Loading...
Larger font
Smaller font
Copy
Print
Contents

La Vie de Jésus-Christ

 - Contents
  • Results
  • Related
  • Featured
No results found for: "".
  • Weighted Relevancy
  • Content Sequence
  • Relevancy
  • Earliest First
  • Latest First
    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents

    Chapitre 3 — Enfance de Jésus

    L'enfance et la jeunesse de Jésus se passèrent dans le village obscur et méprisé de Nazareth. Il n'y a aucun lieu de la terre qui n'eût été grandement honoré de sa présence, même pendant une seule année; les palais des rois eussent été honorés de le recevoir comme un hôte; mais il laissa de côté les habitations de la richesse et les cours royales pour faire sa demeure dans un humble village de la montagne. Pendant près de trente ans, le Rédempteur du monde monta et descendit le sentier rapide des collines et des plateaux, des montagnes et des vallées. Il considérait avec délices les scènes de la nature, les fleurs qui embellissaient les champs, les arbres majestueux et les hautes montagnes, les rochers saillants et les collines mouvementées: tout avait un charme pour lui. Plein d'un saint ravissement, il contemplait la gloire du firmament dans l'aube matinale, dans les splendeurs du crépuscule, dans la majesté solennelle de la nuit. Il écoutait avec ravissement les joyeux chanteurs ailés, gazouillant les louanges de leur Créateur, et souvent il unissait sa voix à leurs chants d'actions de grâce. Dans cette bibliothèque de son Père céleste, animée et inanimée, il faisait une provision de connaissances. Du haut des montagnes de Nazareth, il voyait s'étendre devant lui un pays qui attendait sa venue depuis des milliers d'années et qui pourtant n'était point prêt à le recevoir. Dans les retraites paisibles des collines, et dans des bocages cachés à tous les yeux, il communiquait avec son Père, et par la méditation et la prière, il fortifiait son âme pour l'œuvre qu'il allait entreprendre.VJC 36.1

    Les courts passages que les écrivains sacrés nous donnent de l'enfance de Christ sont merveilleusement significatifs. “Cependant, l'enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse; et la grâce de Dieu était sur lui.”1Luc 2:40-52. “Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.” Pendant près de trente ans, il y eut peu de chose dans la vie de Jésus qui attira l'attention du peuple. Dès son enfance, il se conforma strictement aux lois juives. Il ne proclama point sa naissance divine et ne chercha point à se distinguer des autres. Ses amis et ses parents ne virent aucun signe spécial de sa divinité, durant toutes les années qu'il passa parmi eux. Pourtant, quoiqu'il évitât toujours les démonstrations, il était aussi ferme qu'un rocher dans son attachement à ce qui est droit.VJC 36.2

    La vie de Christ se distinguait par la simplicité et par la pureté. C'était son esprit tranquille, modeste, l'absence de vanité et d'orgueil, qui lui attiraient la faveur de Dieu et des hommes. Comme enfant, il montra une gentillesse particulière et des dispositions aimantes. Ses mains et ses pieds étaient toujours prêts à servir les autres, et on le voyait sans cesse prompt à soulager ses parents dans leur travail. Il avait une patience que rien ne pouvait troubler, une droiture de cœur qui ne sacrifiait jamais l'intégrité. Quoique toujours sérieux et prêt à se sacrifier, il était d'une amabilité et d'une bonté inaltérables. Tous les traits de son caractère étaient dans une harmonie parfaite. Quoiqu'il donnât de bonne heure les signes d'une sagesse remarquable, il fut tout à fait semblable à un enfant: toutes ses facultés intellectuelles et corporelles se développèrent graduellement et grandirent avec l'âge.VJC 37.1

    Le silence des Ecritures concernant l'enfance et la jeunesse de Jésus nous enseigne une importante leçon. Christ est notre exemple en toutes choses. Plus cette période de la vie se passe dans la tranquillité et dans l'obscurité, plus elle est d'accord avec la nature, exempte d'excitations artificielles, — et plus aussi le reste de la vie est favorable à la pureté, à la simplicité naturelle et à la vraie culture morale. Jésus ne fut pas exempt de tentations. Satan cherchait avec ardeur et persévérance à vaincre le Fils de Dieu. Satan était rempli de rage de voir qu'il y eût quelqu'un sur la terre qui fût exempt des souillures du péché, et il n'épargna aucun moyen pour le séduire et le faire tomber dans ses piéges. Mais Jésus obtint de son Père céleste la sagesse et la force de surmonter les tentations de l'auteur du péché.VJC 37.2

