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    3 - Une époque de ténèbres spirituelles

    L’apôtre Paul, dans sa seconde épître aux Thessaloniciens, avait prédit la grande apostasie qui allait donner naissance à l’instauration de la puissance papale. Il avait déclaré que le jour de l’avènement du Christ n’était pas encore venu, car « il faut d’abord que vienne l’apostasie et que se révèle la personnification du mal, celui qui est voué à la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle dieu, de tout ce qu’on adore, et qui va jusqu’à s’asseoir dans le sanctuaire de Dieu et à se présenter lui-même comme Dieu 12 Thessaloniciens 2.3,4..» De plus, l’apôtre avait averti ses frères que « déjà le mystère du mal [est] à l’œuvre»2Verset 7.. A son époque, il voyait déjà s’insinuer dans l’Église des erreurs qui allaient préparer le chemin à l’apparition de la papauté.GE3 47.1

    Peu à peu, subrepticement d’abord et en silence, puis plus ouvertement, à mesure qu’il prenait de la force et dominait l’esprit des hommes, ce «mystère du mal” poursuivit son œuvre trompeuse et blasphématoire. Presque imperceptiblement, les coutumes païennes s’introduisirent dans l’Église chrétienne. L’esprit de compromis et de conformisme fut tenu en échec pendant un certain temps par les violentes persécutions que l’Église dut subir des mains des païens. Mais lorsqu’elles cessèrent et que le christianisme pénétra à la cour et dans les palais des rois, il abandonna l’humble simplicité du Christ et de ses apôtres pour adopter la pompe et l’orgueil des prêtres et des dirigeants païens. Il remplaça les exigences divines par des théories et des traditions humaines. La prétendue conversion de l’empereur Constantin, au début du IVe siècle, donna lieu à de grandes réjouissances. Le monde, revêtu d’une apparence de justice, pénétra dans l’Église. Dès lors, cette œuvre de corruption progressa rapidement. Le paganisme, apparemment vaincu, fut triomphant. Son esprit domina l’Église; ses doctrines, ses cérémonies et ses superstitions furent incorporées dans la foi et dans le culte de ceux qui se prétendaient disciples du Christ.GE3 47.2

    Ce compromis entre le paganisme et le christianisme permit l’apparition de la personnification du mal 32 Thessaloniciens 2.3.” annoncée par la prophétie, qui allait s’opposer à Dieu et s’élever au-dessus de lui. Ce gigantesque système de fausse religion est un chef-d’œuvre de la puissance de Satan; c’est un monument à ses efforts pour s’asseoir sur le trône et diriger le monde selon sa volonté.GE3 47.3

    Satan avait déjà essayé de faire un arrangement avec le Christ. Il s’était approché du Fils de Dieu dans le désert de la tentation, et, lui montrant « tous les royaumes du monde et leur gloire » 4Matthieu 4.8., le prince des ténèbres avait offert de les remettre tous entre ses mains s’il voulait bien seulement reconnaître sa suprématie. Le Christ avait réprimandé le présomptueux tentateur et l’avait obligé à se retirer. Mais Satan remporta plus de succès en présentant ces mêmes tentations à l’homme. Pour obtenir les avantages et les honneurs du monde, l’Église fut amenée à rechercher la faveur et l’appui des grands de ce monde. Ayant ainsi rejeté le Christ, elle fut amenée à accorder son allégeance au représentant de Satan, l’évêque de Rome.GE3 47.4

    L’une des principales doctrines de l’Église de Rome est que le pape est la tête visible de l’Eglise universelle du Christ, investi de l’autorité suprême, au-dessus des évêques et des pasteurs, dans toutes les parties du monde. Pire encore, on lui a attribué des titres qui n’appartiennent qu’à Dieu. Il a été appelé « Seigneur Dieu le pape 5Voir appendice, notes 1 et 2. » et déclaré infaillible. Il réclame l’hommage de tous les hommes. Par l’intermédiaire de l’Église de Rome, Satan répète l’exigence qu’il avait présentée dans le désert de la tentation ; et de vastes multitudes sont prêtes à lui rendre hommage.GE3 48.1

