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    14 - Les progrès de la Réforme en Grande-Bretagne

    Pendant que Luther présentait au peuple allemand la Bible qui jusque-là lui était restée fermée, Tyndale fut poussé par l’Esprit de Dieu à faire de même pour l’Angleterre. La Bible de Wycliffe avait été traduite à partir du texte latin, qui contenait de nombreuses erreurs. Elle n’avait jamais été imprimée, et la somme nécessaire pour la faire recopier à la main était si élevée que peu de gens, sinon des riches et des nobles, pouvaient se la procurer. De plus, l’Église l’ayant strictement interdite, elle n’avait eu qu’un tirage relativement limité. En 1516, un an avant l’apparition des thèses de Luther, Érasme avait publié sa version grecque et latine du Nouveau Testament. Pour la première fois, la Parole de Dieu était imprimée dans sa langue originale. Dans cette édition, beaucoup d’erreurs contenues dans les versions précédentes avaient été corrigées, et le sens était plus clairement rendu. Elle amena de nombreuses personnes parmi les classes instruites à une meilleure connaissance de la vérité et apporta un nouvel élan à l’œuvre de la Réforme. Mais les gens du peuple étaient encore, dans une grande mesure, privés de l’accès à la Parole de Dieu. C’est Tyndale qui allait compléter le travail de Wycliffe en donnant la Bible à ses compatriotes.GE3 181.1

    Étudiant diligent et chercheur avide de la vérité, il avait reçu l’Évangile du Nouveau Testament grec d’Érasme. Il prêchait hardiment ses convictions, faisant valoir que toute doctrine doit être éprouvée par les Écritures. À la prétention des papistes qui professaient que c’était l’Église qui avait donné la Bible au monde et qu’elle seule avait le droit de l’interpréter, Tyndale répondait: « Savez-vous qui a enseigné aux aigles à trouver leur proie ? Eh bien, ce même Dieu enseigne à ses enfants affamés à trouver leur Père céleste dans sa Parole. Loin de nous avoir donné les Écritures, c’est vous qui nous les avez cachées; c’est vous qui brûlez ceux qui les enseignent, et, si vous le pouviez, vous brûleriez les Écritures elles-mêmes 1J. H. Merle d’Aubigné, Histoire de la Réformation du seizième siècle, livre 18, chapitre 4.GE3 181.2

    La prédication de Tyndale produisit un profond intérêt. De nombreuses personnes acceptèrent la vérité. Mais les prêtres étaient sur le qui-vive ; à peine le prédicateur avait-il quitté son champ de travail qu’ils tentaient, par leurs menaces et leurs calomnies, de détruire son œuvre. Ils n’y réussirent que trop souvent. « Que faire ? s’exclamait Tyndale. Pendant que je sème dans un endroit, l’ennemi ravage le champ que je viens de quitter. Je ne peux être partout à la fois. Oh, si les chrétiens possédaient les Saintes Écritures dans leur propre langue, ils pourraient eux-mêmes résister à ces sophistes. Sans la Bible, il est impossible d’affermir les membres laïques dans la vérité 2Idem.GE3 181.3

    Son esprit conçut alors un nouveau dessein. « C’est dans la langue d’Israël, dit-il, que les psaumes étaient chantés dans le temple de Dieu; l’Évangile ne devrait-il pas parler parmi nous la langue de l’Angleterre? [...] L’Église devrait-elle avoir moins de lumière à midi qu’à l’aurore? [...] Il faut que les chrétiens lisent le Nouveau Testament dans leur langue maternelle. » Les docteurs et les professeurs de l’Église n’étant pas d’accord entre eux, ce n’est que par la Bible que les hommes pourraient arriver à la vérité. «L’un est en faveur de tel docteur, un autre de tel autre. [...] Or, chacun de ces auteurs est en contradiction avec l’autre. Comment pourrons-nous donc discerner entre celui qui dit vrai et celui qui dit faux? [...] Comment ? [... ] En vérité, par la Parole de Dieu 3Idem.. ”GE3 182.1

    Peu de temps après, un savant docteur catholique, entrant en controverse avec lui, s’exclama : « Il vaudrait mieux se passer des lois de Dieu que de celles du pape. » Tyndale répondit: « Je défie le pape et toutes ses lois; et, si Dieu épargne ma vie, avant longtemps je ferai en sorte qu’un jeune garçon qui conduit la charrue connaisse mieux l’Écriture que vous 4 Anderson, Aimais of the English Bible [Les annales de la Bible anglaise], p. 19.. ”GE3 182.2

    Le projet qu’il avait commencé à concevoir, de donner au peuple les Écritures du Nouveau Testament dans leur propre langue, fut alors confirmé, et il se mit immédiatement à l’ouvrage. Chassé de chez lui par la persécution, il se rendit à Londres et y poursuivit ses travaux pendant un certain temps sans être dérangé. Mais, de nouveau, la violence des papistes le força à s’enfuir. Toute l’Angleterre lui paraissant fermée, il résolut de chercher asile en Allemagne. C’est là qu’il commença à faire imprimer le Nouveau Testament en anglais. Par deux fois, ce travail fut interrompu. Mais, lorsqu’on lui interdisait d’imprimer dans une ville, il allait dans une autre. Il arriva enfin à Worms, où, quelques années auparavant, Luther avait plaidé la cause de l’Évangile devant la diète. Dans cette ville ancienne résidaient de nombreux amis de la Réforme, et Tyndale put y poursuivre son œuvre sans encombre. Trois mille exemplaires du Nouveau Testament furent bientôt imprimés, et une autre édition suivit la même année.GE3 182.3

    Il continua sa tâche avec beaucoup de ferveur et de persévérance. Bien que les autorités anglaises aient fait surveiller leurs ports avec la plus stricte vigilance, la Parole de Dieu fut, de diverses manières, transportée secrètement jusqu’à Londres, et, de là, diffusée dans tout le pays. Les papistes tentèrent de détruire la vérité, mais en vain. L’évêque de Durham acheta en une seule fois à un libraire ami de Tyndale tout son stock de Bibles dans le but de les détruire, en supposant que cela entraverait considérablement cette œuvre. Bien au contraire, l’argent ainsi versé permit d’acheter le matériel nécessaire à la parution d’une nouvelle édition améliorée, qui, sans cela, n’aurait pu être publiée. Lorsque Tyndale fut emprisonné plus tard, on lui offrit de le libérer à condition qu’il révèle le nom de ceux qui l’avaient aidé à couvrir les dépenses pour faire imprimer ses Bibles. Il répondit que l’évêque de Durham avait fait plus que n’importe quelle autre personne. En effet, en versant une grosse somme pour les exemplaires encore invendus, il lui avait permis de poursuivre son œuvre avec courage.GE3 182.4