    Les habitants de Nazareth étaient d'une méchanceté proverbiale. C'est le peu d'estime qu'on leur accordait généralement qui poussa Nathanaël à faire cette question: “Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth?”1Jean 1:43. Ce n'est point Jésus qui avait choisi son entourage. Son Père céleste jugea convenable de le placer dans sa jeunesse dans un lieu où il serait exposé à la tentation, où son caractère serait mis à l'essai et à l'épreuve, et où il dût être constamment gardé afin de conserver sa pureté. Il devait avoir fortement à lutter afin de devenir un exemple pour les hommes dans son enfance, dans sa jeunesse et dans son âge mûr.VJC 38.1

    Jésus ne passa point sa vie dans l'abondance et dans l'oisiveté. Ses parents étaient pauvres et devaient gagner leur vie au jour le jour. Il fut accoutumé à la pauvreté, au renoncement, aux privations. Mais cette vie pénible même fut une sauvegarde dans ses jeunes années. Par ses habitudes de travail et de solitude, il ferma la porte à beaucoup de tentations et se tint éloigné de la société dont l'influence était corruptrice. C'est ainsi qu'au milieu même d'influences contraires, se développa en lui un caractère noble et droit. Ni gain, ni plaisir, ni applaudissements, ni menaces ne purent le faire consentir à un acte coupable. Il avait la sagesse de discerner le mal, et la force de résister aux tentations. Christ est le seul, parmi les enfants des hommes, qui développa jamais un caractère sans défauts; et pourtant il vécut pendant trente ans au milieu d'une population dont la méchanceté était devenue proverbiale à un tel point, qu'il paraissait impossible qu'il en pût sortir quelque chose de bon. Ce fait condamne les gens qui jettent la faute de leurs imperfections sur les circonstances ou la mauvaise fortune. Les tentations, la pauvreté, l'adversité, forment la discipline même qui est nécessaire au développement de la pureté et de la fermeté de caractère.VJC 38.2

    Par obéissance aux lois des Juifs, Joseph et Marie montaient chaque année à Jérusalem pour assister à la fête de Pâque. Lorsque Jésus eut atteint l'âge de douze ans, ses parents le prirent avec eux,1Luc 2:41-51. suivant la coutume. Avec un grand nombre de leurs compatriotes, ils se mirent en route pour la sainte ville afin de célébrer cette fête solennelle.VJC 39.1

    Pour la première fois, l'enfant Jésus vit le temple. Comme il parcourait ses parvis, il vit les sacrificateurs officiant, et, sur l'autel, la victime sanglante. Avec les adorateurs assemblés, il s'inclina et ajouta ses prières au nuage d'encens qui montait devant Dieu. Il comprenait la signification de ces rites solennels et savait qu'ils devaient trouver leur accomplissement dans son propre sacrifice pour les péchés du monde. L'intelligence humaine était incapable de concevoir quelles étaient les méditations du Fils de Dieu.VJC 39.2

    Lorsque les sept jours de la semaine furent passés, la troupe avec laquelle Joseph et Marie étaient venus de Galilée se remit en route pour le pays d'où elle était venue. Dans les préoccupations des premiers jours de voyage et tout au plaisir de revoir leurs parents et connaissances, Marie et Joseph n'observèrent point son absence; mais lorsqu'ils s'arrêtèrent pour passer la nuit, il leur manqua l'aide toujours prête de leur fils obéissant. Le supposant être dans leur troupe, ils n'avaient pas éprouvé la moindre inquiétude à son égard. Il y avait tant de droiture, tant de discrétion dans sa conduite qu'ils s'étaient implicitement confiés en lui et s'attendaient, comme d'ordinaire, à le voir tout prêt à leur aider, lorsqu'ils auraient besoin de lui, et à prévenir leurs désirs, comme il l'avait toujours fait. Mais grande fut leur anxiété lorsqu'ils ne le trouvèrent point parmi leurs amis et leurs parents. Toutes leurs recherches furent vaines; ils ne purent trouver aucune trace de leur fils bien-aimé. Le cœur rempli de sombres pressentiments, ils reprennent la route fatigante qui conduit à Jérusalem. Ils se rappellent en frissonnant le massacre commandé par le cruel Hérode qui espérait faire mourir le roi d'Israël. Ils se reprochent amèrement leur négligence de cette précieuse charge que Dieu leur avait commise.VJC 39.3