    Mais ceux qui craignent et respectent Dieu réagissent face à cette prétention blasphématoire, comme le fit Jésus lorsqu’il fut, tenté par le Malin: « C’est devant le Seigneur, ton Dieu, que tu te prosterneras, et c’est à lui seul que tu rendras un culte 6Luc 4.8.. » Dieu n’a jamais suggéré dans sa Parole qu’il avait désigné un homme pour être la tête de l’Église. La doctrine de la suprématie papale est directement opposée aux enseignements des Écritures. Le pape ne peut exercer aucun pouvoir sur l’Eglise du Christ, sinon par usurpation.GE3 48.2

    L’Église romaine s’est obstinée à accuser les protestants d’hérésie et de s’être délibérément séparés de la véritable Église. Mais c’est plutôt à elle que s’appliquent ces accusations. C’est elle qui a déposé la bannière du Christ et s’est éloignée de « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes»7Jude 3..GE3 48.3

    Satan savait bien que les Saintes Écritures permettraient aux hommes de discerner ses tromperies et de résister à son pouvoir. C’est par cette Parole que le Sauveur du monde lui-même avait résisté à ses attaques. À chaque assaut de Satan, le Christ avait présenté le bouclier de la vérité éternelle, en disant : « Il est écrit 8Matthieu 4.4, 7, 10.. » À chaque suggestion de l’adversaire, il avait opposé la sagesse et la puissance de la Parole. Si Satan veut maintenir sa domination sur les hommes et asseoir l’autorité de l’usurpateur papal, il doit les maintenir dans l’ignorance des Écritures. La Bible exalte Dieu et met les hommes, avec leurs limites, à leur véritable place. Il fallait donc dissimuler et supprimer ses vérités sacrées. Telle fut la logique adoptée par l’Église romaine. Pendant des siècles, la diffusion de la Bible fut prohibée. Il était interdit aux gens du peuple de la lire ou d’en avoir un exemplaire chez eux, tandis que des prêtres et des prélats sans principes interprétaient ses enseignements pour asseoir leurs prétentions. C’est ainsi que le pape en vint à être presque universellement reconnu comme vicaire de Dieu sur la terre et investi d’autorité sur l’Église et sur l’État.GE3 48.4

    Le dénonciateur de l’erreur ayant été écarté, Satan put agir à sa guise. La prophétie avait déclaré que la papauté espérerait « changer les temps et la loi »9Daniel 7.25.. Elle ne mit pas longtemps pour entreprendre cette œuvre. Pour offrir quelque chose aux païens en remplacement du culte des idoles et pour favoriser ainsi leur prétendue adhésion .tu christianisme, on introduisit graduellement le culte des images et des reliques dans la liturgie chrétienne. Le décret d’un concile général 10Voir appendice, note 3. instaura finalement e système idolâtre. Pour compléter cette œuvre sacrilège, Rome osa effacer de la loi de Dieu le deuxième commandement — qui interdit le culte des images — et prit l’initiative de diviser en deux le dixième commandement afin de rétablir le nombre de dix.GE3 48.5

    Cet esprit de concession au paganisme ouvrit la voie à un autre mépris de l’autorité céleste. Satan, œuvrant par l’intermédiaire de dirigeants non consacrés de l’Église, altéra aussi le quatrième commandement : il tenta de supprimer l’ancien sabbat, le jour que Dieu avait béni et sanctifié 11Genèse 2.3., pour le remplacer par la fête célébrée par les païens sous le nom de « vénérable jour du soleil». Ce changement ne fut d’abord pas tenté ouvertement. Au cours des premiers siècles, tous les chrétiens observaient le véritable sabbat. Jaloux de l’honneur de Dieu et considérant sa loi Lomme immuable, ils conservaient avec zèle ses préceptes sacrés. Mais, avec une grande subtilité, Satan manœuvra par l’intermédiaire de ses agents pour atteindre son objectif. Afin d’attirer l’attention des gens du peuple sur le dimanche, on en fit une fête en l’honneur de la résurrection du Christ. On y célébra des services religieux; cependant, on le considérait encore comme un jour de récréation, le sabbat étant toujours observé comme jour sacré.GE3 49.1

