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La Vie de Jésus-Christ

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    Chapitre 34 — La résurrection de Lazare

    Jésus avait souvent trouvé dans la maison de Lazare, à Béthanie, le repos que réclamait sa nature humaine. La première fois qu'il s'y arrêta, lui et ses disciples se trouvaient fatigués d'un pénible voyage qu'ils faisaient à pied, de Jérico à Jérusalem. Ils entrèrent comme hôtes dans la paisible demeure de Lazare, et furent servis par ses sœurs Marthe et Marie.1Luc 10:38-42. Malgré la fatigue que Jésus éprouvait, il continua l'instruction qu'il donnait à ses disciples le long du chemin, concernant les qualités nécessaires pour rendre les hommes propres pour le royaume des cieux. La paix de Christ reposait sur la demeure du frère et des sœurs. Marthe avait été très empressée à procurer tout le confort possible à ses hôtes; mais Marie, charmée par les paroles de Jésus à ses disciples, et saisissant l'occasion de mieux apprendre à connaître les doctrines de Christ, entra doucement dans la chambre où il était assis, prit place à ses pieds et recueillit avec avidité chaque parole qui sortait de sa bouche.VJC 327.1

    Pendant ce temps, Marthe, avec son énergie accoutumée, faisait de grands préparatifs pour réconforter convenablement ses visiteurs; elle sentit bientôt que l'aide de sa sœur lui faisait défaut. Finalement, elle découvrit que Marie était assise aux pieds de Jésus, prêtant une attention soutenue à ce qu'il disait. Fatiguée par beaucoup de soins, Marthe fut si vexée de voir sa sœur écouter tranquillement les paroles de Christ, qu'elle oublia la courtoisie due à ses hôtes, et se plaignit tout ouvertement de l'osiveté de Marie, s'adressant à Jésus afin qu'il ne permît pas que tous les soins domestiques retombassent sur elle.VJC 327.2

    Jésus répondit à ses plaintes avec douceur. “Marthe! Marthe! lui dit-il, tu te mets en peine et tu t'embarrasses de plusieurs choses; mais une seule chose est nécessaire: or, Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.” Ce que Jésus indiquait comme manquant à Marthe était un esprit calme et pieux, un besoin plus profond d'apprendre davantage ce qui concerne la vie future et immortelle, et les grâces nécessaires à l'avancement spirituel. Elle devait avoir moins de soucis pour les choses terrestres qui disparaissent, et s'inquiéter davantage des choses célestes qui affectent le bonheur éternel de l'âme. Il est nécessaire d'accomplir fidèlement les devoirs de cette vie, mais Jésus voulait enseigner à ses enfants qu'ils doivent saisir toutes les occasions d'acquérir cette connaissance qui rend sage à salut.VJC 328.1

    Un des dangers de notre époque, c'est de consacrer trop de temps aux affaires de cette vie et à des soucis inutiles que nous nous créons, tandis qu'on néglige le développement du caractère chrétien. De nos jours, on a besoin de Marthes soigneuses et énergiques, qui sachent joindre à ces qualités excellentes cette bonne part dont Christ parlait. Un caractère d'une telle force et d'une telle piété combinées, est une puissance invincible pour le bien.VJC 328.2

    Maintenant, un noir nuage est suspendu au-dessus de cette paisible demeure où Jésus s'était reposé. Lazare a été frappé d'une maladie soudaine.1Jean 11:1-45. Les sœurs affligées envoyèrent ce message à Jésus: “Seigneur! celui que tu aimes est malade.” Elles ne demandèrent pas avec instance que Jésus vînt aussitôt, car elles pensaient qu'il comprendrait la chose et guérirait leur frère. Lazare croyait fermement en la divine mission de Jésus; il aimait et était aimé à son tour par son Maître bien-aimé, dont la paix avait reposé sur sa tranquille demeure. La foi que les sœurs avaient eue en Jésus, et l'amour qu'elles avaient pour lui, les encourageaient à croire qu'il prendrait garde à leur détresse. C'est pourquoi elles lui firent dire ces paroles pleines de simplicité et de foi: “Celui que tu aimes est malade.”VJC 328.3