    Pendant tout un jour ils poursuivent leurs infructueuses recherches dans la ville de Jérusalem. Ils passent ensuite une nuit sans sommeil et dans l'angoisse — une nuit de prières et de larmes. Le jour suivant, ils recommencent leurs recherches sans plus de succès. Une autre nuit approchait lorsque, en arrivant près du temple, ils voient le peuple qui s'y rendait en foule, Ils se mêlent à la foule, et comme ils allaient entrer, la voix de Jésus attire leur attention. Quoiqu'ils ne pussent pas l'apercevoir à cause de la foule, ils savaient qu'ils ne se trompaient point; aucune autre voix n'était, comme la sienne, si pleine d'une mélodie solennelle.VJC 40.1

    Se frayant un chemin à travers la foule, ils se trouvent bientôt dans un appartement du temple, usagé comme école des prophètes. C'est là qu'ils voient leur fils au milieu des principaux des Juifs, des sacrificateurs et des docteurs de la loi.VJC 40.2

    Il était respectueusement et humblement assis aux pieds de ces graves savants, leur adressant des questions comme pour savoir d'eux des renseignements concernant la venue du Messie, tandis que, dans le même moment, il leur donnait connaissance des événements qui se passaient alors et que la prophétie avait prédits, comme marquant l'avénement de celui qui devait venir.VJC 40.3

    Les sacrificateurs et les docteurs adressaient à Christ les questions les plus difficiles concernant les vérités qui étaient pour eux enveloppées de mystères. Jésus comprenait leurs questions, et, par ses réponses, données avec la simplicité d'un enfant, quoique parfaitement claires, il renversait leurs fausses théories et leurs traditions, et répandait un flot de lumière sur les grandes vérités préfigurées par des symboles et des prophéties. Tous écoutaient avec un profond intérêt, lorsqu'on s'occupa du sujet de la Pâque. Dans leur aveuglement, ils avaient presque entièrement perdu de vue la signification de la fête qu'ils venaient de célébrer avec grande pompe. Jésus savait que ces hommes n'avaient aucune idée du Messie, comme sacrifice pour les péchés du monde, et qu'ils n'étaient point prêts du tout à le recevoir tel qu'il était. Il chercha donc, par ses questions et ses suggestions, à les amener à une connaissance plus correcte de sa mission, afin que lorsque son ministère public commencerait, ils pussent être préparés à le recevoir.VJC 40.4

    Les rabbins virent avec étonnement la maturité de jugement, la sagesse, la pénétration et le raisonnement serré du jeune étranger. Ils savaient qu'il n'avait pas été instruit dans les écoles des prophètes, et pourtant, quoiqu'ils eussent consacré leur vie à l'étude, son intelligence des prophéties était bien supérieure à la leur. Ils étaient non seulement étonnés, mais charmés, et ils se sentaient pris d'affection pour lui. Ils reconnurent que ce jeune Galiléen avait des capacités extraordinaires, et ils désirèrent l'avoir pour élève, afin qu'il pût se préparer à occuper l'honorable place de docteur en Israël. Jamais ces hommes de science n'avaient entendu une explication si claire et si concluante des Écritures se rapportant à l'avénement du Messie si longtemps attendu, du vrai but de sa venue et de la nature de son royaume.VJC 41.1

    Quoi de surprenant à ce qu'ils fussent émerveillés de la sagesse solennelle de cet enfant tranquille, qui parlait si naïvement et si humblement des grandes vérités prophétiques! Quoi d'étonnant à ce qu'ils se sentissent plus émus qu'ils n'avaient pu l'être jamais par une éloquence oratoire recherchée et étudiée! Quoiqu'ils ne le discernassent pas eux-mêmes, l'enfant qui était assis à leurs pieds était le divin interprète des prophéties.VJC 41.2

    Dieu cherchait à éclairer ces chefs d'Israël. Il employait les seuls moyens par lesquels la vérité pût les frapper. Dans leur orgueil, ils n'auraient point voulu admettre qu'ils pussent recevoir de l'instruction de qui que ce fût, quelque grand et quelque sage que pût être celui qui les aurait enseignés. Ils se regardaient comme les commentateurs attitrés des prophéties. Si l'idée leur était venue que Jésus cherchait à les instruire, ils auraient dédaigné de prêter attention à ses paroles. Mais ils s'imaginaient qu'ils l'enseignaient, lorsqu'en réalité c'était eux qui étaient les auditeurs et qui recevaient de l'instruction. La modestie juvénile et la grâce de Jésus désarmaient leurs préjugés. Ils ouvraient d'une manière inconsciente leurs esprits aux témoignages des Écritures. La puissance de la vérité convainquait leur entendement. Mais ce n'est pas tout. Une puissance divine accompagnait les paroles de Christ. L'esprit de Dieu imprimait la vérité dans leurs cœurs.VJC 41.3