    Tyndale fut trahi. Livré aux mains de ses ennemis, il dut subir un emprisonnement de plusieurs mois. Il témoigna finalement de sa foi en mourant en martyr; mais les armes qu’il avait préparées permirent à d’autres soldats de combattre à travers tous les siècles, même jusqu’à notre époque.GE3 182.5

    Latimer professait, du haut de la chaire, que la Bible doit être lue dans la langue des gens du peuple. L’auteur de l’Écriture sainte, disait-il, « est Dieu lui-même”; et cette Écriture participe à la puissance et à l’éternité de son auteur. « Il n’y a ni roi, ni empereur, ni magistrat, ni dirigeant [...] qui ne soit tenu d’obéir [...] à sa sainte Parole. [...] Ne prenons pas de chemin de traverse, mais que ce soit la Parole de Dieu qui nous dirige; ne suivons pas [...] la voie de nos ancêtres, et ne cherchons pas à faire ce qu’ils firent, mais plutôt ce qu’ils auraient dû faire 5Hugh Latimer, Premier sermon prêché devant le roi Édouard VI.GE3 183.1

    Barnes et Frit, les fidèles amis de Tyndale, se levèrent pour prendre la défense de la vérité. Les frères Dudley et Cranmer suivirent. Ces dirigeants de la Réforme en Angleterre étaient des érudits, et la plupart d’entre eux avaient joui d’une haute estime pour leur zèle ou leur piété lorsqu’ils étaient encore membres de l’Église romaine. Leur opposition à la papauté était le résultat de leur prise de conscience des erreurs du «Saint Siège”. Leur connaissance personnelle des mystères de Babylone conférait davantage de puissance à leur témoignage contre elle.GE3 183.2

    « Je vais maintenant vous poser une étrange question, disait Latimer. Qui est l’évêque et le prélat le plus zélé de toute l’Angleterre? [...] Je vous vois tous écoutant et attendant que je vous le nomme. [...] Je vais vous le dire: c’est le diable. [...] Il n’est jamais en dehors de son diocèse; venez le voir quand vous voulez: il est toujours chez lui; [...] il est toujours à la charrue. [...] Vous ne le trouverez jamais à ne rien faire, je vous le garantis. [...] Lorsque le diable est là, [...] à bas les livres, vivent les cierges! À bas les Bibles, vivent les chapelets! A bas la lumière de l’Évangile, vive celle des cierges, même en plein midi! [...] À bas la croix du Christ, vive le purgatoire qui vide vos poches! [...] À bas les vêtements qu’on donne à eux qui sont nus, pauvres, ou impotents! Vivent la sculpture et les gais ornements de la pierre et du bois! Vivent les traditions et les lois humaines! À bas les traditions divines et la très sainte Parole de Dieu! [...] Oh, si seulement nos prélats pouvaient être aussi zélés pour semer la semence de la saine doctrine que Satan l’est pour semer la nielle et l’ivraie 6Hugh Latimer, Sermon sur la charrue. ! ”GE3 183.3

    Le grand principe revendiqué par ces réformateurs, le même qui avait été professé par les Vaudois, par Wycliffe, par Jean Hus, par Luther, par Zwingli et ceux qui s’étaient joints à eux, était l’autorité infaillible des Saintes Écritures comme règle de foi et de pratique. Ils rejetaient le droit des papes, des conciles, des Pères de l’Église et des rois de dominer sur les consciences en matière de religion. La Bible était leur autorité, et c’est par ses enseignements qu’ils éprouvaient toutes les doctrines et toutes les prétentions. C’est la foi en Dieu et en sa Parole qui soutenait ces saints hommes lorsqu’ils donnaient leur vie sur le bûcher. « Prenez courage, disait Latimer aux autres martyrs alors que les flammes allaient faire taire leur voix, nous allumerons aujourd’hui une telle lumière en Angleterre, par la grâce de Dieu, (lue, j’en ai la certitude, elle ne pourra jamais être éteinte 7Œuvres de Hugh Latimer, volume 1, p. xxxi..”GE3 183.4

    En Écosse, les semences de vérité répandues par Colomba et ses collaborateurs n’avaient jamais été totalement détruites. Des centaines d’années après que les I Églises de l’Angleterre s’étaient soumises à Rome, celles de l’Écosse avaient conservé leur liberté. Cependant, au XIIe siècle, le papisme s’y installa et y exerça une domination plus absolue qu’en aucun autre pays. Nulle part les ténèbres ne furent plus épaisses. Mais des rayons de lumière vinrent encore percer cette obscurité et appor ter la promesse du lever du jour. Les Lollards, venus d’Angleterre avec la Bible et les enseignements de Wycliffe, firent beaucoup pour préserver la connaissance de l’Évangile, et chaque siècle eut ses témoins et ses martyrs.GE3 183.5

    Avec l’avènement de la Grande Réforme arrivèrent les écrits de Luther, puis le Nouveau Testament en anglais de Tyndale. Sans que la hiérarchie les remarque, ces messagers parcoururent silencieusement les montagnes et les vallées, rallumant le flambeau de la vérité presque éteint en Écosse et défaisant l’œuvre réalisée par Rome pendant quatre siècles d’oppression.GE3 184.1

    Le sang des martyrs apporta un nouvel essor à ce mouvement. Les dirigeants papistes, s’éveillant soudain au danger qui menaçait leur cause, envoyèrent au bûcher quelques-uns des plus nobles et des plus honorés des fils de l’Écosse. Ils ne firent que dresser une chaire depuis laquelle les paroles de ces témoins mourants furent entendues dans tout le pays, inspirant à l’âme de toute la population le dessein inextinguible de rejeter les chaînes de l’Église romaine.GE3 184.2