    Pour préparer l’œuvre qu’il se proposait d’accomplir, Satan avait poussé les Juifs, avant l’avènement du Christ, à surcharger le sabbat des exigences les plus rigoureuses, faisant ainsi de son observation un fardeau. Maintenant, profitant de la fausse lumière dans laquelle il l’avait fait paraître, il discrédita le jour du repos en prétendant que c’était une institution juive. Tandis que les chrétiens continuaient généralement à observer le dimanche comme une fête joyeuse, il les poussa, pour montrer leur haine du judaïsme, à faire du sabbat un jour de jeûne, de tristesse et de mélancolie.GE3 49.2

    Dans la première partie du IVe siècle, l’empereur Constantin promulgua un édit faisant du dimanche une fête publique dans tout l’Empire romain 12Voir appendice, note 4.. Ses sujets païens révéraient le « jour du soleil ”, et les chrétiens l’honoraient ; la politique de l’Empereur fut d’unir les intérêts contradictoires du paganisme et du christianisme. Il y fut poussé par les évêques de l’Église, qui, motivés par leur ambition et leur soif de pouvoir, se rendaient compte que si chrétiens et païens observaient le même jour, cela favoriserait la prétendue acceptation du christianisme par les païens et, en même temps, la puissance et la gloire de l’Église. Mais, bien que de nombreux chrétiens craignant Dieu aient été amenés graduellement à considérer le dimanche comme ayant un certain degré de sainteté, ils considéraient encore le véritable sabbat comme le saint jour du Seigneur et l’observaient conformément au quatrième commandement.GE3 49.3

    Le grand trompeur n’avait pas encore terminé son œuvre. Il était résolu à rassembler le monde chrétien sous sa bannière et à exercer son pouvoir par l’intermédiaire de son vicaire, l’orgueilleux pontife qui se prétendait le représentant du Christ. C’est par l’intermédiaire de païens à demi convertis, de prélats ambitieux et d’hommes d’Église mondanisés qu’il réalisa ses objectifs. On convoquait de temps en temps de grands conciles qui rassemblaient les dignitaires de l’Église du monde entier. Presque à chaque concile, on dévalorisait de plus en plus le sabbat institué par Dieu, tandis qu’on exaltait le dimanche. On finit donc par honorer cette fête païenne comme une institution divine, tandis qu’on dénonçait le sabbat biblique comme une relique du judaïsme, et ses observateurs comme anathèmes.GE3 49.4

    Le grand apostat avait réussi à s’élever « au-dessus de tout ce qu’on appelle dieu, de tout ce qu’on adore » 132 Thessaloniciens 2.4.. Il avait osé changer le seul précepte de la loi divine qui élève infailliblement toute l’humanité vers le Dieu vivant et vrai. Le quatrième commandement révèle Dieu comme Créateur des cieux et de la terre, le distinguant ainsi des faux dieux. C’est en tant que mémorial de l’œuvre de la création que le septième jour de la semaine fut sanctifié comme jour de repos pour l’homme. Il était destiné à rappeler constamment aux hommes que le Dieu vivant est la source de leur être et l’objet de leur vénération et de leur culte. Satan s’efforce de détourner les hommes de leur allégeance envers Dieu et de l’obéissance à sa loi ; il dirige donc spécialement ses efforts contre le commandement qui désigne Dieu comme le Créateur.GE3 50.1

    Les protestants font valoir aujourd’hui que la résurrection du Christ un dimanche a fait de ce jour le sabbat chrétien. Mais il n’en existe aucune preuve dans les Écritures. Ni le Christ, ni ses apôtres n’ont conféré un tel honneur à ce jour. L’observation du dimanche comme institution chrétienne trouve son origine dans « le mystère du mal » 142 Thessaloniciens 2.7., qui, déjà à l’époque de Paul, avait commencé son œuvre. Où et quand le Seigneur a-t-il adopté cet enfant de la papauté? Quelle raison valable peut-on donner en faveur d’un changement que les Écritures ne sanctionnent pas ?GE3 50.2