    Ils étaient convaincus que ce qu'ils croyaient concernant la manière et le but de la venue du Messie, n'était point d'accord avec la prophétie; mais leur conviction ne fit pas naître la foi en eux. Ils ne voulaient pas renoncer aux théories qui avaient flatté leur ambition et qui les avaient poussés à leurs orgueilleuses vanteries concernant les richesses et la gloire du roi qu'ils attendaient. Ils ne voulaient point admettre qu'ils eussent mal compris les Écritures qu'ils prétendaient enseigner. La vérité ne s'accordait point avec leurs aspirations. Les rabbins se demandaient les uns aux autres: Comment ce jeune garçon a-t-il cette grande connaissance, n'ayant jamais étudié? L'orgueil et la manie qu'ils avaient de se vanter leur firent rejeter la lumière divine.VJC 42.1

    Les parents de Jésus regardaient leur fils avec surprise. En le voyant sain et sauf, ils étaient remplis de joie, et se trouvaient grandement flattés de l'honneur qu'on lui témoignait. Mais Marie ne pouvait oublier le chagrin et l'anxiété qu'elle avait éprouvés à son égard, et lorsqu'elle apprit qu'il n'avait point été retenu contre sa volonté, et qu'il s'était absorbé dans l'entretien qu'il avait avec les dignitaires d'Israël au point d'oublier, pensait-elle, ses devoirs envers ses parents, elle lui dit d'un ton moitié réprobateur: “Mon enfant, pourquoi as-tu ainsi agi avec nous? Voici ton père et moi qui te cherchions, étant fort en peine.” Jésus répondit avec douceur: “Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être occupé aux affaires de mon Père?”VJC 42.2

    Il y avait dans ces paroles prononcées innocemment et ingénument un reproche indirect à ses parents. Il leur rappelle modestement que s'ils avaient été soucieux de leur devoir, ils n'auraient pas eu l'ennui de chercher après lui. Mais tandis qu'ils négligeaient le devoir que son Père leur avait spécialement confié, à savoir de veiller sur lui, il était occupé des choses pour l'accomplissement desquelles il descendait spécialement du ciel.VJC 42.3

    Joseph et Marie avaient été tout spécialement honorés de Dieu en ce que la charge de son Fils leur avait été confiée. Des anges avaient annoncé sa naissance aux bergers de Bethléhem, et des mages d'Orient étaient venus lui rendre honneur. Dieu avait donné des directions à Joseph, afin de préserver la vie de l'enfant Jésus. Mais les parents de Christ, à leur retour de Jérusalem avec la foule, s'étaient tellement oubliés à causer et à rendre visite à leurs amis, qu'ils avaient négligé celui qui leur avait été divinement confié. Eux qui n'auraient pas dû l'oublier un seul moment, ils furent tout un jour sans penser à lui. Lorsqu'ils furent délivrés de leurs craintes en trouvant Jésus, ils ne sentirent, ni ne reconnurent qu'ils avaient négligé leur devoir, mais jetèrent le blâme sur lui. Jésus le rejeta doucement, mais fermement sur eux-mêmes.VJC 43.1

    C'est ici que Jésus fit connaître pour la première fois la vraie relation qui existait entre lui et Dieu. Les paroles qu'il adresse à Marie montrent que, même dans son enfance, il n'ignora point la mission qu'il était venu remplir sur la terre. Quoique ses parents ne pussent alors comprendre parfaitement ces paroles, Marie en saisit dans une grande mesure l'importance. Elle savait que Jésus ne faisait point allusion à son père terrestre, mais à Jéhovah, et elle garda ces paroles dans sa mémoire afin d'y réfléchir à l'avenir; elle prit à cœur la leçon que ces paroles renfermaient et en fit son profit.VJC 43.2

