraphiques.. En revanche, les prophètes présentent la résurrection comme un espoir pour la nation (voir par exemple Ezéchiel 37) ainsi que pour les individus (voir par exemple Daniel 12.2). D’après les témoignages des prophètes, la résurrection et la vie après la mort ne sont pas réservées aux divinités et aux rois, mais c’est une espérance offerte à tous.DDP 157.1

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