    Au VIe siècle, la papauté était solidement établie. Le siège de son gouvernement fut établi dans la capitale impériale et l’évêque de Rome fut déclaré chef de l’Église tout entière. Le paganisme avait été remplacé par la papauté. Le dragon avait donné à la bête «sa puissance, son trône et un grand pouvoir” 15Apocalypse 13.2; voir appendice, note 5.. C’est alors que commencèrent les 1 260 années d’oppression papales annoncées dans les prophéties de Daniel et de l’Apocalypse 16Daniel 7.25 ; Apocalypse 13.5-7.. Les chrétiens durent choisir entre abandonner leur intégrité et accepter les cérémonies et le culte de la papauté ; moisir dans des cachots ou subir la mort par le chevalet, le bûcher ou la hache du bourreau. Les paroles de Jésus s’accomplissaient: « Vous serez livrés même par des parents, des frères, des proches et des amis, et on fera mettre à mort plusieurs d’entre vous. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom 17Lac 21.16,17..” La persécution s’abattit sur les fidèles avec plus d’intensité que jamais auparavant, et le monde devint un vaste champ de bataille. Pendant des siècles, l’Église du Christ dut chercher refuge dans la retraite et l’obscurité. Le prophète avait annoncé: «La femme [l’Église] s’enfuit au désert, où Dieu lui avait préparé un lieu pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours 18Apocalypse 12.6.GE3 50.3

    L’accession de l’Église romaine au pouvoir marqua le début du Moyen Âge. À mesure que l’autorité de celle-ci augmentait, les ténèbres s’épaississaient. La foi des hommes fut transférée du Christ, le véritable fondement, au pape de Rome.GE3 50.4

    Au lieu de se confier au Fils de Dieu pour obtenir le pardon des péchés et le salut éternel, les gens du peuple se tournaient vers le pape et vers les prêtres et prélats auxquels celui-ci déléguait son autorité. On leur enseignait que le pape était leur médiateur terrestre et que personne ne pouvait s’approcher de Dieu sinon par son intermédiaire, qu’il se tenait pour eux à la place de Dieu et qu’il fallait donc lui obéir implicitement. Une infraction à ses exigences constituait une cause suffisante pour attirer les châtiments les plus sévères sur le corps et l’âme des coupables. C’est ainsi que l’esprit des gens du peuple était détourné de Dieu au profit d’hommes faillibles, égarés et cruels; pire encore, vers le prince des ténèbres lui-même, qui exerçait son pouvoir par leur intermédiaire. Le péché était revêtu d’un manteau de sainteté. Lorsqu’on supprime les Écritures et que l’homme en vient à se considérer comme l’être suprême, on ne peut attendre que fraude, tromperie et iniquité dégradante. L’exaltation des lois et des traditions humaines était accompagnée de la corruption qui résulte toujours du rejet de la loi divine.GE3 51.1

    Ce furent des jours de péril pour l’Église du Christ. Les porte-drapeaux fidèles étaient peu nombreux. Bien que la vérité ne soit jamais restée sans témoins, il semblait par moment que l’erreur et la superstition allaient l’emporter tout à fait et que la véritable religion serait bannie de la terre. On perdit de vue l’Évangile tandis que les formes extérieures de la religion se multipliaient, et qu’on accablait le peuple de rigoureuses exactions.GE3 51.2

    On enseignait au peuple non seulement à regarder le pape comme son médiateur, mais aussi à se confier en ses propres œuvres pour expier ses péchés. On prescrivait de longs pèlerinages, des actes de pénitence, le culte des reliques, la construction d’églises, de sanctuaires et d’autels, le versement de grosses sommes d’argent à l’Église, et de nombreux autres actes semblables, pour apaiser la colère de Dieu ou pour obtenir sa faveur; comme si Dieu ressemblait aux hommes : irrité par des broutilles et pacifié par des dons ou des actes de pénitence!GE3 51.3

    L’Église romaine gagnait de plus en plus en influence, bien que le vice se répandît même parmi ses dirigeants. Vers la fin du VIIIe siècle, les papistes prétendirent qu’au cours des premiers siècles de l’histoire de l’Église, les évêques de Rome étaient détenteurs du même pouvoir spirituel qu’ils possédaient alors. Pour asseoir cette prétention, il fallait employer certains moyens pour lui conférer une apparence d’autorité ; et le père du mensonge était prêt à les leur suggérer. Des moines rédigèrent de faux documents anciens. On découvrit des décrets de conciles dont on n’avait jamais entendu parler auparavant, établissant la suprématie universelle du pape dès les temps les plus reculés. L’Église, qui avait rejeté la vérité, accepta ces mensonges avec empressement 19Voir appendice, note 6..GE3 51.4

    Les quelques-uns qui construisaient fidèlement sur les véritables fondations 201 Corinthiens 3.10, 11. étaient troublés et handicapés dans leur œuvre par l’accumulation des fausses doctrines. Comme les constructeurs sur les murailles de Jérusalem à l’époque de Néhémie, certains étaient prêts à dire : « Les forces des porteurs vacillent, les décombres sont considérables ; nous ne parviendrons jamais à bâtir la muraille 21Néhémie 4.4 ou 10 selon les versions bibliques.. » Fatigués par la lutte constante contre la persécution, la fraude, l’iniquité et tous les autres obstacles que Satan inventait pour enrayer leur œuvre, quelques-uns de ceux qui avaient participé fidèlement à cette construction se découragèrent. Pour maintenir la paix et la sécurité de leurs biens et de leur vie, ils se détournèrent des véritables fondations. D’autres, sans se laisser intimider par l’opposition de leurs ennemis, déclaraient hardiment: « N’ayez pas peur d’eux! Souvenez-vous du Seigneur, qui est grand et redoutable » 22Verset 8 ou 14 selon les versions bibliques.; et ils poursuivaient leur œuvre, «chacun son épée à la ceinture » 23Verset 12 ou 18 selon les versions bibliques; voir aussi Éphésiens 6.17..GE3 51.5

    Le même esprit de haine et d’opposition à la vérité a inspiré les ennemis de Dieu dans tous les siècles, et le même esprit de vigilance et de fidélité a été nécessaire à ses serviteurs. Les paroles du Christ adressées aux premiers disciples sont valables pour ses disciples jusqu’à la fin des temps: « Ce que je vous dis, je le dis à tous: Veillez 24Marc 13.37.. »GE3 52.1

    Les ténèbres semblaient s’épaissir encore. Le culte des images se généralisa. On faisait brûler des cierges devant les images, et on leur offrait des prières. Les coutumes les plus absurdes et les plus superstitieuses prévalaient. L’esprit des hommes était si totalement dominé par la superstition, que la raison elle-même semblait avoir abdiqué. Tandis que les prêtres et les évêques étaient eux-mêmes adonnés aux plaisirs, sensuels et corrompus, le peuple ne pouvait, sous leur direction, qu’être plongé dans l’ignorance et le vice.GE3 52.2

    Une étape supplémentaire fut franchie dans les prétentions de la papauté lorsqu’au XI’ siècle, le pape Grégoire VII proclama la perfection de l’Église romaine. Parmi les propositions présentées, il s’en trouvait une qui déclarait que l’Église n’avait jamais erré et n’errerait jamais, d’après les Écritures. Mais aucune preuve tirée des Écritures n’accompagnait cette affirmation. Cet orgueilleux pontife prétendit aussi avoir le pouvoir de destituer les empereurs. Il déclara que personne ne pouvait révoquer une sentence prononcée par lui, mais qu’il avait la prérogative d’annuler les décisions de tous 25Voir appendice, note 7..GE3 52.3

    On trouve un exemple frappant du caractère tyrannique de ce partisan de l’infaillibilité dans le traitement qu’il infligea à l’empereur Henri IV d’Allemagne. Pour avoir osé passer outre l’autorité du pape, ce monarque fut excommunié et déchu de son trône. Terrifié de voir ses propres princes l’abandonner et le menacer — encouragés dans leur rébellion contre lui par le décret du pape — Henri se rendit compte de la nécessité de faire la paix avec Rome. Accompagné de son épouse et d’un fidèle serviteur, il traversa les Alpes en plein hiver pour s’humilier devant le pape. Arrivé au château dans lequel Grégoire VII s’était retiré, il fut conduit, sans être accompagné de ses gardes, dans une cour extérieure. Là, dans le froid rigou-reux de l’hiver, tête nue, pieds nus et misérablement vêtu, il dut attendre la permission du pape pour paraître en sa présence. Ce n’est qu’au bout de trois jours de jeûne et de confession que le pontife consentit à lui accorder son pardon. Mais, ce fut seulement à condition que l’empereur attende l’autorisation du pape avant de reprendre les insignes de sa royauté ou d’en exercer les prérogatives. Grégoire VII, enivré de son triomphe, se vanta qu’il était de son devoir d’abaisser l’orgueil des rois.GE3 52.4

    Quel contraste entre l’orgueil arrogant de ce pontife hautain et la douceur et l’humilité du Christ, qui se présente comme plaidant à la porte de notre cœur, demandant à y entrer 26Apocalypse 3.20., pour y apporter le pardon et la paix, et qui enseignait ceci à ses disciples : « Quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave » 27Matthieu 20.27. !GE3 53.1

    Les siècles suivants furent témoins d’une accumulation constante d’erreurs graves dans les doctrines professées par Rome. Même avant l’établissement de la papauté, les enseignements des philosophes païens avaient bénéficié d’une grande attention de la part de l’Église et avaient exercé leur influence sur elle. Beaucoup de personnes prétendument converties avaient conservé les enseignements de la philosophie païenne, et non seulement continuaient à les étudier, mais encourageaient aussi les autres à les adopter afin d’accroître leur influence sur les païens. De graves erreurs pénétrèrent ainsi dans la foi chrétienne. Parmi les principales se trouvait la croyance à l’immortalité naturelle de l’homme et à son état conscient dans la mort. Cette doctrine jeta les bases sur lesquelles l’Église de Rome fonda l’invocation des saints et l’adoration de la vierge Marie. C’est aussi d’elle que provient l’hérésie des tourments éternels réservés aux impénitents, incorporée très tôt dans la foi papale.GE3 53.2

    Le chemin fut alors préparé pour l’introduction d’une autre invention du paganisme, le «purgatoire”, que Rome utilisa pour terroriser les foules crédules et superstitieuses. Cette hérésie affirme l’existence d’un lieu de tourments, dans lequel les âmes de ceux qui n’ont pas mérité la damnation éternelle doivent subir un châtiment pour leurs péchés. Une fois libérées de leurs impuretés, elles peuvent en sortir pour être admises au ciel 28Voir appendice, note 8..GE3 53.3

    Une autre invention était encore nécessaire pour permettre à Rome de tirer profit des craintes et des vices de ses adhérents : celle de la doctrine des indulgences. Une entière rémission des péchés, passés, présents et futurs, mais également la rémission de toutes les peines et sanctions encourues, étaient promises à tous ceux qui s’enrôleraient dans les guerres du pontife pour étendre sa domination temporelle, punir ses ennemis ou exterminer ceux qui osaient nier sa suprématie spirituelle. On enseignait aux gens du peuple que le don d’argent à l’Église pouvait les libérer du péché et libérer aussi les âmes de leurs amis décédés qui étaient prisonnières des flammes du purgatoire. C’est par de tels moyens que Rome remplissait ses coffres et entretenait la magnificence, le luxe et les vices des soi-disant représentants de celui qui n’avait pas « où poser sa tête » 29Matthieu 8.20; voir appendice, note 9..GE3 53.4