    Hamilton et Wishart, aussi distingués par leur caractère que par leur naissance, ainsi qu’une foule de disciples plus humbles, donnèrent leur vie sur le bûcher. Mais, de ce bûcher où périt Wishart sortit quelqu’un que les flammes n’allaient pas réduire au silence, quelqu’un qui, sous la direction divine, allait sonner le glas du papisme en Écosse.GE3 184.3

    John Knox s’était détourné des traditions et du mysticisme de l’Église pour se nourrir des vérités de la Parole de Dieu. Les enseignements de Wishart confirmèrent sa décision de quitter l’Église romaine pour se joindre aux réformateurs persécutés.GE3 184.4

    Pressé par ses compagnons d’accepter un poste de prédicateur, il recula en tremblant devant les responsabilités de ce poste. Ce ne fut qu’après des jours de retraite et de douloureux conflit avec lui-même qu’il y consentit. Mais, une fois qu’il eut accepté ce poste, il alla de l’avant jusqu’à la fin de sa vie avec une détermination inflexible et un courage indomptable. Ce réformateur loyal ne craignait pas le visage de l’homme. Les feux du martyre qui flambaient autour de lui ne servirent qu’à stimuler l’intensité de son zèle. Même sous la menace de la hache du tyran suspendue au-dessus de sa tête, il demeura ferme, frappant de grands coups à droite et à gauche pour démolir l’idolâtrie.GE3 184.5

    Lorsqu’il fut amené devant la reine d’Écosse, en présence de laquelle le zèle de nombreux dirigeants protestants avait fléchi, John Knox rendit un témoignage inflexible de la vérité. On ne pouvait le gagner par la flatterie; les menaces ne l’intimidaient pas. La reine l’accusa d’hérésie. Il avait enseigné aux gens du peuple à recevoir une religion qui avait été interdite par l’État, déclara-t-elle, et avait ainsi transgressé le commandement divin ordonnant aux sujets d’obéir à leurs princes. John Knox lui répondit fermement :GE3 184.6

    « Puisque la vraie religion ne doit ni sa force, ni son autorité originelles aux princes de ce monde, mais seulement au Dieu éternel, les sujets ne sont pas tenus de conformer leur religion selon le bon vouloir des princes. Car il arrive souvent que les princes soient les plus ignorants de tous en ce qui concerne la véritable religion de Dieu. [...] Si tous les descendants d’Abraham avaient partagé la religion du Pharaon, dont ils furent longtemps les sujets, je vous pose la question, Madame : quelle religion y aurait-il eu dans le monde ? Ou bien, si tous les hommes à l’époque des apôtres avaient partagé celle des empereurs romains, quelle religion y aurait il eu sur la face de la terre? [...] Ainsi, Madame, comme vous pouvez le comprendre, les sujets ne sont pas tenus de partager la religion de leurs princes, bien qu’ils aient reçu l’ordre de leur obéir. ”GE3 184.7

    La reine Mary répondit: «Vous interprétez les Écritures d’une manière, et eux (les docteurs de l’Église catholique romaine] d’une autre; qui dois-je croire, et qui sera juge?»GE3 185.1

    «Vous devez croire Dieu, qui parle clairement dans sa Parole, répondit le réformateur; vous ne devez croire ni celui-ci, ni celui-là au-delà de ce que cette Parole vous enseigne. La Parole de Dieu est suffisamment claire; si un passage vous paraît obscur, le Saint-Esprit, qui n’est jamais en contradiction avec lui-même, l’explique plus clairement dans d’autres passages, de sorte qu’il ne peut demeurer aucun doute, sinon pour ceux qui veulent rester obstinément ignorants 8David Laign, Œuvres de John Knox, volume 2, p. 281, 284.. ”GE3 185.2

    Telles furent les vérités que cet intrépide réformateur, au péril de sa vie, prononça dans l’oreille royale. C’est avec le même courage indomptable qu’il poursuivit son œuvre, priant et livrant les batailles du Seigneur jusqu’à ce que l’Écosse soit libérée du papisme.GE3 185.3

    En Angleterre, l’adoption du protestantisme comme religion nationale atténua la persécution, mais sans la faire disparaître complètement. Bien que de nombreuses doctrines de l’Église romaine aient été abandonnées, un bon nombre de ses formes furent conservées. La suprématie papale fut rejetée, mais, à la place, le monarque fut intronisé comme chef de l’Église. Le culte dans les églises était encore loin de la pureté et de la simplicité de l’Évangile. Le grand principe de la liberté religieuse n’avait pas encore été compris. Bien que les dirigeants protestants n’aient eu que rarement recours aux atrocités que l’Église romaine avait utilisées contre l’hérésie, le droit de chaque homme d’adorer Dieu selon les exigences de sa propre conscience n’était pas reconnu. Tous devaient accepter les doctrines et observer les formes de culte prescrites par l’Église établie. Les dissidents subirent la persécution, dans une mesure plus ou moins grande, pendant des centaines d’années.GE3 185.4

    Au XVIIe siècle, des milliers de pasteurs furent dépossédés de leur ministère. Il était interdit aux gens du peuple, sous peine de lourdes amendes, d’emprisonnement et de bannissement, d’assister à toute assemblée religieuse autre que celles sanctionnées par l’Église. Les âmes fidèles qui ne voulaient pas renoncer à se réunir pour adorer Dieu étaient obligées de le faire dans de sombres ruelles, dans des greniers obscurs, et, pendant la belle saison, dans les bois en plein minuit. C’est dans les profondeurs protectrices de la forêt, qui leur fournissait un temple édifié par Dieu lui-même, que ces enfants de Dieu dispersés et persécutés se retrouvaient pour répandre leur âme pi prière et en louanges. Mais, malgré toutes leurs précautions, beaucoup souffrirent à cause de leur foi. Les prisons regorgeaient. Des familles étaient séparées. Beaucoup d’entre eux furent bannis dans des pays étrangers. Cependant, Dieu était avec son peuple, et la persécution ne réussit pas à réduire leur témoignage au silence. Beaucoup d’entre eux traversèrent l’océan pour se réfugier en Amérique, où ils posèrent les fondations de la liberté civile et religieuse, qui ont été le bastion de ce pays et qui ont fait sa gloire.GE3 185.5