    Il était si naturel pour les parents de Christ de le regarder comme leur propre enfant, ainsi que les parents regardent communément leurs enfants, qu'ils étaient en danger de perdre les précieuses bénédictions qu'ils pouvaient retirer de la présence du Rédempteur du monde. Comme il était journellement avec eux et que sa vie, à bien des égards, était comme celle des autres enfants, il leur était difficile de se rappeler constamment sa mission sacrée et la bénédiction quotidienne dont ils jouissaient d'avoir à leur charge et sous leurs soins paternels le Fils de Dieu, dont la divinité était voilée par son humanité. En s'attardant à Jérusalem, Jésus voulait leur rappeler avec douceur leur devoir, de crainte qu'ils ne devinssent encore plus indifférents et ne perdissent le sentiment profond de la faveur que Dieu leur avait accordée.VJC 43.3

    La Pâque avait été instituée afin que les Hébreux se souvinssent qu'ils avaient été tirés miraculeusement d'Egypte. Cette ordonnance avait pour but de détourner leurs esprits des intérêts de ce monde, de leur faire mettre de côté les soins et les inquiétudes des affaires temporelles, et de leur faire considérer les œuvres de Dieu. Ils devaient se rappeler ses miracles, sa miséricorde et sa tendre bonté à leur égard, de manière que son amour et son respect augmentassent dans leur cœurs. Cela devait les porter à regarder sans cesse à lui, à se confier en lui dans toutes leurs épreuves, plutôt que de se tourner vers d'autres dieux.VJC 44.1

    L'observance de la Pâque avait pour le Fils de Dieu un intérêt douloureux. Il voyait dans l'agneau immolé un symbole de sa propre mort. On avait appris à ceux qui célébraient cette ordonnance à associer le sacrifice de l'agneau avec la mort future de Christ. Le sang qui devait marquer le linteau des portes de leurs maisons était un symbole du sang de Christ dont l'efficacité devait purifier le croyant de tout péché et le mettre à l'abri de la colère de Dieu qui doit fondre sur un monde impénitent et incrédule, comme elle tomba sur les Egyptiens. Mais les hommes ne pouvaient profiter du sacrifice de Christ, à moins d'accomplir ce que le Seigneur leur avait laissé à faire. Ils avaient eux aussi une part d'action, qui était de manifester leur foi en la provision faite pour leur salut.VJC 44.2

    Des milliers venaient de très loin pour célébrer la Pâque; et Jésus, qui connaissait ce qui se passait dans tous les cœurs, savait que lorsque la foule s'en irait de Jérusalem, les gens se rechercheraient les uns les autres pour s'entretenir ensemble, ce qui ne serait pas toujours assaisonné d'humilité et de grâce, et que le Messie et sa mission seraient presque oubliés. Il eût préféré voir ses parents retourner seuls, sachant qu'ils auraient plus de temps pour méditer sur les prophéties qui se rapportaient à ses souffrances et à sa mort prochaines. Marie devait être témoin des événements douloureux qui devaient accompagner le sacrifice de sa vie pour les péchés du monde, et Jésus eût désiré qu'ils ne fussent point imprévus pour sa mère. Au retour de Jérusalem, après la Pâque, il fut séparé d'eux et ils le cherchèrent trois jours, étant en grande peine. Lorsqu'il devait être crucifié pour les péchés du monde, ils devaient en être séparés et devaient le perdre pour trois jours. Mais après cela, il devait se révéler à eux, et leur foi s'attacherait à lui, comme au Rédempteur de la race humaine, comme à celui qui plaiderait pour eux auprès du Père.VJC 44.3

    Il y a ici une instructive leçon pour tous les disciples de Christ. Il ne veut pas qu'aucune de ces leçons soit perdue; elles ont été rapportées pour le bien des générations futures. Pour un jour de négligence, Joseph et Marie perdirent la compagnie de Jésus; mais cela leur coûta trois jours de pénibles recherches. Il en est de même des chrétiens: s'ils deviennent insouciants, s'ils négligent de veiller et de prier, ils peuvent, en un jour, perdre Christ et cela peut coûter bien des jours de recherches pénibles pour le trouver et recouvrer cette paix du cœur que l'on avait perdue dans de vaines causeries, dans la plaisanterie, dans la médisance et la négligence de la prière.VJC 45.1

    Lorsque les chrétiens se réunissent, ils doivent prendre garde à leurs paroles et à leurs actions, de crainte d'oublier Jésus et de continuer leur chemin sans prendre garde qu'il n'est point au milieu d'eux.VJC 45.2