    L’ordonnance biblique de la Sainte cène avait été remplacée par le sacrifice idolâtre de la messe. Les prêtres prétendaient, par leurs cérémonies privées de sens, transformer le simple pain et le simple vin « en corps et en sang réels du Christ » 30Cardinal Wiseman, The Real Presence of the Body and Blood of Our Lord Jesus Christ in the Blessed Eucharist, Proved From Scripture [La présence réelle du corps et du sang de notre Seigneur Jésus-Christ dans la sainte eucharistie, prouvée d’après les Écritures], exposé 8, section 3, paragraphe 26.. Avec une arrogance blasphématoire, ils revendiquaient ouvertement le pouvoir de créer Dieu, le Créateur de toutes choses. Les chrétiens étaient tenus, sous peine de mort, de confesser leur foi en cette horrible hérésie, véritable insulte envers le ciel. Des multitudes de personnes qui refusèrent de le faire furent livrées aux flammes du bûcher 31Voir appendice, note 10..GE3 53.5

    Au XIIIe siècle fut instauré le plus terrible de tous les instruments de la papauté: l’Inquisition. Le prince des ténèbres travailla avec les dirigeants de la hiérarchie papale. Dans leurs conseils secrets, Satan et ses anges dominaient l’esprit de ces hommes méchants, tandis que debout au milieu d’eux un ange de Dieu invisible enregistrait fidèlement leurs décrets iniques et rédigeait l’histoire d’actes trop affreux pour être révélés à des humains. « Babylone la Grande» était « ivre du sang des saints » 32Apocalypse 17.5,6.. Les corps torturés de millions de martyrs crièrent vengeance devant Dieu contre cette puissance apostate.GE3 54.1

    La papauté était devenue le despote du monde. Rois et empereurs se pliaient aux décrets du pontife romain. Le destin des hommes, aussi bien en ce monde que pour l’éternité, semblait être entre ses mains. Pendant des siècles, les doctrines de Rome furent largement et implicitement acceptées, ses rites respectueusement accomplis et ses fêtes observées partout. Son clergé était honoré et généreusement soutenu financièrement. Plus jamais l’Église romaine n’atteignit un si haut degré de dignité, de magnificence ou de puissance.GE3 54.2

    Mais « le midi de la papauté fut le minuit du monde 33J.A. Wylie, The History ofProtestantism [Histoire du protestantisme], livre 1, chapitre 4.». Les Saintes Écritures étaient presque inconnues, non seulement du peuple, mais aussi des prêtres. Comme les Pharisiens d’autrefois, les dirigeants haïssaient la lumière qui aurait révélé leurs péchés. La loi de Dieu, la norme de la justice, ayant été mise de côté, ils exerçaient leur pouvoir sans limites et pratiquaient le vice sans retenue. La fraude, l’avarice et l’immoralité prévalaient. Les hommes ne reculaient devant aucun crime pour obtenir la richesse ou la position sociale. Les palais des papes et des prélats étaient le théâtre des débauches les plus infâmes. Certains des pontifes qui régnaient se rendirent coupables de crimes si révoltants que les dirigeants séculiers s’efforcèrent de faire révoquer ces dignitaires de l’Église comme des monstres trop vils pour être tolérés. Pendant des siècles, l’Europe ne fit aucun progrès dans les connaissances, les arts ou la civilisation. Une véritable paralysie morale et intellectuelle s’était abattue sur la chrétienté.GE3 54.3

    La condition du monde sous la domination de la puissance romaine constitue un accomplissement terrible et frappant des paroles du prophète Osée: « Mon peuple périt, parce qu’il n’a pas la connaissance. Puisque, toi, tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai de mon sacerdoce; comme tu as oublié la loi de ton Dieu, moi, de même, j’oublierai tes fils 34Osée 4.6.. » « Il n’y a ni loyauté, ni fidélité, ni connaissance de Dieu dans le pays. Il n’y a que malédiction et dissimulation, assassinats, vols et adultères ; on use de violence, on commet meurtre sur meurtre 35Versets 1,2.. » Telles furent les conséquences du rejet de la Parole de Dieu.GE3 54.4

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