    Comme à l’époque apostolique, on put dire que la persécution « a plutôt contribué aux progrès de la bonne nouvelle 9Philippiens 1.12. ». Dans un cachot infect rempli de débauchés et de criminels, John Bunyan respirait l’atmosphère même du ciel. C’est là qu’il rédigea sa merveilleuse allégorie racontant le voyage d’un pèlerin du pays de la perdition à la cité céleste. Pendant des siècles, cette voix provenant de la prison de Bedford a parlé avec une puissance saisissante au cœur des hommes. Le Voyage du pèlerin et La grâce abondante pour le premier des pécheurs, de Bunyan, ont guidé bien des pas vers le chemin de la vie.GE3 185.6

    Baxter, Flavel, Alleine et autres hommes talentueux, instruits et riches d’une profonde expérience chrétienne, se levèrent à leur tour pour prendre courageusement la défense de « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes 10Jude 3.». L’œuvre réalisée par ces hommes, proscrits et déclarés hors la loi par les dirigeants de ce monde, ne pourra jamais périr. La fontaine de vie et La méthode de la grâce, de Flavel, ont appris à des milliers de personnes comment confier leur âme au Christ. Le pasteur réformé de Baxter a été une bénédiction pour de nombreuses personnes qui désiraient voir un réveil au sein de l’œuvre de Dieu, et son livre Le repos éternel des saints a contribué à amener des âmes au « repos sabbatique pour le peuple de Dieu 11Hébreux 4.9.».GE3 186.1

    Un siècle plus tard, à une époque de profondes ténèbres spirituelles, Whitefield et les frères Wesley parurent comme des porte-flambeaux pour le Seigneur. Sous la domination de l’Église établie, le peuple d’Angleterre était retombé dans un état de déclin religieux à peine distinct du paganisme. La religion naturelle était le sujet d’étude favori du clergé et constituait la plus grande partie de sa théologie. Les classes supérieures de la société se moquaient de la piété et se glorifiaient d’être au-dessus de ce qu’elles appelaient le fanatisme de celle-ci. Les classes inférieures étaient plongées dans une ignorance grossière et dans le vice, tandis que l’Église n’avait plus ni le courage, ni la foi nécessaires pour soutenir la cause agonisante de la vérité.GE3 186.2

    La grande doctrine de la justification par la foi, si clairement enseignée par Luther, avait été presque totalement perdue de vue. Et le principe de l’Église romaine, consistant à se confier en ses bonnes œuvres pour hériter du salut, avait pris sa place. Whitefield et les frères Wesley, qui étaient membres de l’Église établie, recherchaient sincèrement la faveur de Dieu. On leur avait appris que celle-ci s’obtient par une vie vertueuse et par l’observation des rites de la religion.GE3 186.3

    Un jour, alors que Charles Wesley, gravement malade, attendait l’approche de la mort, quelqu’un lui demanda sur quoi il faisait reposer son espérance de vie éternelle. Il répondit : « J’ai fait de mon mieux pour servir Dieu. » Voyant que l’ami qui lui avait posé cette question ne semblait pas pleinement satisfait de sa réponse, Wesley pensa: «Quoi! Mes efforts ne sont-ils pas une base suffisante pour mon espérance ? Veut-il me voler mes efforts ? Je n’ai rien d’autre en quoi mettre ma confiance 12John Whitehead, Life of the Rev. Charles Wesley [Vie du Révérend Charles Wesley], p. 102.. » Telles étaient les épaisses ténèbres qui s’étaient abattues sur l’Église, voilant l’expiation, dérobant au Christ sa gloire et détournant l’esprit des hommes de leur seul espoir de salut, le sang du Rédempteur crucifié.GE3 186.4

    Wesley et ses associés furent amenés à se rendre compte que la véritable religion a son siège dans le cœur, et que la loi de Dieu concerne les pensées aussi bien que les paroles et les actes. Convaincus de la nécessité de la sainteté du cœur, ainsi que de la rectitude du comportement extérieur, ils entreprirent avec ferveur une nou elle vie. Par les efforts les plus zélés et accompagnés de prières, ils s’efforcèrent de surmonter les défauts du cœur naturel. Ils vécurent une vie d’abnégation, de charité et d’humilité, observant avec beaucoup de rigueur et de minutie tout ce qui leur paraissaient susceptible de les aider à acquérir ce qu’ils désiraient le plus : la sainteté afin d’obtenir la faveur de Dieu. Mais ce qu’ils recherchaient leur échappa. Leurs efforts pour se libérer de la condamnation du péché ou pour briser son pouvoir lurent vains. Luther avait vécu la même lutte dans sa cellule d’Erfurt; c’était la même question qui avait torturé son âme: «Comment l’homme serait-il juste devant Dieu 13Job 9.2.GE3 186.5

    Les feux de la vérité divine, presque éteints sur les autels du protestantisme, allaient être rallumés depuis l’ancien flambeau transmis au travers des siècles par les chrétiens de Bohême. Après la Réforme, le protestantisme de Bohême avait été écrasé par les hordes de Rome. Tous ceux qui refusaient de renoncer à la vérité avaient été forcés de s’enfuir. Certains d’entre eux, trouvant refuge en Saxe, y maintinrent l’ancienne foi. C’est par les descendants de ces chrétiens que la lumière parvint à Wesley et à ses associés.GE3 187.1

    John et Charles Wesley, après avoir été consacrés au ministère, furent envoyés en mission en Amérique. A bord du navire qui les transportait se trouvait un groupe de Frères moraves. Le navire rencontra de violentes tempêtes, et John Wesley, en présence de la mort, eut le sentiment qu’il ne possédait pas l’assurance de la paix avec Dieu. Les Allemands, au contraire, manifestaient un calme et une confiance qui lui étaient étrangers.GE3 187.2

