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La Vie de Jésus-Christ

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    Chapitre 36 — Entrée de Jésus a Jérusalem

    Au premier jour de la semaine, Jésus se remit en route du côté de Jérusalem, afin d'y célébrer la fête de Pâque.1Matthieu 21:1-11; Luc 19:29-44. Beaucoup de gens qui s'étaient rendus à Béthanie pour le voir, désireux d'être témoins de son entrée à Jérusalem, l'accompagnaient. Toute la nature semblait être en fête; les arbres étaient revêtus de verdure et de fleurs qui répandaient leur doux parfum dans les airs. Une multitude de gens étaient en route pour la ville, où ils désiraient fêter la Pâque, et ils grossissaient continuellement la foule qui accompagnait Jésus. Christ envoya deux de ses disciples pour lui amener un “âne, le poulain d'une ânesse”, afin qu'il entrât à Jérusalem sur cette monture. Il n'y avait qu'une petite distance, et comme il avait toujours préféré faire ce chemin à pied, les disciples étaient étonnés qu'il voulût s'y rendre de cette manière. Mais l'espérance remplit leurs cœurs de la pensée joyeuse que Jésus allait entrer dans la capitale pour se faire proclamer roi des Juifs et déclarer son pouvoir royal. Pendant qu'ils étaient en route, les disciples communiquèrent leurs espérances ardentes aux amis de Jésus, et l'excitation se répandit au près et au loin, de telle sorte que le peuple s'attendait aux plus grandes choses.VJC 349.1

    Jésus choisit un ânon sur lequel personne n'était encore monté. Les disciples, dans un joyeux enthousiasme, étendirent leurs vêtements sur l'ânon et firent monter leur Maître. A peine y fut-il assis, qu'un grand cri de triomphe remplit les airs et que la multitude le saluait comme le Messie, leur Roi. Jésus accepta alors un hommage dont il n'avait jamais voulu auparavant; ses disciples y virent une preuve que leurs espérances joyeuses allaient se réaliser, et qu'ils allaient voir leur Maître proclamé roi d'Israël dans Jérusalem. Tous étaient heureux et émus, et ils lui rendaient hommage à l'envi les uns des autres. Ils ne pouvaient faire un grand déploiement de pompe et de splendeur, mais ils lui rendaient l'adoration des cœurs heureux. Ils ne pouvaient lui offrir des dons précieux, mais ils étendaient leurs vêtements de dessus comme un tapis sur son passage, et ils répandaient des branches et des feuilles d'olivier et de palmier sur son chemin. Ils ne pouvaient conduire la procession triomphale avec des étendards royaux, mais ils coupaient des branches de palmier, emblêmes de la victoire, et les agitaient au-dessus d'eux en poussant des acclamations et des hosanna qui remplissaient les airs.VJC 349.2

    A mesure qu'ils avançaient, la multitude de ceux qui avaient entendu parler de l'arrivée de Jésus, se hâtaient de rejoindre la procession qui s'accroissait continuellement. Les spectateurs qui se mêlaient constamment à la foule demandaient: Qui est celui-ci? Que signifie tout ce mouvement? Tous avaient entendu parler de Jésus, et s'attendaient à le voir à Jérusalem; mais ils savaient que jusque-là il avait toujours refusé de recevoir les honneurs royaux, et ils étaient fort étonnés d'apprendre que c'était lui. Ils se demandaient ce qui avait pu opérer ce changement en Jésus, qui avait déclaré que son royaume n'était point de ce monde.VJC 350.1

    Pendant que, surpris, ils s'informent autour d'eux, la foule empressée couvre leurs voix de longs cris de triomphe que répercutent et réitèrent les échos des collines et des vallées d'alentour. Puis la procession est rejointe par une foule de gens qui, ayant entendu parler de cette démonstration, sortent de Jérusalem à la rencontre du Sauveur pour l'emmener dans la ville. Parmi la grande assemblée d'Hébreux venus pour célébrer la Pâque, des milliers viennent accueillir Jésus dans leur ville. Ils le saluent en agitant des branches de palmier, et en faisant éclater des chants sacrés. Les sacrificateurs dans le temple sonnent la trompette pour le service du soir; mais il en est peu qui répondent à leur avertissement, et les principaux alarmés se disent les uns aux autres: “Tout le monde va après lui.”1Jean 12:19.VJC 350.2

    Jusqu'à ce moment-là de sa vie terrestre, le Sauveur avait refusé de recevoir tout honneur royal et avait résolûment découragé toute tentative de l'élever au trône. Mais c'est avec intention que Jésus voulut alors attirer l'attention publique sur le Rédempteur du monde. Il approchait du moment où sa vie devait être offerte en rançon pour l'homme coupable. Quoiqu'il dût bientôt être trahi et suspendu à la croix comme un malfaiteur, il voulait pourtant entrer à Jérusalem, le lieu de son prochain sacrifice, accompagné des démonstrations de joie et d'honneur appartenant à la royauté, afin de préfigurer faiblement la gloire de sa venue du ciel comme roi de Sion.VJC 351.1

    Le but de Jésus était d'attirer l'attention sur le sacrifice qui devait couronner sa mission dans un monde déchu. Ils étaient assemblés à Jérusalem pour célébrer la Pâque, tandis que lui, l'Agneau antitype, par un acte volontaire, se mettrait lui-même à part comme une oblation. Jésus comprenait qu'il était nécessaire que l'Eglise, dans les âges futurs, fît de sa mort pour les péchés du monde, le sujet sérieux de ses pensées et de son étude. Chaque fait s'y rapportant devait être parfaitement vérifié et ne laisser aucun doute. Il était donc nécessaire que les yeux du peuple fussent dirigés sur lui; il fallait que les démonstrations qui précéderaient son grand sacrifice fussent telles qu'elles appelassent sur lui l'attention de chacun. Après une démonstration telle que celle dont on fut témoin à son entrée à Jérusalem, tous les yeux devaient suivre son rapide progrès jusqu'à son sacrifice final.VJC 351.2

    Les événements frappants qui se rattachent à cette entrée triomphale devaient courir de bouche en bouche et rappeler Jésus à tous les esprits. Après sa crucifixion, ces événements seraient rattachés à ses souffrances et à sa mort; on étudierait les prophéties, qui révéleraient le fait qu'il était certainement le Messie; et les convertis à la foi de Jésus seraient multipliés dans tous les pays. Dans cette scène triomphante de sa vie terrestre, le Sauveur aurait pu apparaître escorté par les anges du ciel et annoncé par les trompettes de Dieu; mais il demeura fidèle à la vie d'humiliation qu'il avait acceptée, portant le fardeau de l'humanité jusqu'à ce qu'il eût donné sa vie pour la vie du monde.VJC 351.3

    Ce jour, qui paraissait aux disciples le plus beau de leur vie, eût été obscurci par de sombres nuages, s'ils avaient su que cette scène d'allégresse n'était que le prélude des souffrances et de la mort de leur Maître. Quoiqu'il leur eût parlé à fois réitérées de son sacrifice certain, ils oubliaient, dans le joyeux triomphe du présent, ces tristes paroles et ne considéraient plus que son règne glorieux sur le trône de David. Comme la foule qui entourait le Sauveur s'augmentait continuellement, et que, sauf peu d'exceptions, tous ceux qui s'y joignaient s'inspiraient de la joie générale et unissaient leurs hosanna à ceux qui retentissaient déjà, leurs cris joyeux éclataient, répétés par l'écho de colline en colline et de vallée en vallée. On entendait partout: “Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts!” C'était comme si toute cette multitude de gens se répondaient les uns aux autres, se rappelant à l'envi un passé prophétique.VJC 352.1

    Beaucoup de pharisiens furent témoins de cette scène et, brûlant d'envie et de malice, ils cherchèrent à détourner le courant populaire. Ils employèrent toute leur autorité pour réprimer l'enthousiasme du peuple; mais toutes leurs exhortations et leurs menaces furent vaines. Craignant que cette multitude, dans la force du nombre, n'élevât Jésus au titre de roi, et à bout de ressources, ils percèrent la foule et accostèrent Jésus avec des paroles de reproche et de menace: “Maître! reprends tes disciples.” Ils lui déclarèrent qu'une démonstration si bruyante et si excitante était illégale, et qu'elle serait condamnée par les autorités. Mais les paroles de Jésus réduisirent au silence leurs ordres hautains: “Je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront.”VJC 352.2

    Dieu lui-même, dans sa providence, avait arrangé l'ordre des événements qui se passaient alors; et si les hommes n'avaient pas accompli son divin plan, il aurait prêté la voix aux pierres inanimées et elles auraient accueilli son Fils avec des acclamations de joie. Cette scène avait été révélée en vision prophétique aux saints prophètes des anciens jours, et l'homme était impuissant à détourner les desseins de Jéhovah. Comme les pharisiens se retiraient, les paroles de Zacharie furent répétées par des centaines de voix: “Réjouis-toi extrêmement, fille de Sion! jette des cris de réjouissance, fille de Jérusalem! voici, ton Roi viendra à toi, juste, et sauveur, humble, et monté sur un âne, et sur le poulain d'une ânesse.”1Zacharie 9:9.VJC 352.3

    Les pharisiens se virent obligés de renoncer à leurs efforts pour calmer l'enthousiasme du peuple. Toutes leurs remontrances ne servirent qu'à augmenter l'ardeur de la foule. Jamais le monde n'avait été témoin d'une procession aussi triomphante. Elle n'était point semblable à celles des fameux conquérants de ce monde. Aucune suite de captifs gémissants, trophées de la valeur des rois, ne faisait partie de cet imposant cortége. Mais autour du Sauveur se trouvaient les glorieux trophées de ses travaux et de son amour pour l'homme pécheur. Il y avait là, louant Dieu de leur délivrance, des captifs qu'il avait délivrés de la puissance cruelle de Satan. L'aveugle auquel il avait rendu la vue courait en avant pour préparer la voie. Les muets auxquels il avait délié la langue faisaient éclater les hosanna les plus retentissants. Les impotents auxquels il avait rendu l'usage des membres, étaient les plus actifs à rompre les branches de palmier et à les répandre sur le chemin, devant le Sauveur. Des veuves et des orphelins étaient parmi la foule, exaltant le nom de Jésus pour ses œuvres de miséricorde en leur faveur. Les lépreux qui avaient été nettoyés par une de ses paroles, et arrachés à une mort vivante, étendaient sur son chemin leurs vêtements purifiés de toute infection, et saluaient en lui le Roi de gloire. Ceux qu'il avait réveillés du sommeil de la mort par sa voix puissante étaient aussi parmi la foule. Lazare, dont le corps avait déjà senti la corruption dans la tombe, et alors en pleine possession de sa force virile, guidait l'humble animal sur lequel était monté son Libérateur.VJC 353.1

    Comme la procession arrivait au sommet de la colline et allait descendre dans la ville, Jésus s'arrêta et toute la multitude avec lui. Jérusalem, dans toute sa gloire, s'étendait devant eux, inondée de la lumière du soleil couchant. Le temple attirait tous les regards. Sa grandeur imposante, l'élevant au-dessus de tous les autres édifices, semblait montrer le ciel et vouloir dire au peuple de n'adorer que le Dieu vivant et vrai. Ce temple, dans sa splendide majesté, avait été longtemps l'orgueil et la gloire de la nation juive. Les Romains s'en glorifiaient aussi comme d'un monument d'une magnificence sans pareille. Leur roi s'était joint aux Juifs pour l'embellir; ils n'avaient épargné ni peines ni dépenses pour l'orner des décorations les plus coûteuses et les plus belles, tant au dehors qu'au dedans.VJC 354.1

    Une partie des murailles de la construction avait résisté au siége des armées, et apparaissait, dans sa parfaite structure, comme une pierre solide, arrachée toute entière de la carrière. Le soleil, en se couchant à l'ouest, donnait au ciel des teintes dorées qui se reflétaient sur le marbre blanc du temple et étincelaient sur ses piliers dorés. Du haut de la colline où se tenait Jésus et ses disciples, le temple avait l'apparence d'un vaste palais de neige, garni de joyaux étincelants. A l'entrée du temple se trouvait un cep de vigne, fait d'or et d'argent, ayant des feuilles vertes et de massives grappes de raisins, le tout exécuté à grands frais par les artistes les plus habiles. Cela devait représenter Israël sous l'emblème d'une vigne prospère. L'or, l'argent et la verdure étaient combinés avec un goût si rare, ils étaient d'un travail si parfait, entourant gracieusement les piliers blancs et scintillants, et s'attachant à leurs ornements d'or par leurs vrilles brillantes, qu'ils formaient un ensemble d'une beauté merveilleuse, reflétant les splendeurs du soleil couchant avec un éclat tel, que sa gloire paraissait être empruntée du ciel.VJC 354.2

    Jésus avait arrêté les yeux sur la scène enchanteresse qui se déroulait devant lui, et la grande foule se tut sous le charme de cette vue soudaine. Tous les yeux se tournèrent instinctivement vers Jésus, s'attendant à voir dans son maintien l'admiration qu'ils éprouvaient eux-mêmes. Mais au lieu de cela, ils remarquèrent un nuage de tristesse répandu sur son visage. Ils furent surpris et déçus de voir les yeux du Sauveur remplis de larmes et son corps trembler et chanceler comme un arbre devant la tempête, tandis qu'un gémissement s'échappait de ses lèvres tremblantes comme des profondeurs d'un cœur brisé. Quel spectacle n'était-ce point pour les anges! Leur Chef aimé répandant des larmes amères! Quelle vue n'était-ce point pour cette foule joyeuse qui l'avait accompagné avec des cris de triomphe et en agitant des branches de palmier, jusqu'à cette hauteur d'où l'on apercevait la cité glorieuse où ils espéraient fermement qu'il régnerait! Leurs acclamations cessèrent alors, tandis que beaucoup versaient des larmes de sympathie, à la vue de ce chagrin qu'ils ne pouvaient comprendre.VJC 354.3

    Jésus avait pleuré au tombeau de Lazare; et son chagrin répondait à l'occasion. Mais cette douleur soudaine était comme une note gémissante au milieu d'un chœur de triomphe. Au milieu d'une scène de réjouissance, où tous lui rendaient hommage, le Roi d'Israël répandait des larmes; non point de silencieuses larmes de joie, mais des pleurs et des gémissements d'une angoisse qu'il ne pouvait contenir. La foule était frappée d'une tristesse subite à la vue de ce chagrin qui était incompréhensible à tous. Les pleurs de Jésus n'étaient pas versés par anticipation aux souffrances physiques de sa crucifixion, quoique le jardin de Gethsémané, où il savait que l'horreur de grandes ténèbres se répandrait bientôt sur lui, fût justement devant ses yeux. On voyait aussi la porte des brebis, à travers laquelle avaient passé depuis des siècles les bêtes que l'on conduisait au sacrifice. Cette porte devait bientôt s'ouvrir pour lui, le grand Antitype dont le sacrifice pour les péchés du monde avait été indiqué et préfiguré par tous ces sacrifices. Près de là était le Calvaire qui devait être sous peu témoin de son agonie.VJC 355.1

    Ce n'était pourtant point la pensée de sa mort cruelle qui faisait pleurer et gémir le Rédempteur, dans l'angoisse de son cœur. Son chagrin n'était pas égoïste. La pensée des souffrances physiques n'intimidait point son âme noble et dévouée. C'est la vue de Jérusalem qui transperçait d'angoisse le cœur de Jésus — de Jérusalem qui avait rejeté le Fils de Dieu et méprisé son amour, qui ne s'était point laissé convaincre par ses puissants miracles, et qui allait lui ravir la vie. Il voyait ce qu'elle était dans sa coupable conduite, ce qu'elle aurait pu être si elle l'avait accepté, lui qui seul pouvait guérir ses blessures. Il était venu la sauver, comment aurait-il pu abandonner l'enfant de ses soins!VJC 355.2

    Il éleva la main, cette main qui avait si souvent béni les malades et les affligés, et, l'agitant du côté de la ville coupable, il s'écria d'une voix brisée de douleur: “Oh! si tu avais reconnu, au moins en ce jour qui t'est donné, les choses qui regardent ta paix!...” Le Sauveur s'arrêta à ces paroles, et ne dit point quel aurait été l'état de Jérusalem si elle avait accepté le seul secours que Dieu pût lui donner, le don de son Fils bien-aimé. Si Jérusalem avait su ce qui était son privilége de savoir, et avait agi selon la lumière que Dieu lui avait accordée, elle aurait pu briller dans la splendeur de la prospérité comme la reine des royaumes, libre dans la force et la puissance que Dieu lui aurait données. Il n'y aurait point eu alors de soldats armés veillant à ses portes, ni de bannières romaines flottant sur ses murailles. Jésus se représentait la glorieuse destinée dont Jérusalem aurait pu jouir si elle avait reçu son Rédempteur. Il voyait que par lui elle aurait pu être guérie de sa funeste maladie, libérée du joug de la servitude, et devenir la puissante métropole du monde. De ses murailles, la colombe de la paix, se serait envolée vers toutes les nations. Elle aurait été le diadème et la gloire du monde.VJC 356.1

    Mais l'éclatant tableau de ce qu'aurait pu être Jérusalem, si elle avait accueilli le Fils de Dieu, pâlit devant le Sauveur à la pensée de ce qu'elle était, opprimée sous le joug des Romains, encourant le déplaisir de Dieu, et condamnée par sa justice rétributive. Il reprit la suite de ses lamentations interrompues: “Mais maintenant elles sont cachées à tes yeux. Car les jours viendront sur toi que tes ennemis t'environneront de tranchées, t'enfermeront, et te serreront de toutes parts; et ils te détruiront entièrement, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne te laisseront pierre sur pierre, parce que tu n'as point connu le temps auquel tu as été visitée.”VJC 356.2

    Christ était venu pour sauver Jérusalem et ses enfants des conséquences de leurs péchés précédents; mais les espérances impies des pharisiens ne furent point satisfaites par la manière dont il apparut. L'orgueil, l'hypocrisie, la jalousie et la malice des pharisiens l'empêchèrent d'accomplir ses desseins. Jésus connaissait la terrible rétribution qui frapperait la ville coupable. Il voyait Jérusalem entourée d'armées, ses habitants assiégés jusqu'à être réduits à la faim et à la mort, les mères se nourrissant du corps de leurs enfants morts, les parents et les enfants s'arrachant leur dernier morceau de nourriture, l'affection naturelle étant détruite par les poignantes souffrances de la faim. Il voyait que l'opiniâtreté des Juifs, comme elle se manifesta dans la rejection de son salut, les porterait aussi à repousser leur seul moyen d'existence: la soumission aux armées envahissantes. Il voyait les malheureux habitants souffrir les tourments de la torture et de la crucifixion, les magnifiques palais détruits. Il voyait le temple, où Dieu avait révélé sa gloire, en ruines, et de toutes ces murailles, si pures et si belles, décorées de légers piliers et de dessins d'or, ne demeurer pierre sur pierre, tandis que la ville devait être labourée comme un champ. Le Sauveur pouvait bien pleurer d'angoisse, à la pensée d'un tel spectacle.VJC 357.1

    Jérusalem avait été l'enfant de ses soins, et comme un père pleure son fils égaré, ainsi pleura Jésus sur Jérusalem. Comment puis-je t'abandonner! Comment puis-je te voir vouée à la destruction et à la désolation! Dois-je te laisser aller remplir la coupe de tes iniquités! Une âme est d'une si grande valeur, qu'en comparaison les mondes perdent toute importance; mais là, il y avait toute une nation qui se perdait. Lorsque le soleil couchant disparaîtrait à l'ouest, les jours de grâce auraient expiré pour Jérusalem. Tandis que la procession était arrêtée sur la colline des Oliviers, il n'était pas encore trop tard pour la ville de se repentir et d'être sauvée. L'ange de miséricorde était prêt à déployer ses ailes et à descendre du trône d'or pour faire place à la Justice et au Jugement qui avançaient rapidement. Mais le cœur de Christ, rempli d'amour, plaide encore pour Jérusalem qui avait méprisé toutes ses grâces, qui s'était moquée de ses avertissements, et qui allait achever son œuvre d'iniquité en trempant ses mains dans son sang. Si Jérusalem avait voulu se repentir encore, ce n'aurait point été trop tard. Tandis que les derniers rayons du soleil couchant caressent le temple, la tour et les brillantes coupoles, quelque ange de bonté ne viendra-t-il point l'amener à l'amour de son Sauveur et détourner le terrible sort qui l'attend! Belle et coupable ville, qui as tué les prophètes, repoussé le Fils de Dieu, qui t'enserres toi-même par ton impénitence dans les fers de l'esclavage, — ton jour de grâce est presque passé!VJC 357.2

    C'est là qu'avait vécu un peuple favori; Dieu faisait de leur temple sa demeure; magnifique par sa situation, il était la joie de toute la terre. On y trouvait le récit du soin avec lequel Christ l'avait gardé pendant plus de mille ans. Dans ce temple, les prophètes avaient fait entendre leurs avertissements solennels. C'est là qu'on avait agité les encensoirs, tandis que l'encens, mélangé aux prières des fidèles, montait à Dieu. C'est là que le sang des bêtes, type du sang de Christ, avait coulé. C'est là que Dieu avait manifesté sa gloire, au-dessus du propitiatoire. C'est là que les sacrificateurs, dans leurs robes flottantes et leur pectoral rempli de pierres précieuses, avaient, depuis des âges, célébré la pompe de leurs cérémonies et de leurs symboles. Mais tout cela doit avoir une fin, car Jérusalem a scellé son propre sort, et sa destruction approche.VJC 358.1

    En songeant au sort de la ville qu'il avait aimée, le cœur de Jésus était navré, à cause de l'enfant de ses soins. Un amour infini et méconnu de l'homme brisait le cœur du Fils de Dieu. La multitude connaissait bien peu le chagrin qui pesait sur l'esprit de celui qu'elle adorait. Elle voyait ses larmes et entendait ses gémissements, et pendant un court laps de temps, une crainte mystérieuse interrompit ses joyeuses démonstrations; mais elle ne pouvait comprendre ce que signifiaient ces lamentations sur Jérusalem.VJC 358.2

    Pendant ce temps, on avait annoncé aux gouverneurs que Jésus approchait de la ville accompagné d'un grand concours de peuple. Remplis d'effroi, ils allèrent au-devant de lui, espérant pouvoir disperser la foule par leur autorité. Comme la procession allait descendre la montagne des Oliviers, elle est arrêtée par les gouverneurs. Ils demandent quelle est la cause de cette réjouissance tumultueuse. Comme ils répétaient leur question avec beaucoup d'autorité: Qui est celui-ci? les disciples, remplis d'un esprit d'inspiration et dominant le bruit de la foule, répètent dans des élans d'éloquence les prophéties qui répondent à cette question. Adam vous le dira: C'est la semence de la femme qui brisera la tête du serpent. Demandez à Abraham; il vous dira: C'est Melchisédec, roi de Salem, roi de paix. Jacob vous le dira: C'est le Scilo de la tribu de Juda. Esaïe vous le dira: C'est Emmanuel, l'Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Puissant, le Père d'éternité, le Prince de la paix. Jérémie vous le dira: C'est la racine de David, l'Eternel notre justice. Daniel vous le dira: C'est le Messie. Osée vous le dira: C'est l'Eternel des armées, son nom est l'Eternel. Jean-Baptiste vous le dira: C'est l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Le grand Jéhovah a proclamé du haut de son trône: Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Nous, ses disciples, nous déclarons que celui-ci est Jésus, le Prince de la vie, le Rédempteur du monde. Le prince même des puissances des ténèbres l'a reconnu en disant: “Je sais qui tu es: tu es le Saint de Dieu.”VJC 359.1

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