    Lorsque Jésus apprit ces choses, il dit: “Cette maladie n'est point à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié.” Il demeura donc encore deux jours où il était. Après que le messager fut parti, l'état de Lazare empira rapidement, et nous pouvons bien supposer que les sœurs comptaient les jours et les heures s'écoulant entre l'envoi du messager et l'arrivée de Jésus pour leur porter secours. Comme le moment approchait où elles s'attendaient à le voir arriver, elles examinaient anxieusement tous les voyageurs qui apparaissaient au loin, espérant reconnaître le Sauveur. Tous leurs efforts pour la guérison de leur frère furent vains; elles virent qu'il mourrait à moins qu'un secours divin ne s'interposât pour le sauver. Elles s'écriaient constamment: Oh! si Jésus venait, il pourrait guérir notre cher frère!VJC 329.1

    Elles virent alors revenir le messager, mais Jésus n'était point avec lui. Il apportait aux sœurs affligées les paroles du Sauveur: “Cette maladie n'est point à la mort.” Mais leurs cœurs défaillent, car leur frère lutte déjà contre le terrible destructeur; et bientôt après Lazare rend l'esprit.VJC 329.2

    Jésus proposa, deux jours plus tard, de retourner en Judée, mais ses disciples essayèrent de l'en empêcher. Ils lui rappelèrent la haine qu'on lui avait manifestée la dernière fois qu'il y avait été. Ils lui dirent: “Ils n'y a que peu de temps que les Juifs cherchaient à te lapider, et tu y retournes encore!” Alors Jésus leur expliqua qu'il devait aller, parce que Lazare était mort, ajoutant: “Et je me réjouis à cause de vous de ce que je n'étais pas là, afin que vous croyiez.” Jésus ne renvoya point d'aller au secours de Lazare par manque d'intérêt pour la famille affligée; son but était de faire du triste événement de la mort de Lazare, l'occasion de donner une preuve indubitable de sa puissance divine, et de s'attacher ses disciples par une foi qui ne pût être ébranlée. Quelques-uns d'entre eux se demandaient déjà s'ils n'avaient point été déçus quant à sa puissance divine, et se disaient: S'il est le Christ, pourquoi n'est-il pas allé au secours de Lazare qu'il aimait? Jésus désirait faire un miracle qui couronnât son œuvre, et qui convainquît tous ceux qui voulaient l'être, qu'il était le Sauveur du monde.VJC 329.3

    Il y avait beaucoup de dangers à faire ce voyage de Judée, car les Juifs avaient résolu de faire mourir Jésus. Voyant qu'il était impossible de le dissuader d'aller, Thomas proposa aux autres disciples d'accompagner leur Maître, disant: “Allons-y aussi, afin de mourir avec lui.” Tous les douze accompagnèrent donc le Sauveur. Pendant le voyage, Jésus secourut ceux qui étaient dans le besoin, soulagea ceux qui souffraient, et guérit les malades, selon sa coutume. Lorsqu'il atteignit Béthanie, il apprit par plusieurs personnes que Lazare était mort, et qu'il était dans le sépulcre depuis quatre jours. Quoiqu'il fût encore à une certaine distance de la maison, il entendit les cris des pleureuses.VJC 330.1

    Lorsqu'un Hébreu mourait, la coutume exigeait que les parents quittassent tout travail pendant plusieurs jours, et vécussent de la nourriture la plus ordinaire pendant qu'ils pleuraient leur mort. On louait aussi des pleureuses de profession, et c'étaient elles que Jésus entendait gémir et crier, dans cette maison qui avait été autrefois pour lui un lieu de repos agréable et tranquille.VJC 330.2

    Jésus ne désirait point rencontrer les sœurs affligées au milieu de la scène de confusion dans laquelle se trouvait leur demeure. Il s'arrêta donc dans un lieu tranquille près de la route, et leur dépêcha quelqu'un pour leur indiquer le lieu où elles pourraient aller le trouver. Marthe courut au-devant de lui et lui raconta la mort de son frère, ajoutant: “Seigneur! si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.” Malgré sa déception et sa douleur, elle n'avait point perdu sa confiance en Jésus, car elle ajouta: “Mais je sais que maintenant même tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera.”VJC 330.3

    Jésus encouragea sa foi en lui disant: “Ton frère ressuscitera.” Marthe ne comprenant pas entièrement ce que Jésus disait, répondit qu'elle savait qu'il ressusciterait au dernier jour. Mais Jésus, cherchant à donner une vraie direction à sa foi, lui dit: “Je suis la résurrection et la vie: celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort. Et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Crois-tu cela?” Jésus voulait attirer les pensées de Marthe sur lui-même, et fortifier sa foi en son pouvoir. Ses paroles avaient une double signification; elles ne se rapportaient pas seulement à l'acte immédiat de ressusciter Lazare; mais elles se rapportaient aussi à la résurrection générale des justes, dont la résurrection de Lazare, qu'il était sur le point d'accomplir, n'était qu'une figure. Jésus se déclara lui-même l'auteur de la résurrection. Lui, qui allait bientôt mourir sur la croix, possédait déjà les clefs de la mort comme le vainqueur du sépulcre, et déclarait son droit et son pouvoir de donner la vie éternelle.VJC 330.4

    Lorsque Jésus demanda à Marthe: “Crois-tu cela?” elle répondit en confessant sa foi: “Oui, Seigneur! je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir au monde.” Ainsi Marthe déclara qu'elle croyait que Jésus était le Messie, et qu'il était capable d'accomplir tout ce qu'il lui plairait de faire. Jésus pria Marthe d'appeler sa sœur et les amis qui étaient venus les consoler. Lorsque Marie arriva, elle se jeta aux pieds de Jésus en s'écriant aussi: “Seigneur! si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.” A la vue de cette douleur, Jésus “frémit en lui-même, et fut ému; et il dit: Où l'avez-vous mis? Ils lui répondirent: Seigneur! viens, et vois.” Tous ensemble se rendirent au sépulcre de Lazare, qui était une grotte dont l'entrée était fermée par une pierre.VJC 331.1

    C'était une bien triste scène. Lazare avait été beaucoup aimé; et ses sœurs avaient le cœur brisé de douleur. Des amis étaient venus mêler leurs pleurs à ceux des sœurs affligées. Jésus aussi avait aimé Lazare, qui avait cru en lui d'une foi ferme, constante, inébranlable. A la vue de cette épreuve et de ces amis affligés qui pouvaient pleurer sur un mort, lorsque le Sauveur du monde, dont la puissance pouvait le ressusciter, était tout proche. ... “Jésus pleura.” Sa douleur ne provenait point seulement de la scène qui se passait sous ses yeux. Le poids des souffrances de tous les âges pesait sur son âme, et, considérant les années à venir, il voyait les souffrances, les peines, les pleurs et la mort qui devaient affliger les hommes. Son cœur était transpercé des douleurs de la famille humaine de tous les âges et de tous les pays. Les malheurs de notre race coupable pesaient lourdement sur son âme, et des larmes abondantes jaillirent de ses yeux, tant était vif son désir de soulager toutes ces détresses.VJC 331.2

    Voyant les larmes et entendant les sanglots de Jésus, ceux qui se tenaient près de là dirent: “Voyez comme il l'aimait.” Puis ils chuchotaient entre eux: “Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût pas?” Jésus gémit en lui-même de voir l'incrédulité de ceux qui avaient professé de croire en lui. Ils pensaient qu'il pleurait à cause de son amour pour Lazare, et que celui qui avait fait des œuvres si merveilleuses avait été incapable de le sauver de la mort. Jésus, le cœur oppressé par l'incrédulité aveugle de ceux qui auraient dû avoir foi en lui, s'approcha du sépulcre et, avec un ton d'autorité, commanda qu'on ôtât la pierre. Des mains humaines durent, de leur côté, faire tout ce qu'il leur était possible d'accomplir, et alors seulement la puissance divine put achever l'œuvre.VJC 332.1

    Mais Marthe fit des objections à ce qu'on enlevât la pierre, rappelant à Jésus que le corps était enterré depuis quatre jours, et que la corruption avait déjà commencé. Jésus lui répondit: “Ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?” Ils ôtèrent donc la pierre et le mort parut à leur vue. Il était évident pour tous que la putréfaction avait réellement commencé. Tout ce que les hommes pouvaient faire était alors accompli. Les amis du défunt, avec une curiosité mêlée de crainte, entouraient Jésus afin de voir ce qu'il allait faire. Elevant les yeux au ciel, Jésus dit:VJC 332.2

    “Mon Père! je te rends grâce de ce que tu m'as exaucé. Je savais bien que tu m'exauces toujours; mais je dis ceci à cause de ce peuple qui est autour de moi, afin qu'il croie que tu m'as envoyé.” Le silence qui suivit cette prière fut rompu par Jésus qui cria à haute voix: “Lazare, sors de là.” Aussitôt la vie rentra dans ce corps déjà tellement changé par la décomposition, que les amis du mort en détournaient leurs regards. Lazare, dont les mains et les pieds étaient liés de bandes, et dont le visage était entouré d'un linge, obéissant au commandement du Sauveur, essaya de se lever et de marcher, mais il fut entravé par son linceul. Jésus commanda à ses amis de le “délier et de le laisser aller.”VJC 332.3

    Il est demandé à des mains humaines d'accomplir l'œuvre qu'il leur est possible de faire. On enlève les linges portant encore les marques de la corruption du mort, et Lazare se présente devant eux; non point décharné par la maladie, avec des membres faibles et tremblants; mais comme un homme à la fleur de son âge, dans toute sa virilité, les yeux brillants d'intelligence et d'amour pour son Sauveur. Une surprise muette saisit d'abord tous ceux qui étaient présents; mais aussitôt succéda une scène indescriptible de joie et d'actions de grâces. Marthe et Marie reçurent leur frère rendu à la vie, comme un don de Dieu, et, avec des larmes de joie, elles exprimèrent leur profonde reconnaissance pour leur Sauveur. Mais pendant que le frère, les sœurs et les amis se réjouissaient, Jésus se retira de cette scène émouvante, et lorsqu'on voulut le chercher, on ne put le trouver nulle part.VJC 333.1

    Cette résurrection qui couronnait les miracles de Jésus, fit que beaucoup crurent en lui. Mais quelques-uns de ceux qui entouraient le sépulcre et qui avaient entendu et vu l'œuvre merveilleuse accomplie par Jésus, ne furent point convertis, mais endurcirent leurs cœurs, fermant ainsi leurs yeux et leurs oreilles à l'évidence. Cette démonstration de la puissance de Christ fut la manifestation la plus éclatante que Dieu offrit à l'homme, comme une preuve qu'il avait envoyé son Fils dans le monde pour le salut des hommes. Si les pharisiens rejetaient cette preuve puissante et éclatante, aucune puissance au ciel ou sur la terre ne pouvait les arracher à cette incrédulité satanique.VJC 333.2

    Les espions coururent rapporter aux principaux du peuple ce miracle de Jésus, disant que tout le monde le suivait. En faisant ce miracle, Jésus avait fait un pas décisif vers l'achèvement de sa mission terrestre. La plus grande preuve qu'il était le Fils de Dieu et qu'il possédait la puissance sur la mort et le sépulcre avait été donnée. Les cœurs qui avaient été depuis longtemps sous la puissance du péché, en rejetant cette preuve de la divinité de Jésus, se plongeaient dans d'impénétrables ténèbres et se plaçaient directement sous l'influence de Satan, pour être précipités par lui dans la ruine éternelle.VJC 333.3

    Ce puissant miracle accompli au sépulcre de Lazare, rendit plus intense encore la haine des pharisiens contre Jésus. Cette démonstration de la puissance divine, qui présentait une preuve aussi incontestable que Jésus était le Fils de Dieu, suffisait pour convaincre tout esprit raisonnable et toute conscience éclairée. Mais les pharisiens qui avaient refusé de croire à toute évidence moins frappante, ne furent que remplis de colère à l'ouïe de ce nouveau miracle, de ressusciter un mort en plein jour et devant une foule de témoins. Tous leurs artifices ne pouvaient éluder une telle évidence. C'est pourquoi leur haine devint mortelle, et ils cherchèrent une occasion pour accomplir leurs desseins secrets, et le faire mourir. Dans leurs cœurs, ils étaient déjà des meurtriers.VJC 334.1

    Les autorités juives se réunirent pour se consulter, et trouver un moyen de neutraliser l'effet que pouvait avoir ce miracle sur le peuple, — car la nouvelle se répandait au loin que Jésus avait ressuscité Lazare d'entre les morts, et un grand nombre de témoins affirmaient cet événement. Pourtant les ennemis de Jésus cherchèrent à faire circuler des rapports mensongers, pervertissant les faits autant qu'ils le pouvaient, et cherchant à détourner le peuple de celui qui avait osé ravir un mort au sépulcre.VJC 334.2

    Dans ce conseil des Juifs se trouvaient quelques hommes influents qui croyaient en Jésus; mais ils étaient impuissants contre les pharisiens pleins de haine envers Christ qui avait dévoilé leurs prétentions hypocrites, et déchiré le manteau de minuties et de rites rigoureux sous lequel ils avaient caché leurs difformités morales. La pure religion qu'enseignait Jésus et sa vie simple et pieuse condamnaient leur prétendue profession de piété. Ils avaient soif de vengeance, et ils ne devaient être satisfaits que lorsqu'ils l'auraient fait mourir. Ils avaient essayé de l'inciter à dire ou à faire quelque chose qui leur donnât occasion de le condamner; plusieurs fois ils avaient cherché à le lapider, mais il s'était retiré tranquillement et avait échappé à leur vue.VJC 334.3

    Les miracles opérés par Jésus le jour du Sabbat furent tous accomplis pour le soulagement des malheureux, mais les pharisiens avaient cherché à se servir de ces actes de miséricorde pour le condamner comme violateur du Sabbat. Ils tentèrent de soulever les hérodiens contre lui; ils représentaient que Jésus cherchait à établir un royaume rival parmi eux, et consultaient ensemble comment ils le feraient mourir. Ils avaient cherché à exciter les Romains contre lui et l'avaient représenté comme voulant renverser leur autorité. Ils avaient employé tout prétexte pour ruiner son influence parmi le peuple; mais ils avaient été déjoués dans leur attente, car la multitude qui avait été témoin des œuvres de miséricorde et de bonté accomplies par Jésus, et qui entendait ses enseignements purs et saints, savait que ce n'étaient point là les paroles et les actes d'un violateur du Sabbat ou d'un blasphémateur. Même les officiers que les pharisiens avaient envoyés pour le saisir avaient tellement ressenti l'influence de la présence divine du Sauveur, qu'ils n'avaient pu mettre les mains sur lui. Désespérés, les Juifs avaient finalement déclaré que quiconque confesserait croire en lui serait chassé de la synagogue.VJC 335.1

    Ainsi, comme les sacrificateurs, les gouverneurs et les anciens étaient assemblés pour se consulter, les pharisiens étaient fermement décidés de réduire au silence cet homme qui accomplissait des œuvres si étonnantes et que tous les hommes admiraient. Nicodème et Joseph avaient, dans de précédents conseils, empêché la condamnation de Jésus; aussi ne furent-ils pas convoqués dans cette occasion. Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, était un homme orgueilleux et cruel, d'un caractère hautain et intolérant. Il avait étudié les prophéties, et, quoique son esprit fût rempli d'obscurité quant à leur véritable signification, il parlait avec beaucoup d'autorité et d'un air de grande connaissance.VJC 335.2

    Comme donc les sacrificateurs et les pharisiens se consultaient, l'un d'entre eux dit: “Si nous le laissons faire, tout le monde croira en lui; et les Romains viendront, qui détruiront et ce lieu et notre nation.”1Jean 11:47-57. Alors Caïphe répondit fièrement: “Vous n'y entendez rien; et vous no considérez pas qu'il est à propos qu'un homme seul meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas.” La voix du souverain sacrificateur l'emporta. Jésus devait mourir, même s'il était innocent: il causait du trouble, attirait le peuple à lui, et méprisait l'autorité des gouverneurs. Il était seul, il valait mieux qu'il mourût, même innocent, que d'amoindrir le pouvoir des gouverneurs. Caïphe, en déclarant qu'un homme devait mourir pour la nation, montrait qu'il avait quelque connaissance des prophéties, quoique cette connaissance fût très limitée; mais Jean, dans le récit de cette scène, rappelle la prophétie et l'étendue de sa signification dans ces mots: “Et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés.” Avec quel aveuglement l'orgueilleux Caïphe ne rendit-il pas témoignage à la mission de Jésus comme Rédempteur.VJC 336.1

    Presque tout le conseil reconnut avec le souverain sacrificateur que la politique la plus sage était de mettre Jésus à mort. Cette décision ayant été prise, il demeurait encore à déterminer comment on l'exécuterait. Ils craignaient de prendre des mesures trop précipitées, de crainte d'exciter le peuple et de faire retomber sur eux-mêmes le mal qu'ils méditaient contre Jésus. Le Sauveur enseignait continuellement le peuple, guérissant les malades, et tous savaient qu'il était sans péché, de sorte que son influence était très grande; c'est pourquoi les pharisiens ajournèrent l'exécution de la sentence qu'ils avaient prononcée contre lui.VJC 336.2

    Christ connaissait les complots des sacrificateurs contre lui. Il savait qu'ils désiraient le retrancher du milieu d'eux, et que leurs désirs s'accompliraient bientôt; mais ce n'était point à lui de hâter ce grand événement, et il se retira avec ses disciples de l'autre côté du Jourdain. Jésus avait alors travaillé publiquement plus de trois ans. Son exemple de renoncement et de bienveillance désintéressée, sa vie de pureté, de souffrances et de dévouement était connue de tous. Et pourtant, cette courte période de trois ans et demi pendant laquelle le Rédempteur avait été sur la terre, était tout ce que le monde pouvait endurer de sa présence.VJC 337.1

    Il avait passé sa vie en butte à la persécution et au mépris. Chassé de Bethléhem par un roi jaloux, rejeté par son propre peuple à Nazareth, condamné à mort sans cause à Jérusalem, Jésus, avec ses quelques disciples fidèles, trouva un asile temporaire dans une ville étrangère. Lui qui était toujours ému à la vue d'un malheureux, qui guérissait les malades, rendait la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la parole aux muets; qui nourrissait ceux qui avaient faim et consolait ceux qui étaient dans la tristesse; il se voyait éloigné du peuple qu'il cherchait à sauver. Lui, qui marchait sur les vagues agitées et qui, d'un seul mot, faisait taire la tempête; qui chassait les démons qui le reconnaissaient alors comme Fils de Dieu; qui interrompait le sommeil des morts; qui captivait l'attention de milliers de personnes par les paroles de sagesse qui découlaient de ses lèvres; lui-même était incapable de toucher le cœur de ces hommes aveuglés par les préjugés et une haine insensée, qui rejetaient opiniâtrement la lumière.VJC 337.2

    Le plan de Dieu n'est point de forcer les hommes à abandonner leur incrédulité; ils ont à décider s'ils veulent choisir la lumière ou les ténèbres, la vérité ou l'erreur. L'esprit humain est doué de la faculté de discerner entre le bien et le mal. Dieu ne veut pas que les hommes choisissent la vérité par une simple impulsion, mais par le poids de l'évidence qui vient de la comparaison soigneuse des passages de l'Ecriture entre eux. Si les Juifs avaient laissé de côté leurs préjugés et s'ils avaient comparé la prophétie écrite aux faits caractérisant la vie de Jésus, ils auraient aperçu la magnifique harmonie existant entre les prophéties et leur accomplissement dans la vie et le ministère de l'humble Galiléen.VJC 337.3

    La fête de Pâque approchait, et beaucoup de gens se rendaient à Jérusalem de toutes les parties du pays, pour se purifier suivant la coutume cérémonielle des Juifs. On parlait beaucoup de Jésus parmi le peuple, et on se demandait s'il ne viendrait point à la fête “Or, les principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient donné ordre que si quelqu'un savait où il était, il le déclarât, afin de se saisir de lui.”VJC 338.1

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