    « Longtemps auparavant, raconte-t-il, j’avais observé le grand sérieux de leur comportement. Ils avaient donné une preuve continuelle de leur humilité en accomplissant pour les autres passagers les basses besognes qu’aucun des Anglais ne voulait entreprendre, et pour lesquelles ils ne demandèrent ni ne reçurent de paiement. Ils disaient que cela était salutaire pour leur cœur orgueilleux, et que leur bon Sauveur avait fait plus pour eux. Chaque jour leur avait fourni l’occasion de faire preuve d’une douceur qu’aucune offense ne pouvait ébranler. Si on les poussait, si on les frappait ou s’ils étaient projetés de côté et d’autre, ils se relevaient et s’éloignaient; mais aucune plainte ne sortait de leur bouche.GE3 187.3

    « Alors survint le moment de vérifier s’ils étaient vraiment délivrés de l’esprit de crainte, ainsi que celui d’orgueil, de colère et de vengeance. Au milieu du psaume par lequel commençait leur service religieux, la mer se déchaîna, mit en pièces la grand-voile, recouvrit le navire et se déversa entre les ponts comme si le grand abîme nous avait déjà engloutis. Les Anglais se mirent à pousser des hurlements terribles ; mais les Allemands continuèrent calmement à chanter. Je demandai plus tard à l’un d’entre eux: “N’aviez-vous donc pas peur?” Il me répondit: “Grâce à Dieu, non.” Je lui demandai: “Mais vos femmes et vos enfants n’avaient-ils pas peur?” Il répondit avec douceur: “Non; nos femmes et nos enfants n’ont pas peur de mourir.” 14John Whitehead, op. cit., p. 10.GE3 187.4

    En arrivant à Savannah, Wesley logea quelque temps chez les Frères moraves etGE3 187.5

    I ut profondément impressionné par leur comportement chrétien. Parlant d’un de leurs services religieux, qui contrastait de manière frappante avec le formalisme sans vie de l’Église d’Angleterre, il écrivit: « La grande simplicité, ainsi que la grande solennité de tout ce service, me firent presque oublier les dix-sept siècles écoulés, et je m’imaginai dans l’une de ces assemblées où ne régnaient ni formalisme, ni apparat, mais qui étaient présidées par Paul, le “fabricant de tentes 15Actes 18.3.”, ou par Pierre, le pêcheur, caractérisées cependant par “une démonstration d’Esprit, de puissance 161 Corinthiens 2.4; John Whitehead, op. cit., p. 11, 12.”. »GE3 187.6

    De retour en Angleterre, Wesley, sous la direction d’un prédicateur morave, parvint à une compréhension plus claire de la foi biblique. Il fut convaincu qu’il devait renoncer à toute dépendance envers ses propres œuvres pour obtenir le salut et faire totalement confiance à « l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde 17Jean 1.29. ». Au cours d’une réunion de la Société morave à Londres, on lut une déclaration de Luther décrivant le changement opéré par l’Esprit de Dieu dans le cœur du croyant. Alors qu’il écoutait cette lecture, la foi s’éveilla dans le cœur de Wesley. «Je sentis une chaleur étrange dans mon cœur, raconte-t-il. J’eus le sentiment que je me confiais en Christ, et en Christ seul, pour mon salut; et je reçus l’assurance qu’il avait enlevé mes péchés, oui, les miens, et qu’il m’avait sauvé “de la loi du péché et de la mort 18Romains 8.2; John Whitehead, op. cit., p. 52.”. »GE3 188.1

    Au cours de longues années d’efforts pénibles et décevants, des années de rigoureuse abnégation, de reproches adressés à lui-même et d’humiliation, Wesley avait poursuivi avec constance son seul dessein de chercher Dieu. Maintenant, il l’avait trouvé. Et il découvrit que la grâce qu’il avait tant peiné à gagner par des prières et des jeûnes, par des aumônes et par des actes de renoncement, était un don offert « sans argent, sans rien payer 19Ésaïe 55.1 ».GE3 188.2

    Une fois qu’il fut confirmé dans la foi en Christ, toute son âme brûla du désir de répandre partout la connaissance du glorieux Évangile de la grâce de Dieu. «Je considère le monde entier comme ma paroisse, disait-il ; en quelque partie du monde où je me trouve, je considère comme convenable, juste et de mon devoir impérieux de proclamer à tous ceux qui veulent bien l’entendre la bonne nouvelle du salut 20Ibid., p. 74.. »GE3 188.3

    Il continua sa vie de stricte abnégation, non plus maintenant comme le motif, mais comme la conséquence de la foi ; non comme la racine, mais comme le fruit de la sainteté. La grâce de Dieu offerte en Christ est la fondation de l’espérance du chrétien, et cette grâce se manifeste par l’obéissance. La vie de Wesley fut désormais consacrée à la prédication des grandes vérités qu’il avait reçues: la justification par la foi au sang expiatoire du Christ et la puissance régénératrice du Saint-Esprit dans le cœur de l’homme, dont le fruit est une vie conforme à l’exemple du Christ.GE3 188.4

    Whitefield et les frères Wesley avaient été préparés pour leur œuvre par la conviction prolongée et intense de leur propre état de perdition. Pour pouvoir endurer les épreuves comme de bons soldats du Christ, ils avaient été soumis à la fournaise de la moquerie, de la dérision et de la persécution, aussi bien à l’Université que lorsqu’ils étaient entrés dans le ministère. Leurs condisciples impies les avaient surnommés avec mépris, eux et quelques autres qui sympathisaient avec eux, «méthodistes”; nom qui, aujourd’hui, est considéré comme honorable par l’une des plus importantes dénominations d’Angleterre et d’Amérique.GE3 188.5

    En tant que membres de l’Église d’Angleterre, ils étaient fortement attachés aux formes de son culte. Mais le Seigneur leur avait présenté dans sa Parole un idéal plus élevé. Le Saint-Esprit les poussa à prêcher «Jésus-Christ — Jésus-Christ crucifié 211 Corinthiens 2.2. ». La puissance du Très-Haut accompagnait leur œuvre. Des milliers de personnes furent convaincues de péché et passèrent par une authentique conversion. Il était nécessaire que ces brebis soient protégées des « loups voraces 22Matthieu 7.15. ». Wesley n’avait pas l’intention de créer une nouvelle dénomination, mais organisa ces personnes en une société appelée « Connexion méthodiste».GE3 189.1

    Ces prédicateurs rencontrèrent, de la part de l’Église établie, une mystérieuse et éprouvante opposition. Mais Dieu, dans sa sagesse, avait dirigé les événements de manière à ce que la Réforme commence à l’intérieur de l’Église même. Si celle-ci était venue tout entière de l’extérieur, elle n’aurait pas pu pénétrer là où elle était si nécessaire. Mais, du fait que les prédicateurs du réveil étaient des hommes d’Église et travaillaient dans le cadre de l’Église partout où l’occasion s’offrait à eux, la vérité trouvait une porte ouverte là où celle-ci serait demeurée fermée s’il en avait été autrement. Quelques membres du clergé s’éveillèrent de leur sommeil spirituel et devinrent des prédicateurs zélés dans leurs paroisses respectives. Des Églises qui avaient été fossilisées par le formalisme revinrent à la vie.GE3 189.2

    À l’époque de Wesley, comme dans tous les siècles de l’histoire de l’Église, des hommes possédant des dons différents accomplirent l’œuvre qui leur avait été assignée. Ils n’étaient pas d’accord sur tous les points de doctrine, mais tous étaient poussés par l’Esprit de Dieu et unis dans l’objectif suprême de gagner des âmes au Christ. Les différences entre Whitefield et les frères Wesley menacèrent un jour de créer entre eux une rupture. Mais, en apprenant la douceur à l’école du Christ, leur patience et leur charité les réconcilièrent. Ils n’avaient pas de temps à perdre en controverses alors que l’erreur et l’iniquité foisonnaient partout et que les pécheurs allaient à la perdition.GE3 189.3

    Les serviteurs de Dieu durent suivre un sentier raboteux. Des hommes influents et instruits utilisèrent leurs pouvoirs contre eux. Au bout d’un certain temps, de nombreux membres du clergé manifestèrent une hostilité déterminée, et les portes des Églises se fermèrent à la foi pure et à ceux qui la proclamaient. L’attitude des membres du clergé, qui les dénonçaient du haut de la chaire, déchaîna les éléments des ténèbres, de l’ignorance et de l’iniquité. À de nombreuses reprises, John Wesley n’échappa à la mort que par un miracle de la miséricorde divine. Lorsque la fureur de la populace était dirigée contre lui, et qu’il semblait n’avoir aucun moyen de s’échapper, un ange sous forme humaine prenait place à ses côtés, la foule reculait et le serviteur du Christ s’éloignait en toute sécurité de cet endroit dangereux.GE3 189.4

    Wesley raconte ainsi comment il fut délivré de la populace enragée à l’une de ces occasions: « Plusieurs tentèrent de me jeter à terre pendant que nous descendions la colline en direction de la ville sur un sentier glissant, supposant que, si j’étais à terre, j’avais peu de chances de me relever. Mais je ne trébuchai pas, je ne glissai pas, jusqu’à ce que je sois totalement hors de leur atteinte. [...] Bien que plusieurs aient tenté de me saisir par le col ou par mes vêtements pour me faire tomber, ils ne purent rien attraper; un seul d’entre eux réussit à me saisir par le pan de mon gilet, qui lui resta dans la main; l’autre pan, dont la poche contenait un billet de banque, ne fut déchiré qu’à moitié. [...] Un homme robuste qui se tenait juste derrière moi frappa plusieurs fois dans ma direction à l’aide d’un gros gourdin de chêne; s’il m’avait atteint une seule fois sur l’arrière de la tête, il n’aurait pas eu besoin de recommencer. Mais, chaque fois, le coup fut détourné, je ne sais comment, car je ne pouvais bouger ni à droite, ni à gauche. [...] Un autre fendit la foule, le bras levé pour me frapper, mais il l’abaissa soudain et se contenta de me caresser la tête en disant: “Que ses cheveux sont doux!” [...] Les tout premiers hommes dont le cœur fut touché furent les fiers-à-bras de cette ville, les meneurs de cette populace prête à tout ; l’un d’entre eux avait été boxeur à la Fosse aux ours. [...]GE3 189.5

    « Avec quelle tendre sollicitude Dieu nous prépare progressivement pour accomplir sa volonté ! Il y a deux ans, un morceau de brique effleura mes épaules. L’année suivante, une pierre me frappa entre les deux yeux. Le mois dernier, je reçus un coup, et deux ce soir: l’un avant d’arriver dans la ville, et l’autre après l’avoir quittée; mais je n’ai pratiquement pas senti ces deux coups; car bien que le premier homme m’ait frappé en pleine poitrine de toutes ses forces, et l’autre sur la bouche avec une telle violence que le sang jaillit immédiatement, je ne ressentis pas plus de douleur de ces deux coups que s’ils m’avaient touché avec une paille 23John Wesley, Œuvres, volume 3, p. 297, 298.. ”GE3 190.1

    Les méthodistes de ces premiers jours, gens du peuple et prédicateurs, durent subir la moquerie et la persécution, aussi bien de la part de membres de l’Église que de personnes ouvertement irréligieuses excitées par des calomnies. On les traîna devant des tribunaux, qui méritaient mal leur nom car il était rare d’y trouver la justice à cette l’époque. Ils souffrirent souvent d’actes de violence de la part de leurs persécuteurs. Des foules allaient de maison en maison, saccageant les meubles et les biens, s’emparant de ce qui leur plaisait et brutalisant les hommes, les femmes et les enfants. Dans certains cas, des affiches publiques était apposées, invitant ceux qui désiraient aider à casser les vitres et à voler dans les maisons des méthodistes à se rassembler au lieu et à l’heure indiqués. Ces transgressions manifestes de la loi divine aussi bien que des lois humaines n’étaient l’objet d’aucune réprimande. Une persécution systématique fut menée contre un peuple dont le seul crime était de chercher à détourner les pieds des pécheurs du sentier de la perdition vers celui de la sainteté.GE3 190.2

    John Wesley, mentionnant les accusations proférées contre lui-même et ses associés, disait : « Certains prétendent que les doctrines de ces hommes sont fausses, erronées et fanatiques ; qu’elles sont nouvelles et qu’on n’en a jamais entendu parler, sinon récemment; que c’est du quakerisme, du fanatisme et du papisme. On a déjà coupé l’herbe sous le pied de toutes ces fausses accusations, car il a été montré en détail que chaque élément de cette doctrine est la pure doctrine de l’Écriture interprétée par notre propre Église. Elle ne peut donc être ni fausse, ni erronée, si l’Écriture est vraie. [...] D’autres prétendent: “Leur doctrine est trop stricte; ils rendent trop étroit le chemin du ciel.” C’est, en fait, l’objection originelle (et c’était presque la seule pendant un certain temps), qui est secrètement à la base d’un millier d’autres qui apparaissent sous diverses formes. Mais rendent-ils plus étroit le chemin du ciel que ne l’ont fait le Seigneur et ses apôtres? Leur doctrine est-elle plus stricte que celle de la Bible ? Réfléchissez seulement à ces quelques textes simples : “Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de route ton intelligence et de toute ta force 24Marc 12.30..” “Au jour du jugement, les humains rendront compte de toutes les paroles inutiles qu’ils auront proférées 25Matthieu 12.36.” “Soit que Vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu 261 Corinthiens 10.31..”GE3 190.3

    «Si leur doctrine est plus stricte que celle-ci, ils sont à blâmer; mais votre conscience rend témoignage qu’elle ne l’est pas. Qui peut se montrer moins strict d’un iota sans corrompre la Parole de Dieu? Un “intendant des mystères de Dieu 271 Corinthiens 4.1.” peut-il être trouvé fidèle s’il change n’importe quelle partie de ce dépôt sacré? Non. Il ne peut rien diminuer; il ne peut rien adoucir; il est dans l’obligation de déclarer à tous les hommes: “Je ne peux pas abaisser l’Écriture selon votre goût. C’est vous qui devez vous élever jusqu’à elle, ou être perdus pour toujours.” Tel est le véritable motif de cette autre accusation populaire: “le manque de charité de ces hommes”. Manquent-ils vraiment de charité ? En quoi ? Ne donnent-ils pas à manger à ceux qui ont faim et de quoi se vêtir à ceux qui sont nus ? “Mais non, ce n’est pas ça! Ce n’est pas de cette charité qu’ils manquent; mais ils en manquent dans leurs jugements: ils croient que personne ne peut être sauvé sinon à leur manière.” 28John Wesley, op. cit., volume 3, p. 152, 153. »GE3 191.1

    Le déclin spirituel qui s’était manifesté en Angleterre juste avant l’époque de Wesley était, dans une large mesure, la conséquence de l’enseignement de l’antinomisme. De nombreuses personnes affirmaient que le Christ avait aboli la loi morale, et que les chrétiens n’ont donc aucune obligation de l’observer; que le croyant est libéré de « l’esclavage des bonnes œuvres ». D’autres, tout en admettant la perpétuité de la loi, déclaraient qu’il n’était pas nécessaire que les prédicateurs exhortent les gens du peuple à obéir à ses préceptes, puisque ceux que Dieu avait élus pour le salut «seraient contraints par la force irrésistible de la grâce divine de pratiquer la piété et la vertu », tandis que ceux qui étaient condamnés à la réprobation éternelle « n’avaient pas le pouvoir d’obéir à la loi divine”.GE3 191.2

    D’autres, professant aussi que « les élus ne peuvent ni déchoir de la grâce, ni perdre la faveur divine ”, arrivaient à la conclusion encore plus odieuse que «les mauvaises actions qu’ils commettent ne sont pas vraiment des péchés, qu’elles ne doivent pas être considérées comme des cas de transgression de la loi divine, et que, par conséquent, ils n’ont aucune raison ni de confesser leurs péchés, ni de les abandonner en se repentant 29McClintock & Strong, Cyclopedia [Encyclopédie], article «Antinomians» [Les antinomistes]..” Ils déclaraient donc que même l’un des plus vils péchés, « considéré universellement comme une grave transgression de la loi divine, n’est pas un péché aux yeux de Dieu» s’il est commis par l’un des élus, « parce que c’est l’une des caractéristiques essentielles et distinctives des élus de ne rien pouvoir faire qui déplaise à Dieu ou soit interdit par la loi ».GE3 191.3

    Ces doctrines monstrueuses sont essentiellement les mêmes que l’enseignement d’éducateurs et de théologiens populaires venus plus tard: à savoir qu’il n’existe pas de loi divine immuable qui serve de norme pour déterminer ce qui est bien, mais que la norme de la moralité est déterminée par la société elle-même. Cette norme s’est trouvée sujette à un changement perpétuel. Toutes ces idées sont ins pirées par le même esprit : celui qui, même entouré des purs habitants du ciel, a commencé son œuvre en tentant d’abattre les justes restrictions imposées par la loi divine.GE3 191.4

    La doctrine qui enseigne que ce sont les décrets divins qui fixent de manière inaltérable le caractère des hommes a amené de nombreuses personnes à rejeter virtuellement la loi divine. Wesley s’opposait fermement aux erreurs des professeurs antinomistes et montrait que la doctrine qui mène à l’antinomisme est contraire aux Écritures. « Elle s’est manifestée, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les humains 30Tite 2.11..” ” Cela est beau et agréé de Dieu, notre Sauveur, qui veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les humains, l’humain Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous 311 Timothée 2.3-6.” L’Esprit de Dieu est abondamment accordé pour permettre à chaque homme de s’emparer des moyens de salut. Ainsi, le Christ, « la vraie lumière, celle qui éclaire tout humain, [...] venait dans le monde 32Jean 1.9..” Les hommes perdent le salut lorsqu’ils refusent délibérément le don de la vie.GE3 192.1

    À la prétention qu’à la mort du Christ les préceptes du Décalogue ont été abolis en même temps que la loi cérémonielle, Wesley répondait: « Jésus n’a pas aboli la loi morale contenue dans les dix commandements et soutenue par les prophètes. Ce n’était pas l’objectif de sa venue d’en révoquer quelque partie que ce soit. C’est une loi qui ne pourra jamais être abolie, qui est “fermement établi[e] pour toujours 33Psaume 89.38.”. [...] Elle existe depuis le commencement du monde, écrite “non pas sur des tablettes de pierre 342 Corinthiens 3.3.”, mais dans le cœur de tous les enfants des hommes 7 lorsqu’ils sortirent des mains du Créateur. Et bien que les lettres “écrites du doigt de Dieu 35Exode 31.18.” aient été, dans une grande mesure, défigurées par le péché, elles ne pourront cependant être complètement effacées tant que nous garderons la conscience du bien et du mal. Chaque partie de cette loi doit rester en vigueur pour toute l’humanité et dans tous les siècles ; elle ne dépend ni du temps, ni du lieu, ni d’aucune autre circonstance sujette au changement, mais elle dépend de la nature de Dieu, de la nature de l’homme et de leur relation immuable l’un avec l’autre.GE3 192.2

    «Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir 36Matthieu 5.17..” [...] Sans conteste, ce que Jésus voulait dire dans ce passage (en accord avec tout ce qui vient avant et après) était : Je suis venu pour la confirmer dans sa plénitude, malgré tous les commentaires des hommes; je suis venu mettre en pleine lumière tout ce qui, en elle, pouvait sembler sombre ou obscur; je suis venu affirmer sa véritable et pleine valeur dans chacune de ses parties; je suis venu montrer “la largeur, la longueur 37Éphésiens 3.18.” (la portée complète de chaque commandement qui y est contenu) et “la profondeur et la hauteur 38Idem.” (sa pureté et sa spiritualité inconcevables dans chacune de ses branches) 39Wesley, sermon 25.. ”GE3 192.3

    Wesley affirmait la parfaite harmonie entre la loi et l’Évangile. « Il existe donc le lien le plus intime qu’on puisse concevoir entre la loi et l’Évangile. D’une part, la loi prépare continuellement la voie à l’Évangile et nous dirige vers lui; d’autre part, l’Évangile nous mène continuellement à une observation plus exacte de la loi. La loi, par exemple, nous demande d’aimer Dieu et notre prochain, (l’être doux, humbles ou saints. Notre sentiment est que nous ne sommes pas “capable[s] d’une telle mission 402 Corinthiens 2.16” ; que dis-je, que “pour les humains, c’est impossible 41Matthieu 19.26” ; mais nous percevons la promesse de Dieu de nous donner cet amour ci de nous rendre humbles, doux et saints: nous nous emparons alors de cet L’Évangile, de cette bonne nouvelle; Jésus nous dit: “Qu’il t’advienne selon ta foi 42Matthieu 8.13.” ; “Pour que la justice requise par la loi soit accomplie en nous 43Romains 8.4.”, par la foi en Jésus-Christ. [...]GE3 193.1

    « Au premier rang des ennemis de l’Évangile, disait Wesley, se trouvent ceux qui, ouvertement et explicitement, “accuse [nt] la loi et juge[nt] la loi 44Jacques 4.11” ; ceux qui enseignent aux hommes à transgresser (dissoudre, détacher, délier de l’obligation de) non seulement un seul des commandements, petit ou grand, mais tous les commandements à la fois. [...] La plus surprenante de toutes les circonstances qui accompagnent cette puissante illusion est que ceux qui la professent croient vraiment honorer le Christ en renversant sa loi, et qu’ils exaltent son ministère tout en détruisant sa doctrine! Que dis-je, ils l’honorent à la manière de Judas lorsque celui-ci lui dit: “Bonjour, Rabbi! Et il l’embrassa 45Matthieu 26.49..” Jésus pourrait tout aussi bien dire à chacun de ceux-là: “C’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme 46Luc 22.48.!” Ce n’est rien d’autre que le livrer par un baiser que de parler de son sang et de lui ôter sa couronne; d’abolir une partie quelconque de sa loi sous prétexte de travailler à l’avancement de l’Évangile. Personne ne pourra non plus échapper à cette accusation s’il prêche la foi d’une manière qui tende, directement ou indirectement, à mettre de côté moindre parcelle d’obéissance; s’il prêche le Christ de manière à annuler ou à affaiblir, de quelque manière que ce soit, le plus petit des commandements de Dieu 47 Wesley, sermon 25.. ”GE3 193.2

    À ceux qui prétendaient que « la prédication de l’Évangile répond à tous les objectifs de la loi», Wesley répliquait: « Nous le nions formellement. Elle ne répond pas au tout premier objectif de la loi, à savoir: convaincre de péché, réveiller ceux qui dorment encore sur le seuil de l’enfer.» L’apôtre Paul déclare: « Ce (lui advient au moyen de la loi, c’est la connaissance du péché 48Romains 3.20..” ” Ce n’est que lorsque l’homme est convaincu de péché qu’il ressent vraiment son besoin du sang expiatoire du Christ. [...] “Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, comme l’a fait remarquer notre Seigneur lui-même, mais les malades 49Matthieu 9.12..” Il est donc absurde d’offrir les services d’un médecin à ceux qui se portent bien, ou qui, du moins, se croient bien portants. Il faut d’abord les convaincre qu’ils sont malades; sinon, ils ne vous remercieront pas pour votre peine. Il est tout aussi absurde d’offrir le Christ à ceux dont le cœur se porte bien, n’ayant jamais été brisé 50Wesley, sermon 35. »GE3 193.3

    Ainsi, tout en prêchant l’Évangile de la grâce de Dieu, Wesley, comme son Maître, cherchait « à rendre la loi grande et magnifique 51Ésaïe 42.21 ». Il s’acquitta fidèlement de la tâche que Dieu lui avait confiée, et les résultats qu’il eut le privilège de contempler furent magnifiques. À la fin de sa longue vie de plus de quatre-vingts ans, dont plus d’un demi-siècle passé en ministère itinérant, ses adhérents déclarés dépassaient le nombre d’un demi-million d’âmes. Mais les multitudes d’âmes qui, par ses travaux, avaient été arrachées à la ruine et à la dégradation du péché pour accéder à une vie plus élevée et plus pure, et le nombre de ceux qui, par ses enseignements, avaient obtenu une expérience plus profonde et plus riche, ne seront jamais connus avant que toute la famille des rachetés soit réunie dans le royaume de Dieu. Sa vie donne à chaque chrétien une leçon de valeur inestimable. Plût à Dieu que la foi et l’humilité, le zèle inlassable, le sacrifice de soi-même et le dévouement de ce serviteur du Christ se reflètent dans les Églises d’aujourd’hui!GE3 194.1

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