    Lorsque les hommes sont insouciants de la présence du Sauveur, et que, dans leur conversation, ils ne parlent jamais de Celui qu'ils professent de regarder comme le centre de leurs espérances pour la vie éternelle, Jésus évite leur société, ainsi que les anges, qui exécutent ses commandements. Ces êtres purs et saints ne peuvent demeurer où la présence de Jésus n'est point désirée ou encouragée, et où son absence n'est point remarquée. Ils ne sont point attirés vers les foules dont les esprits sont détournés des choses du ciel. C'est pour cette raison que de grands chagrins, que la douleur et le découragement existent parmi ceux qui professent d'être les disciples de Christ. En négligeant la méditation, les veilles et la prière, ils perdent tout ce qu'il y a de plus précieux. Les divins rayons de lumière qui émanent de Jésus ne les; pénètrent pas de cette joie sainte qui accompagne leur influence. Ils sont enveloppés de tristesse parce que leur esprit négligent et irrévérencieux a éloigné Jésus de leur société ainsi que le secours des saints anges.VJC 45.3

    Il en est beaucoup qui assistent à des services religieux, qui sont instruits par les serviteurs de Dieu, qui reçoivent des instructions des ministres de Dieu, qui se sentent grandement fortifiés et bénis, et qui pourtant — parce qu'ils ne sentent pas la nécessité de veiller et de prier en retournant chez eux — rentrent dans leurs maisons sans être meilleurs que lorsqu'ils en sont sortis. Sentant ce qui leur manque, ils sont souvent enclins à se plaindre des autres ou à murmurer contre Dieu, mais ils ne se reprochent pas d'être la cause de leur propre chagrin et du malaise de leurs esprits. Ils ne devraient point penser aux autres. La faute est en eux-mêmes. Ils causent, plaisantent et passent leur temps en entretiens frivoles jusqu'à ce qu'ils aient éloigné leur hôte céleste; ils ne peuvent en blâmer qu'euxmêmes. Chacun a le privilége de retenir Jésus auprès de soi. Ceux qui le font, doivent avoir des paroles choisies et assaisonnées de grâce. Ils doivent habituer leurs pensées à s'occuper des choses du ciel.VJC 46.1

    De Jérusalem, Jésus descendit avec ses parents à Nazareth “et il leur était soumis”. Sa première visite au temple lui avait inspiré une nouvelle impulsion, et il était si profondément impressionné des rapports qui l'unissaient à Dieu qu'il oublia un moment tous les biens terrestres. Mais il ne méconnut point l'autorité de ses parents. A leur requête, il retourna à la maison avec eux et leur aida dans leur travail de chaque jour. Il ensevelit dans son propre cœur le secret de sa future mission, attendant avec soumission jusqu'au moment où il devait commencer son ministère public et où il annoncerait au monde qu'il était le Messie. Durant les dix-huit années qui suivirent le moment où il reconnut qu'il était le Fils de Dieu, il se soumit à ses parents et vécut de la vie simple et ordinaire d'un paysan de Galilée, travaillant avec son père de l'état de charpentier.VJC 46.2

    Malgré la mission sacrée de Jésus et ses rapports élevés avec Dieu, rapports dont il était parfaitement instruit, il ne voulut point se mettre au-dessus des devoirs pratiques de la vie. Il était le Créateur du monde; pourtant il reconnut ses obligations envers ses parents terrestres, et accomplit avec une respectueuse courtoisie ses devoirs de fils, de frère, d'ami et de citoyen. Au ciel, il avait été le chef suprême auquel les anges se soumettaient avec amour. A Nazareth, il fut un serviteur docile, un fils aimant et obéissant. Beaucoup de gens considèrent avec un intérêt spécial les miracles de notre Sauveur pendant son ministère, tandis qu'ils ne prêtent aucune attention à la piété sans exemple de sa première jeunesse. Mais le fait est qu'il fut sans défaut dans sa vie de famille; et c'est ce qui fait de lui un parfait modèle pour tous les enfants et les jeunes gens. Lorsqu'il servait ses parents dans l'humble demeure de Nazareth, il n'était pas moins le Fils de Dieu que lorsqu'il guérissait les malades ou ressuscitait les morts en la présence de la multitude.VJC 47.1

    La vie de Christ assure une éternelle bénédiction à ceux qui se soumettent joyeusement à la discipline des parents, et qui s'adonnent à une activité tant physique que mentale. Elle démontre à tous qu'une telle vie est favorable à la formation d'un bon caractère moral; qu'elle fortifie la résolution, affermit les principes, et qu'elle favorise les connaissances et le développement de l'intelligence.VJC 47.2

    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents