Loading...
Larger font
Smaller font
Copy
Print
Contents
  • Results
  • Related
  • Featured
No results found for: "".
  • Weighted Relevancy
  • Content Sequence
  • Relevancy
  • Earliest First
  • Latest First
    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents

    7 - Luther se sépare de Rome

    Parmi ceux qui furent appelés à faire sortir l’Église des ténèbres de la papauté pour la diriger vers la lumière d’une foi plus pure, Martin Luther figure au premier plan. Zélé, ardent et dévoué, ne connaissant d’autre crainte que celle de Dieu et n’admettant aucun autre fondement pour la foi religieuse que les Saintes Écritures, Luther fut l’homme de son époque; c’est par lui que Dieu accomplit une grande œuvre pour réformer l’Église et éclairer le monde.GE3 95.1

    Comme les premiers hérauts de l’Évangile, Luther naquit dans la pauvreté. Ses premières années s’écoulèrent dans l’humble foyer d’un paysan allemand. C’est par son travail quotidien au fond d’une mine que son père gagna la somme nécessaire pour payer ses études. Il souhaitait faire de lui un avocat, mais Dieu le destinait à être un constructeur du vaste temple qui s’érigeait si lentement à travers les siècles. Les épreuves, les privations et une discipline sévère furent l’école dans laquelle la Sagesse infinie prépara Luther à l’importante mission de sa vie.GE3 95.2

    Le père de Luther était un homme à l’esprit solide et actif, et d’une grande force de caractère. Il était honnête, déterminé et franc. Il était fidèle à sa conviction du devoir, quelles qu’en soient les conséquences. Son solide bon sens l’amena à considérer avec méfiance le système monastique. Il fut extrêmement affligé lorsque Martin Luther, sans son consentement, entra au monastère. Il fallut deux ans pour qu’il se réconcilie avec son fils ; mais même alors, ses opinions demeurèrent les mêmes.GE3 95.3

    Les parents de Luther veillaient avec beaucoup de soin sur l’instruction et la formation de leurs enfants. Ils s’efforçaient de les instruire dans la connaissance de Dieu et dans la pratique des vertus chrétiennes. Martin entendait souvent son père prier pour demander que son enfant se souvienne du nom du Seigneur et, un jour, contribue à l’avancement de sa vérité. Ses parents profitaient de chaque loisir que leur laissait leur vie de labeur pour s’instruire moralement ou intellectuellement. Ils faisaient des efforts fervents et persévérants pour préparer leurs enfants à une vie pieuse et utile. Leur fermeté et leur force de caractère les portaient parfois à une sévérité excessive. Cependant, le réformateur lui-même, quoique conscient des erreurs commises par ses parents dans certains domaines, trouvait plus de choses à approuver qu’à condamner dans leur discipline.GE3 95.4

    À l’école, où il fut envoyé très jeune, Luther fut traité avec dureté, et même avec violence. La pauvreté de ses parents était si grande que, en allant à pied de chez lui à l’école dans une autre ville, il était parfois obligé, pour pouvoir se nourrir, de chanter de porte en porte. Il souffrit souvent de la faim. Les conceptions lugubres et superstitieuses de la religion répandues à cette époque le remplissaient de crainte. Il restait éveillé la nuit, le cœur lourd, voyant en tremblant se dessiner un avenir sombre, constamment effrayé à la pensée d’un Dieu considéré comme un juge sévère et impitoyable et comme un tyran cruel plutôt que comme un tendre Père céleste.GE3 95.5

    Cependant, malgré ces causes de découragement si nombreuses et si graves, Luther allait résolument de l’avant vers l’idéal élevé d’excellence morale et intellectuelle vers lequel son âme se sentait attirée. Il avait soif de connaissance, et le côté sérieux et pratique de son esprit l’amenait à préférer ce qui était solide et utile à ce qui était voyant et superficiel.GE3 96.1

    Lorsque, à l’âge de dix-huit ans, il entra à l’Université d’Erfurt, sa situation était plus favorable et ses perspectives d’avenir plus brillantes qu’au cours de ses premières années. Ses parents, à force d’économie et de zèle, acquirent une certaine aisance et purent lui apporter toute l’aide dont il avait besoin. L’influence d’amis doués d’un bon jugement avait quelque peu adouci les conséquences déprimantes de sa première éducation. Il s’appliqua à l’étude des meilleurs auteurs, mémorisant avez zèle leurs pensées les plus importantes et, s’appropriant leur sagesse. Même sous la discipline sévère de ses anciens instructeurs, il avait montré très tôt d’excellentes dispositions. Entouré d’influences favorables, son esprit se développa rapidement. Une mémoire extraordinaire, une vive imagination, une grande capacité de raisonnement et une application inlassable le mirent au premier rang de ses condisciples. La discipline intellectuelle mûrit son intelligence et développa chez lui une faculté de réflexion et une finesse de perception qui le préparèrent aux conflits qui l’attendaient.GE3 96.2

    La crainte du Seigneur habitait le cœur de Luther, lui permettant de maintenir la constance de ses desseins et le conduisant à une profonde humilité. Il avait le sentiment permanent de dépendre de l’aide divine et ne manquait pas de commencer chacune de ses journées par la prière. Son cœur exprimait continuellement une prière réclamant la direction et le soutien de Dieu. « Bien prier, disait-il souvent, est la meilleure moitié de l’étude 1J. H. Merle d’Aubigné, Histoire de la Réformation du seizième siècle, livre 2, chapitre 2.GE3 96.3

    Un jour, examinant les livres de la bibliothèque de l’université, Luther y découvrit une Bible en latin. Il n’en avait encore jamais vu, il en ignorait même l’existence. Il avait entendu lire des passages des Évangiles et des épîtres lors du culte public, et supposait que ceux-ci constituaient la Bible tout entière. Maintenant, pour la première fois, il contemplait la Parole de Dieu dans sa totalité. Avec un mélange de crainte et d’admiration, il tourna les pages sacrées. Le cœur battant, il lut pour lui-même les paroles de vie, s’arrêtant de temps en temps pour s’exclamer: « Oh, si Dieu daignait un jour me donner un tel livre 2Idem.!» Des anges de Dieu se tenaient à ses côtés, et des rayons de lumière provenant du trône de Dieu révélèrent à son intelligence les trésors de la vérité. Il avait toujours craint d’offenser Dieu, mais, en cet instant, la profonde conviction de son état de pécheur s’empara de lui comme jamais auparavant.GE3 96.4

    Un désir intense d’être libéré du péché et de trouver la paix avec Dieu l’amena enfin à entrer au monastère et à se consacrer à une vie monastique. On lui confia les corvées les plus humbles et on l’envoya mendier de maison en maison. Il était arrivé à un âge où l’on recherche ardemment le respect et l’appréciation. Ces besognes serviles étaient donc profondément humiliantes pour ses sentiments naturels. Mais il les endura patiemment, les croyant nécessaires à l’expiation de ses péchés.GE3 96.5

    Il consacrait à l’étude chaque instant laissé libre par ses tâches quotidiennes, se privant de sommeil et empiétant même sur le temps consacré à ses maigres repas. Par-dessus tout, il trouvait sa joie dans l’étude de la Parole de Dieu. Il avait découvert une Bible enchaînée au mur du monastère et se rendait souvent à cet endroit pour en faire la lecture. Sa conviction du péché allant en s’approfondissant, il cherchait, par ses propres œuvres, à obtenir le pardon et la paix. Il menait une vie extrêmement austère, s’efforçant, par des jeûnes, des veilles et des flagellations, de surmonter ses défauts naturels auxquels la vie monastique n’avait apporté aucun remède. Il ne reculait devant aucun sacrifice pour atteindre la pureté de cœur qui lui permettrait de gagner l’approbation de Dieu.GE3 97.1

    « J’étais vraiment un moine pieux, dit-il plus tard. Je suivais les règles de mon ordre plus strictement que je ne saurais l’exprimer. Si jamais moine eût pu gagner le ciel par ses œuvres monastiques, j’y aurais certainement eu droit. [...] Si cela avait continué encore longtemps, ces mortifications m’auraient conduit à la mort 3Ibid., chapitre 3.. » Le résultat de cette douloureuse discipline fut qu’il s’affaiblit et souffrit d’évanouissements dont il ne se remit jamais complètement. Mais, malgré tous ses efforts, son âme accablée n’obtint aucun soulagement. Il se trouva finalement au bord du désespoir.GE3 97.2

    Alors qu’il lui semblait que tout était perdu, Dieu lui suscita un ami et un soutien, le pieux Staupitz, qui l’aida à comprendre la Parole de Dieu et l’invita à détourner les regards de lui-même, à cesser de méditer sur des châtiments infinis pour la transgression des lois divines pour regarder à Jésus, son Sauveur qui pardonne le péché. «Au lieu de vous torturer à cause de vos péchés, jetez-vous dans les bras du Rédempteur. Confiez-vous en lui, en la justice de sa vie, en sa mort expiatoire. [...] Écoutez le Fils de Dieu. Il est devenu homme pour vous donner l’assurance de la faveur divine. [...] Aimez celui qui vous a aimé le premier 4Ibid., chapitre 4..» Ainsi parlait ce messager de la miséricorde. Ses paroles firent une profonde impression sur l’esprit de Luther. Après bien des luttes contre les erreurs qu’il avait si longtemps caressées, il put saisir la vérité, et la paix envahit son âme angoissée.GE3 97.3

    Luther fut ordonné prêtre et appelé à quitter ce monastère pour devenir professeur à l’Université de Wittenberg. Il s’y appliqua à l’étude des Écritures dans les langues originales. Il commença à donner des cours sur la Bible : les livres des Psaumes, les Évangiles et les épîtres furent offerts à la compréhension de foules d’auditeurs ravis. Staupitz, à la fois son ami et son supérieur, l’encouragea à monter en chaire et à prêcher la Parole de Dieu. Luther hésita, se sentant indigne de parler aux gens au nom du Christ. Ce ne fut qu’après une longue lutte qu’il céda aux sollicitations de ses amis. Il était déjà très versé dans les Écritures, et la grâce de Dieu reposait sur lui. Son éloquence captivait ses auditeurs. La clarté et la puissance avec lesquelles il présentait la vérité apportaient la conviction à leur esprit, et sa ferveur touchait leur cœur.GE3 97.4

    En ce temps-là, Luther était encore un fils fidèle de l’Église papale et était loin d’imaginer qu’il serait un jour autre chose que cela. Par la providence divine, il fut amené à visiter Rome. Il fit le voyage à pied, logeant en chemin dans des cou- vents. Dans un monastère en Italie, il fut surpris par la richesse, la magnificence et le luxe qui s’y étalait. Percevant des revenus princiers, les moines habitaient de splendides appartements, revêtus de robes magnifiques et très coûteuses et festoyaient à des tables bien garnies. Avec une douloureuse inquiétude, Luther remarqua le contraste entre ce tableau et l’abnégation et les -épreuves de sa propre vie. Son esprit resta perplexe.GE3 97.5

    Enfin, il aperçut dans le lointain la ville aux sept collines. Saisi d’une profonde émotion, il se prosterna sur le sol en s’exclamant: « Sainte Rome, je te salue 5Ibid., chapitre 6.!» Il pénétra dans la ville, visita les églises, écouta les merveilleux contes que racontaient les prêtres et les moines et accomplit toutes les cérémonies exigées. Partout, il contempla des scènes qui le remplirent d’étonnement et d’horreur. Il se rendit compte que l’iniquité se répandait dans toutes les classes du clergé. Il entendit des prélats faire d’indécentes plaisanteries et fut horrifié par leur terrible impiété qu’ils affichaient jusque dans la messe. Se mêlant aux moines et aux citoyens, il ne rencontra que dissipation et débauche. Où qu’il se tournât, la profanation prévalait sur la sainteté. « Personne ne peut imaginer, écrivit-il, quels péchés et quelles actions infâmes se commettent à Rome ; il faut le voir et l’entendre pour le croire. Aussi a-t-on coutume de dire: “Si l’enfer existe, Rome est bâtie dessus; c’est un abîme d’où proviennent toutes sortes de péchés.” 6Idem.. »GE3 98.1

    Un récent décret du pape promettait une indulgence à tous ceux qui graviraient sur leurs genoux l’” escalier de Pilate », qu’on prétendait être celui — miraculeusement transporté de Jérusalem à Rome — par lequel notre Sauveur était descendu en quittant le prétoire romain. Un jour, Luther en gravissait dévotement les marches lorsque, soudain, une voix pareille à celle du tonnerre sembla lui dire : « Celui qui est juste en vertu de la foi vivra 7Romains 1.17..» Il bondit sur ses pieds et quitta précipitamment ce lieu, rempli de honte et d’horreur. Ce texte biblique ne perdit jamais son pouvoir sur son âme. Dès ce moment, il vit plus clairement que jamais auparavant combien il est aberrant de se confier en des œuvres humaines pour obtenir le salut, et combien est nécessaire une foi constante en les mérites du Christ. Ses yeux avaient été ouverts, et ne se fermeraient jamais plus, sur les erreurs de la papauté. En tournant le dos à Rome, il en détourna aussi le cœur. À partir de ce moment, la séparation alla en s’élargissant, jusqu’au jour où il coupa toute relation avec l’Église papale.GE3 98.2

    Après son retour de Rome Luther obtint, à l’Université de Wittenberg, le titre de docteur en théologie. Il avait maintenant la liberté de se consacrer, comme jamais auparavant, aux Écritures qu’il aimait tant. Il s’était solennellement engagé à étudier soigneusement et à prêcher fidèlement tous les jours de sa vie la Parole de Dieu, et non les déclarations et les doctrines des papes. Il n’était plus un simple moine ou un simple professeur, mais le héraut autorisé de la Bible. Il avait été appelé à être berger du troupeau de Dieu qui avait faim et soif de vérité. Il déclara avec fermeté que les chrétiens ne doivent recevoir d’autres doctrines que celles qui reposent sur l’autorité des Saintes Écritures. Ces paroles sapaient les fondations mêmes de la suprématie papale. Elles contenaient le principe vital de la Réforme.GE3 98.3

    Luther se rendait compte du danger d’élever les théories humaines au-dessus de la Parole de Dieu. Il attaquait sans crainte l’infidélité spéculative des professeurs et s’opposait à la philosophie et à la théologie qui avaient exercé pendant si longtemps leur influence sur le peuple. Il dénonçait ces études non seulement comme inutiles, mais même comme pernicieuses, et s’efforçait de détourner l’esprit de ses auditeurs des sophismes des philosophes et des théologiens pour attirer leur attention vers les vérités éternelles exposées par les prophètes et les apôtres.GE3 98.4

    Il apportait un précieux message aux foules suspendues à ses lèvres. Jamais auparavant elles n’avaient entendu un tel enseignement. La bonne nouvelle de l’amour du Sauveur, l’assurance du pardon et de la paix par le moyen de son sang expiatoire réjouissaient leur cœur et leur inspiraient une espérance immortelle. A Wittenberg s’alluma une lumière dont les rayons allaient s’étendre jusqu’aux extrémités de la terre, et l’éclat s’intensifier jusqu’à la fin des temps.GE3 99.1

    Mais lumière et ténèbres ne peuvent s’harmoniser. Entre la vérité et l’erreur, il existe un conflit irréductible. Soutenir et défendre l’une, c’est attaquer et renverser l’autre. Notre Sauveur lui-même a déclaré : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée 8Matthieu 10.34.. » Luther, quelques années après le début de la Réforme, déclara: « Dieu ne me guide pas : il me pousse en avant. Il m’emporte. Je ne suis pas maître de moi-même. Je désire vivre dans le repos ; mais je suis précipité au milieu de tumultes et de révolutions 9J. H. Merle d’Aubigné, op. cit., livre 5, chapitre 2.. » Il était sur le point d’être précipité dans l’ardeur de la bataille.GE3 99.2

    L’Église romaine avait traité la grâce de Dieu comme une marchandise. Elle avait dressé les « tables des changeurs 10Matthieu 21.12.» à côté de ses autels, et l’air retentissait des cris des acheteurs et des vendeurs. Sous prétexte de rassembler des fonds pour l’érection de la Basilique Saint-Pierre de Rome, des indulgences furent publiquement mises en vente par l’autorité du pape. Un temple destiné au culte divin allait être érigé au prix du crime, et sa pierre angulaire posée avec le salaire de l’iniquité! Mais les moyens adoptés par Rome pour sa glorification provoquèrent le plus terrible coup porté à son pouvoir et à sa grandeur. Cet événement suscita à la papauté son ennemi le plus déterminé, celui qui remporta le plus de succès dans sa lutte contre elle, et qui déclencha la bataille qui allait ébranler le trône papal et faire chanceler la triple couronne sur la tête du pontife.GE3 99.3

    Le moine désigné pour assurer la vente des indulgences en Allemagne, nommé Tetzel, avait été condamné pour les plus vils délits contre la société et contre la loi de Dieu. Ayant échappé au châtiment mérité pour ses crimes, il fut employé afin de faire progresser les projets mercenaires et dénués de scrupules du pape. Avec une profonde effronterie, il racontait les mensonges les plus flagrants et les contes les plus merveilleux pour tromper un peuple ignorant, crédule et superstitieux. Si ces gens avaient été en possession de la Parole de Dieu, ils ne se seraient pas laissés tromper de la sorte. C’était pour les maintenir sous la domination de la papauté et pour accroître le pouvoir et la richesse de ses ambitieux chefs que la Bible leur avait été retirée 11Voir John C.L. Gieseler, A Compendium of Ecclesiastical History [Précis d’Histoire ecclésiastique], per. 4, section 1, paragraphe 5..GE3 99.4

    Lorsque Tetzel arrivait dans une ville, un messager le précédait, annonçant : « La grâce de Dieu et du saint père est à vos portes 12J. H. Merle d Aubigné, op. cit., livre 3, chapitre 1.. » Et les gens accueillaient ce char- latan blasphémateur comme si c’était Dieu lui-même descendu du ciel pour les visiter. Ce trafic infâme se pratiquait dans l’église même. Tetzel, montant en chaire, vantait les indulgences comme le don le plus précieux de Dieu. Il déclarait que, par la vertu de ses certificats d’absolution, tous les péchés que l’acheteur avait l’intention de commettre par la suite lui seraient pardonnés, sans même que la repentance soit nécessaire 13Idem.. Pire encore, il assurait à ses auditeurs que ces indulgences avaient le pouvoir de sauver non seulement les vivants, mais les morts également; et qu’au moment même où la pièce d’argent tinterait sur le fond de son coffre, l’âme en faveur de laquelle cet argent avait été versé s’échapperait du purgatoire et s’envolerait vers le ciel 14Voir K. R. Hagenbach, History of the Reformation [Histoire de la Réformation], volume 1, p. 96..GE3 99.5

    Lorsque Simon le magicien offrit d’acheter aux apôtres le pouvoir d’accomplir des miracles, Pierre lui répondit: « Que ton argent se perde avec toi, puisque tu as pensé acquérir le don de Dieu à prix d’argent 15Actes 8.20. ! » Mais des milliers de personnes saisissaient avec empressement l’offre de Tetzel. L’or et l’argent coulaient à flot dans son trésor. Un salut qu’on pouvait acheter avec de l’argent était plus facile à obtenir que celui qui exige la repentance, la foi ex des efforts diligents pour résister au péché et le surmonter 16Voir appendice, note 20..GE3 100.1

    Des hommes instruits et pieux au sein de l’Église romaine s’étaient opposés à la doctrine des indulgences, et de nombreuses personnes n’accordaient aucune confiance à ces prétentions aussi contraires à la fois à la raison et à la révélation. Aucun prélat n’osait élever la voix contre ce trafic. L’esprit des gens était troublé et mal à l’aise. Beaucoup se demandaient avec ferveur si Dieu n’allait pas intervenir par quelque moyen pour purifier son Église.GE3 100.2

    Luther, quoique encore un papiste de la plus belle eau, fut rempli d’horreur devant les affirmations blasphématoires des marchands d’indulgences. De nombreux membres de sa propre Église avaient acheté des certificats d’absolution et commencèrent bientôt à venir vers lui pour confesser leurs péchés, s’attendant à recevoir l’absolution, non parce qu’ils se repentaient et souhaitaient se réformer, mais en vertu des indulgences. Luther leur refusa l’absolution et les avertit que, à moins de se repentir et de réformer leur vie, ils périraient avec leurs péchés. Profondément perplexes, ils retournèrent auprès de Tetzel en se plaignant que leur confesseur avait refusé ses certificats. Certains réclamèrent audacieusement le remboursement de leur argent. Le moine fut rempli de rage. Il proféra les plus terribles malédictions, fit allumer des feux sur les places publiques et déclara qu’il « avait reçu du pape l’ordre de brûler tous les hérétiques qui oseraient s’opposer à ses très saintes indulgences 17J. H. Merle d’Aubigné, ibid., chapitre 4. ».GE3 100.3

    Luther entreprit maintenant avec audace son œuvre en tant que champion de la vérité. Sa voix se fit entendre depuis la chaire en avertissements fervents et solennels. Il démontra au peuple la nature odieuse du péché et lui enseigna qu’il est impossible à l’homme, par ses propres œuvres, d’atténuer sa culpabilité ou d’échapper au châtiment. Rien, sinon la repentance et la foi en Christ, ne peut sauver le pécheur. La grâce du Christ ne peut être achetée à prix d’argent, car c’est un don gratuit. Il leur conseilla non d’acheter des indulgences, mais de regarder avec foi vers le Rédempteur crucifié. Racontant sa douloureuse expérience lorsqu’il avait cherché en vain à gagner le salut par des humiliations et des pénitences, il assura à ses auditeurs que c’est en se détournant de lui-même et en regardant vers le Christ qu’il avait trouvé la paix et la joie.GE3 100.4

    Comme Tetzel continuait son trafic et ses prétentions impies, Luther se rendit compte qu’il fallait une protestation plus efficace contre ces abus criants. L’occasion s’en présenta bientôt. L’église du château de Wittenberg possédait de nombreuses reliques, qui, certains jours de fête, étaient exposées à la vénération du peuple. Une pleine rémission des péchés était accordée à tous ceux qui visiteraient cette église à ce moment de l’année et se confesseraient. C’est pourquoi on y venait en grand nombre ces jours-là. L’une des fêtes les plus importantes, la Toussaint, approchait. La veille, Luther, se joignant aux foules qui se dirigeaient déjà vers cette église, afficha sur la porte de celle-ci une feuille de papier contenant 95 propositions contre la doctrine des indulgences. Il déclara qu’il était disposé à défendre ces thèses dès le lendemain à l’université, contre quiconque jugerait bon de les attaquer.GE3 101.1

    Ses propositions attirèrent l’attention générale. Elles furent lues, relues et répétées dans toutes les directions. Elles suscitèrent une grande agitation à l’université et dans toute la ville. Ces thèses démontraient que le pouvoir d’accorder le pardon des péchés et d’en remettre la pénalité n’avait jamais été confié au pape, ni à aucun autre homme. Tout ce système n’était qu’une farce, un artifice pour extorquer de l’argent en jouant sur la superstition des hommes, un stratagème de Satan pour détruire l’âme de tous ceux qui se confieraient en ses prétentions mensongères. Elles montraient aussi clairement que l’Évangile du Christ est le trésor le plus précieux de l’Église, et que la grâce de Dieu qui s’y trouve révélée est accordée gratuitement à tous ceux qui la recherchent par la repentance et par la foi.GE3 101.2

    Les thèses de Luther appelaient le débat, mais personne n’osa relever ce défi. Les questions qu’il proposait s’étaient répandues en quelques jours dans toute l’Allemagne, et, en quelques semaines, dans toute la chrétienté. De nombreux et pieux adhérents de l’Église romaine avaient vu et déploré l’iniquité terrible prévalant dans l’Église, mais ils ne savaient pas comment arrêter sa progression. Ils lurent ces propositions avec une grande joie, reconnaissant en elles la voix de Dieu. Ils eurent l’impression que le Seigneur avait gracieusement étendu le bras pour mettre un terme à la vague de corruption qui provenait du Saint-Siège et qui ne faisait que croître. Des princes et des magistrats se réjouirent secrètement qu’un frein soit mis à l’arrogant pouvoir qui refusait de reconnaître le droit d’appel de ses décisions.GE3 101.3

    Cependant, les foules superstitieuses et attachées au péché furent terrifiées en s’apercevant que les sophismes qui avaient calmé leurs craintes avaient été balayés. Des ecclésiastiques rusés, handicapés dans leur œuvre de cautionnement du crime et voyant leurs gains compromis, furent irrités et se rallièrent pour soutenir leurs prétentions. Le réformateur dut faire face à de violents accusateurs. Certains lui reprochèrent d’avoir agi avec hâte et par impulsion. D’autres l’accusèrent de présomption, déclarant qu’il n’était pas dirigé par Dieu, mais agissait par orgueil et effronterie. « Qui ne sait, répondit-il, qu’on avance rarement une idée nouvelle sans avoir une certaine apparence d’orgueil et sans être accusé de provoquer des querelles? [...] Pourquoi le Christ et tous les martyrs ont-ils été mis à mort? Parce qu’ils donnaient l’impression de mépriser orgueilleusement la sagesse de l’époque, et parce qu’ils avançaient des nouveautés sans avoir d’abord pris humblement conseil auprès des oracles des anciennes opinions. ”GE3 101.4

    Il déclara aussi: «Tout ce que je ferai s’accomplira non par la sagesse des hommes, mais par le conseil de Dieu. Si cette œuvre est de Dieu, qui pourra l’arrêter? Si elle ne l’est pas, qui pourra la faire avancer? Non ma volonté, ni la leur, ni la nôtre, mais la tienne, ô Père saint qui es dans les cieux 18Ibid., chapitre 6.. »GE3 102.1

    Bien que Luther ait été poussé par l’Esprit de Dieu à entreprendre son œuvre, il n’allait pas pouvoir l’accomplir sans rencontrer de sévères conflits. Les reproches de ses ennemis, la présentation déformée de ses intentions et leurs réflexions injustes et malveillantes sur son caractère et ses motivations fondirent sur lui comme un déluge qui engloutit tout et ne restèrent pas sans effets. Il avait cru que les dirigeants du peuple, tant dans l’Église que dans les établissements d’enseignement, s’associeraient à lui avec joie dans ses efforts de réforme. Des paroles d’encouragement provenant de personnes occupant des positions élevées l’avaient rempli de joie et d’espoir. Il voyait déjà par anticipation un jour plus lumineux se levant sur l’Église. Mais les encouragements s’étaient transformés en reproches et en condamnations.GE3 102.2

    De nombreux dignitaires, aussi bien de l’Église que de l’État, étaient convaincus de la véracité de ses thèses. Mais ils se rendirent bientôt compte que l’acceptation de ces vérités entraînerait de profonds changements. Éclairer et réformer le peuple, c’était saper virtuellement l’autorité de Rome, tarir les milliers de ruisseaux qui alimentaient actuellement son trésor et ainsi réduire considérablement les folles dépenses et le luxe des dirigeants papaux. De plus, enseigner aux hommes à penser et à agir comme des êtres responsables en regardant au Christ seul pour leur salut, c’était renverser le trône du pontife, et, en fin de compte, détruire leur propre autorité. C’est la raison pour laquelle ils refusèrent la connaissance que Dieu leur offrait et se dressèrent contre le Christ et contre la vérité en s’opposant à l’homme que celui-ci avait choisi pour les éclairer.GE3 102.3

    Luther tremblait en pensant à lui-même, un seul homme opposé aux plus grandes puissances du monde. Il était parfois saisi de doutes, se demandant s’il avait vraiment été guidé par Dieu pour se dresser contre l’autorité de l’Église. « Qui étais-je, écrivait-il, pour m’opposer à la majesté du pape, devant lequel [...] les rois de la terre et le monde entier tremblaient? [...] Personne ne peut savoir ce que souffrit mon cœur au cours de ces deux premières années, et dans quel abattement, je pourrais même dire dans quel désespoir, j’étais plongé 19Idem.. » Mais Dieu ne permit pas qu’il fût totalement découragé. Lorsque les appuis humains lui faisaient défaut, il regardait vers Dieu seul et apprenait qu’il pouvait se reposer en toute sécurité sur ce bras tout-puissant.GE3 102.4

    À un ami de la Réforme, Luther écrivait: « Nous ne pouvons atteindre la compréhension de l’Écriture ni par l’étude, ni par l’intelligence. Votre premier devoir est de commencer par la prière. Suppliez le Seigneur de vous accorder, dans sa grande miséricorde, la véritable compréhension de sa Parole. Il n’y a pas d’autre interprète de la Parole de Dieu que l’Auteur de cette Parole. Comme il l’a dit lui-même : “Ils seront tous instruits de Dieu 20Jean 6.45.. ” N’espérez rien de vos propres travaux, de votre propre compréhension; confiez-vous uniquement en Dieu et en l’influence de son Esprit. Vous pouvez me croire : c’est la parole d’un homme qui en a fait l’expérience 21Ibid., chapitre 7.. » Il y a là une leçon d’importance vitale pour ceux qui ont le sentiment que Dieu les a appelés à présenter aux autres les vérités solennelles pour notre temps. Ces vérités provoqueront l’inimitié de Satan et des hommes qui aiment les fables conçues par celui-ci. Dans le conflit avec les puissances du mal, il nous faut quelque chose de plus que la force de l’intellect et de la sagesse humaine.GE3 102.5

    Lorsque ses ennemis faisaient appel à la coutume et aux traditions, ou aux affirmations et à l’autorité du pape, Luther leur opposait la Bible et la Bible seule. C’étaient des arguments auxquels ils ne pouvaient répondre. C’est pourquoi ces esclaves du formalisme et de la superstition réclamèrent son sang, comme les Juifs avaient réclamé le sang du Christ. « C’est un hérétique, s’écriaient ces zélotes de l’Église romaine. C’est une haute trahison contre l’Église de permettre à un hérétique aussi horrible de vivre une heure de plus. Qu’on lui dresse immédiatement un échafaud 22Ibid., chapitre 9. !” Mais Luther ne fut pas victime de leur fureur. Dieu avait une œuvre à réaliser à travers lui, et il envoya des anges du ciel pour le protéger. En revanche, beaucoup de ceux qui avaient reçu la précieuse lumière par l’intermédiaire de Luther furent l’objet de la colère de Satan et, au nom de la vérité, subirent sans crainte la torture et la mort.GE3 103.1

    Les enseignements de Luther attirèrent l’attention, dans toute l’Allemagne, des personnes qui réfléchissaient. De ses sermons et de ses écrits émanaient des rayons de lumière qui éveillaient et éclairaient des milliers de gens. Une foi vivante remplaçait le formalisme mort dans lequel l’Église avait été si longtemps maintenue. Le peuple perdait confiance chaque jour davantage dans les superstitions de l’Église romaine. Les barrières de préjugés s’effondraient. La Parole de Dieu, par laquelle Luther éprouvait toute doctrine et toute prétention, était comme une «épée à deux tranchants 23Hébreux 4.12.» qui taillait son chemin jusque dans le cœur des hommes. Partout s’éveillait le désir d’un progrès spirituel. Partout se faisaient sentir une faim et une soif de justice qu’on n’avait plus connues depuis des siècles. Les yeux dirigés pendant si longtemps vers des rites humains et des médiateurs terrestres se tournaient maintenant dans la repentance et la foi vers « Jésus-Christ — Jésus-Christ crucifié 241 Corinthiens 2.2. ».GE3 103.2

    Cet intérêt largement répandu éveilla encore plus les craintes des autorités papales. Luther fut convoqué pour comparaître à Rome et répondre à l’accusation d’hérésie. Cette convocation terrifia ses amis. Ils savaient très bien le danger qui le menaçait dans cette ville corrompue, déjà ivre du sang des martyrs de Jésus. Ils protestèrent contre la perspective d’un voyage à Rome et demandèrent qu’il soit entendu en Allemagne.GE3 103.3

    Cette proposition fut finalement acceptée, et un légat du pape fut désigné pour entendre cette cause. Les instructions remises par le pontife à cet ecclésiastique spécifiaient que Luther avait déjà été reconnu comme hérétique. Le légat était donc chargé « d’engager une action contre lui et de le contraindre sans autre délai ». Au cas où il conserverait sa position et où le légat ne réussirait pas à s’emparer de sa personne, celui-ci avait l’autorité « de le proscrire dans toutes les parties de l’Allemagne; de bannir, maudire et excommunier tous ceux qui lui étaient attachés 25 J. H. Merle d’Aubigné, op. cit., livre 4, chapitre 2.». De plus, le pape ordonnait à son envoyé, afin d’extirper totalement cette hérésie pestilentielle, d’excommunier tous ceux qui, quelle que soit leur position dans l’Église ou dans l’État, à l’exception de l’empereur, négligeraient de saisir Luther et ses adhérents et de les livrer à la vengeance de Rome.GE3 104.1

    Ici se révélait le véritable esprit de la papauté. On ne trouvait dans tout ce document aucune trace de principes chrétiens, ni même de justice élémentaire. Luther se trouvait à une grande distance de Rome. Il n’avait eu aucune possibilité d’expliquer ou de défendre sa position, et cependant, avant que sa cause ait été entendue, il avait, de manière sommaire, été jugé hérétique, et, le même jour, exhorté, accusé, jugé et condamné, tout cela par celui qui se proclamait lui-même « saint père ”, seule autorité suprême et infaillible dans l’Église ou dans l’État!GE3 104.2

    À cette époque, alors que Luther avait tant besoin de la sympathie et des conseils d’un véritable ami, la providence divine envoya Melanchthon à Wittenberg. Ce dernier était jeune, modeste et réservé. La sûreté de son jugement, ses connaissances étendues et son éloquence persuasive, associées à la pureté et à la droiture de son caractère, lui gagnèrent l’admiration et l’estime générales. La douceur de sa nature n’était pas moins remarquable que ses talents brillants. Il devint bientôt un fervent disciple de l’Évangile et, pour Luther, un ami de confiance et un soutien apprécié. Sa douceur, sa prudence et son exactitude servirent à contrebalancer le courage et l’énergie de Luther. Leur association fortifia l’œuvre de la Réforme et fut une grande source d’encouragement pour Luther.GE3 104.3

    Le lieu de son jugement ayant été fixé à Augsbourg, le réformateur se mit en route à pied pour se rendre dans cette ville. On avait de sérieuses craintes à son sujet. Des menaces avaient été ouvertement proférées, disant qu’il serait saisi et assassiné en cours de route, et ses amis le supplièrent de ne pas prendre de risques. Ils lui conseillèrent même de quitter Wittenberg pendant un certain temps et de chercher refuge auprès de ceux qui le protégeraient volontiers. Mais il ne voulut pas abandonner le poste que Dieu lui avait confié. Il devait continuer fidèlement à maintenir la vérité, malgré les orages qui fondaient sur lui. Il tenait le langage suivant: «Je suis, comme Jérémie, un homme de conflit et de discorde; mais, plus leurs menaces augmentent, plus ma joie se multiplie. [...] Ils ont déjà détruit mon honneur et ma réputation. Il ne me reste qu’une chose: mon misérable corps; qu’ils le prennent! Ils ne feront qu’abréger ma vie de quelques heures. Quant à mon âme, ils ne peuvent me la prendre. Celui qui désire proclamer la Parole du Christ au monde doit s’attendre à la mort à tout moment 26 Ibid., chapitre 4.GE3 104.4

    La nouvelle de l’arrivée de Luther à Augsbourg procura à l’envoyé du pape une profonde satisfaction. Cet hérétique turbulent qui attirait l’attention du monde entier semblait maintenant être au pouvoir de Rome, et le légat était résolu à ne pas le laisser échapper. Le réformateur n’avait pas réussi à obtenir de sauf-conduit. Ses amis l’exhortèrent à ne pas paraître devant le représentant du pape sans en posséder un, et ils entreprirent eux-mêmes de s’en procurer un auprès de l’empereur. L’intention du légat était de forcer Luther, si possible, à se rétracter, ou, s’il n’y parvenait pas, de le conduire à Rome pour y subir le sort de Jean Hus et de Jérôme. C’est pourquoi, par l’intermédiaire de ses agents, il s’efforça d’amener Luther à paraître sans sauf-conduit et à se confier en sa miséricorde. Le réformateur s’y refusa avec fermeté. Ce n’est que lorsqu’il eut reçu le document qui lui garantissait la protection de l’empereur qu’il parut en présence de l’ambassadeur du pape.GE3 104.5

    Les partisans de l’Église romaine avaient choisi leur politique : essayer de gagner Luther par une apparente douceur. Le légat, lors de leurs entrevues, fit preuve d’une grande amabilité. Néanmoins il exigea que Luther se soumette implicitement à l’autorité de l’Église et cède sur chaque point sans argumenter ni poser de questions. Mais il avait mal jugé le caractère de l’homme auquel il avait affaire. Luther, dans sa réponse, exprima son respect pour l’Église, son désir de trouver la vérité, sa disposition à répondre à toutes les objections à ce qu’il avait enseigné et à soumettre ses doctrines à la décision de certaines universités parmi les plus im-portantes. En même temps, il protesta contre l’attitude du cardinal, qui lui demandait de se rétracter sans l’avoir convaincu d’erreur.GE3 105.1

    La seule réponse de l’ambassadeur fut: « Rétractez-vous! Rétractez-vous! » Le réformateur expliqua que sa position reposait sur les Écritures et déclara avec fermeté qu’il ne pouvait pas renoncer à la vérité. Le légat, incapable de répondre aux arguments de Luther, l’accabla d’une tempête de reproches, de moqueries et de flatteries, entremêlés de citations de la tradition et des déclarations des Pères de l’Église, et ne laissant au réformateur aucune possibilité de prendre la parole. Voyant que cette entrevue, si on la poursuivait ainsi, n’aboutirait à rien, Luther obtint finalement la permission, accordée à contrecœur, de présenter sa réponse par écrit.GE3 105.2

    « En agissant ainsi, écrivit-il à un ami, les opprimés y trouvent un double avantage: d’abord, ce qui est écrit peut être soumis au jugement d’autres personnes; et, deuxièmement, ils ont une plus grande possibilité de faire appel aux craintes, sinon à la conscience, d’un despote arrogant et bavard, auquel, autrement, son langage dictatorial donnerait l’avantage 27Martyn, The Life and Times of Luther [La vie et l’époque de Luther], p. 271, 272.. ”GE3 105.3

    Au cours de l’entrevue suivante, Luther présenta un exposé clair, concis et énergique de ses croyances, reposant pleinement sur de nombreuses citations des Écritures. Après en avoir fait la lecture à haute voix, il tendit cette étude au cardinal, qui, cependant, la jeta de côté avec mépris, déclarant que c’était une masse de mots futiles et de citations intempestives. Luther, piqué, rencontra alors le hautain prélat sur son propre terrain: les traditions et enseignements de l’Église; et il renversa complètement les prétentions de celui-ci.GE3 105.4

    Lorsque le prélat se rendit compte que le raisonnement de Luther était sans réplique, il perdit toute maîtrise de lui-même, et, hors de lui, s’écria: «Rétractez-vous! Sinon, je vous enverrai à Rome pour comparaître devant les juges désignés pour statuer sur votre cas. Je vous excommunierai, vous et vos partisans, ainsi que tous ceux qui vous soutiennent, quel que soit le moment, et je les jetterai hors de l’Église. » Il déclara finalement, sur un ton hautain et irrité : « Rétractez-vous, ou ne reparaissez plus devant moi 28J. H. Merle d’Aubigné [édition de Londres], ibid., chapitre 8. ! ”GE3 105.5

    Le réformateur se retira aussitôt, suivi de ses amis, déclarant ainsi ouvertement qu’il ne fallait attendre de sa part aucune rétractation. Ce n’était pas ce que le cardinal avait prévu. Il s’était flatté de pouvoir réduire Luther à la soumission par la violence. Maintenant, demeuré seul avec ses partisans, il les regardait l’un après l’autre, profondément désolé de l’échec inattendu de ses stratagèmes.GE3 106.1

    Les efforts de Luther déployés à cette occasion ne restèrent pas sans produire de bons résultats. Les personnes présentes dans cette vaste assemblée eurent l’occasion de comparer ces deux hommes et de juger par elles-mêmes de l’esprit manifesté par chacun d’eux, ainsi que de la force et de la véracité de leurs positions respectives. Quel contraste! D’un côté le réformateur, simple, humble, ferme, se tenait dans la force de Dieu, avec la vérité de son côté; de l’autre le représentant du pape, suffisant, arrogant, hautain, déraisonnable, sans un seul argument tiré des Écritures à présenter, et qui cependant s’écriait avec véhémence: « Rétractez-vous, ou soyez envoyé à Rome pour y être châtié! ”GE3 106.2

    Bien que Luther ait obtenu un sauf-conduit, les partisans de l’Église de Rome complotaient pour le saisir et l’emprisonner. Vu qu’il était inutile de prolonger son séjour à Augsbourg, ses amis l’exhortèrent à retourner sans délai à Wittenberg et à observer la plus grande prudence en ne révélant pas ses intentions. C’est pourquoi il quitta Augsbourg avant le lever du jour, à cheval, accompagné seulement d’un guide fourni par le magistrat. Rempli d’appréhension, il parcourut secrètement les rues sombres et silencieuses de la ville. Des ennemis vigilants et cruels conspiraient pour le détruire. Échapperait-il aux pièges qui lui étaient tendus ? Ce furent des moments d’angoisse et de prière fervente. Il atteignit une petite porte du mur d’enceinte de la ville. Elle lui fut ouverte, et, avec son guide, il la franchit sans encombres. Une fois dehors en sécurité, les fugitifs hâtèrent le pas. Avant que le légat n’apprenne le départ de Luther, celui-ci était déjà hors de portée de ses persécuteurs. Les plans de Satan et de ses émissaires avaient été déjoués. L’homme qu’ils avaient cru en leur pouvoir était parti. Il s’était échappé comme un oiseau du piège de l’oiseleur.GE3 106.3

    À la nouvelle de la fuite de Luther, le légat fut rempli de surprise et de colère. Il s’était attendu à recevoir de grands honneurs pour sa sagesse et sa fermeté dans sa façon de traiter ce perturbateur de l’Église, mais son espoir fut déçu. Il exprima sa colère dans une lettre adressée à Frédéric, l’électeur de Saxe, dénonçant amèrement Luther et exigeant qu’il soit envoyé à Rome, ou banni de Saxe.GE3 106.4

    Dans sa défense, Luther avait demandé que le légat ou le pape lui montre ses erreurs d’après les Écritures. Il s’était engagé de la manière la plus solennelle à renoncer à ses doctrines si on pouvait lui montrer qu’elles contredisaient la Parole de Dieu, et il avait exprimé sa reconnaissance à Dieu d’avoir été jugé digne de souffrir pour une cause aussi sainte.GE3 106.5

    L’électeur avait, jusqu’ici, peu de connaissances des doctrines réformées, mais il fut profondément impressionné par la sincérité, la force et la clarté des paroles de Luther. Par conséquent, jusqu’à ce que le réformateur soit convaincu d’erreur, Frédéric décida de devenir son protecteur. En réponse aux exigences du légat, il lui écrivit: « Puisque le Docteur Martin a comparu devant vous à Augsbourg, vous devriez être satisfait. Nous ne nous attendions pas à ce que vous l’ameniez à se rétracter avant de l’avoir convaincu de ses erreurs. Aucun des érudits de notre principauté ne m’a informé que la doctrine de Martin soit impie, antichrétienne ou hérétique 29J. H. Merle d’Aubigné, op. cit., livre 4, chapitre 10.. » De plus, le prince refusa d’envoyer Luther à Rome ou de l’expulser de ses États.GE3 106.6

    L’électeur remarquait un effondrement général des contraintes morales de la société. Une grande œuvre de réforme était nécessaire. Le système complexe et onéreux destiné à réprimer et à punir les délits serait inutile si les hommes voulaient bien reconnaître les exigences de Dieu et obéir aux directives d’une conscience éclairée. Il se rendait compte que Luther travaillait à atteindre cet objectif, et se réjouissait secrètement en constatant qu’une meilleure influence se faisait sentir dans l’Église.GE3 107.1

    Il était également conscient du grand succès que remportait Luther en tant que professeur d’université. Une année seulement s’était écoulée depuis que le réformateur avait affiché ses thèses sur l’église du château. Cependant, on constatait déjà une importante diminution du nombre de pèlerins qui visitaient cette église à la Toussaint. Rome avait perdu des adorateurs et des offrandes, mais leur place avait été comblée par d’autres, qui venaient maintenant à Wittenberg, non comme pèlerins pour adorer ses reliques, mais comme étudiants pour remplir ses salles de classe. Les écrits de Luther avaient suscité partout un nouvel intérêt pour les Saintes Écritures. De toutes les parties de l’Allemagne, mais également d’autres pays, les étu-diants accouraient à l’université. Des jeunes hommes, découvrant Wittenberg pour la première fois, « levaient les mains vers le ciel et louaient Dieu d’avoir fait briller la lumière de la vérité depuis cette ville, comme autrefois depuis Sion, et, de là, de l’avoir fait s’étendre même jusqu’aux pays les plus lointains 30Idem.GE3 107.2

    Luther n’était encore que partiellement débarrassé des erreurs de l’Église romaine. Mais, en comparant les saints Oracles aux décrets et statuts papaux, il était rempli d’interrogation. «Je lis, écrivait-il, les décrets des pontifes, et [...] je ne sais pas si le pape est l’antéchrist en personne, ou son apôtre, tellement le Christ est dénaturé et crucifié dans ces décrets 31J.H. Merle d’Aubigné, op. cit., livre 5, chapitre 1”.. » Pourtant, à cette époque, Luther était encore un partisan de l’Église romaine et ne soupçonnait pas qu’il se séparerait un jour de celle-ci.GE3 107.3

    Les écrits et la doctrine du réformateur se répandaient dans toutes les nations de la chrétienté. Son œuvre pénétra en Suisse et en Hollande. Des exemplaires de ses écrits arrivèrent en France et en Espagne. En Angleterre, ses enseignements furent reçus comme la Parole de vie. La vérité pénétra aussi en Belgique et en Italie. Des milliers de personnes s’éveillaient de leur torpeur mortelle pour découvrir la joie et l’espérance d’une vie de foi.GE3 107.4

    Rome était de plus en plus exaspérée par les attaques de Luther. Certains de ses adversaires fanatiques, y compris des docteurs des universités catholiques, décrétèrent que quiconque tuerait ce moine rebelle serait tenu pour innocent. Un jour, un étranger, un pistolet dissimulé sous son manteau, s’approcha du réformateur et lui demanda pourquoi il allait seul. «Je suis entre les mains de Dieu, répondit Luther. Il est “ma force et mon bouclier 32Psaume 28.7.”. “Que peut me faire un être humain ?” 33Hébreux 13.6; J. H. Merle d’Aubigné, op. cit., livre 6, chapitre 2. » En entendant ces paroles, l’étranger pâlit et s’enfuit comme s’il s’était trouvé en présence des anges du ciel.GE3 107.5

    Rome avait résolu la perte de Luther, mais Dieu était son protecteur. On entendait ses doctrines partout, « dans les maisons de campagne et dans les couvents, [...] dans les châteaux des nobles, dans les universités et dans le palais des rois 34Idem..” Des hommes nobles se levaient de tous côtés pour soutenir ses efforts.GE3 107.6

    C’est à peu près à cette époque que Luther, en lisant les écrits de Jean Hus, découvrit que la grande vérité de la justification par la foi, que lui-même s’efforçait d’exalter et d’enseigner, avait été professée par le réformateur de Bohême. « Nous avons tous été, dit Luther, que ce soit Paul, Saint Augustin ou moi-même, des Hussites sans le savoir! [...] Dieu fera certainement rendre compte au monde que la vérité lui a été prêchée il y a un siècle, et a été brûlée 35J. A. Wylie, Histoire du protestantisme, livre 6, chapitre 1. ! »GE3 108.1

    Dans un appel à l’empereur et à la noblesse d’Allemagne en faveur de la réforme du christianisme, Luther écrivit au sujet du pape: « C’est une chose horrible que de contempler cet homme, qui se prétend vicaire du Christ, vivant dans un luxe qu’aucun empereur ne peut égaler. Est-ce cela, être comme le pauvre Jésus ou l’humble Pierre? Il est, dit-on, le seigneur du monde! Mais le Christ, dont il se vante d’être le vicaire, a dit: “Ma royauté n’est pas de ce monde “ 36Jean 18.36. L’empire d’un vicaire peut-il s’étendre au-delà de celui de son supérieur 37J. H. Merle d’Aubigné, ibid., chapitre 3.GE3 108.2

    Il écrivit également au sujet des universités: «J’ai très peur que les universités se révèlent être les grandes portes de l’enfer, à moins qu’elles ne travaillent avec zèle à expliquer les Saintes Écritures et à les graver dans le cœur des jeunes. Je ne conseille à personne d’envoyer son enfant là où les Écritures n’occupent pas la première place. Toute institution dans laquelle on ne s’occupe pas sans cesse de la Parole de Dieu ne peut que se corrompre 38Idem.. »GE3 108.3

    Cet appel fut rapidement diffusé dans toute l’Allemagne et exerça une puissante influence sur les gens du peuple. Toute la nation fut émue. Des multitudes sortirent de leur torpeur pour se rallier autour de l’étendard de la réforme. Les adversaires de Luther, brûlant du désir de vengeance, réclamèrent au pape des mesures décisives contre lui. On décréta la condamnation immédiate de ses doctrines. On accorda soixante jours au réformateur et à ses adhérents, après quoi, s’ils refusaient de se rétracter, ils seraient tous excommuniés.GE3 108.4

    Ce fut une épreuve terrible pour la Réforme. Pendant des siècles, la sentence d’excommunication prononcée par Rome avait répandu la terreur dans le cœur de grands monarques ; elle avait plongé dans le malheur et la désolation de puissants empires. Ceux sur lesquels tombait cette condamnation étaient considérés partout avec crainte et horreur; ils étaient privés de toute relation avec leurs semblables et traités comme des hors-la-loi, bons à être pourchassés et exterminés. Luther était conscient de la tempête sur le point d’éclater sur lui, mais il resta ferme, assuré que le Christ serait son soutien et son bouclier. Avec la foi et le courage d’un martyr, il écrivait: « Ce qui va arriver, je ne le sais pas, et je ne me soucie pas de le savoir. [...] Où que le coup frappe, je suis sans crainte. Pas même une feuille ne tombe sans la volonté de notre Père. Ne prendra-t-il pas davantage soin de nous? C’est une petite chose que de mourir pour la Parole, puisque “la Parole est devenue chair 39Jean 1.14.” et est elle-même morte. “Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui 402 Timothée 2.11.” ; et en passant par où il est passé, nous serons là où il est, et nous demeurerons éternellement avec lui 41J. H. Merle d’Aubigné (édition de Londres, Walther, 1840), livre 6, chapitre 9.. ”GE3 108.5

    Lorsque la bulle papale arriva jusqu’à Luther, il déclara: «Je la méprise et l’attaque comme une chose impie et fausse. [...] C’est le Christ lui-même qui s’y trouve condamné. [...] Je me réjouis de devoir supporter de tels maux pour la meilleure des causes. Déjà, je ressens une plus grande liberté dans mon cœur, car je sais enfin que le pape est l’antéchrist et que son trône est celui de Satan lui-même 42J. H. Merle d’Aubigné, op. cit., livre 6, chapitre 9.. »GE3 108.6

    Cependant, l’ordre venu de Rome ne resta pas sans effet. La prison, la torture et l’épée étaient des armes puissantes pour imposer l’obéissance. Les faibles et les superstitieux tremblèrent devant le décret du pape, et, bien qu’il y eût une sympathie générale pour Luther, beaucoup avaient le sentiment que la vie était trop précieuse pour la mettre en péril à cause de la réforme. Tout semblait indiquer que l’œuvre du réformateur était sur le point de prendre fin.GE3 109.1

    Mais Luther demeurait sans crainte. Rome avait lancé ses anathèmes contre lui, et le monde regardait, ne doutant pas qu’il allait soit périr, soit être forcé de céder. Mais, avec une extraordinaire puissance, il renvoya sur l’Église de Rome la sentence de condamnation et déclara publiquement sa détermination de la quitter pour toujours. En présence d’une foule d’étudiants, de docteurs et de citoyens de tous rangs, Luther brûla la bulle du pape, ainsi que des exemplaires du Droit canon, des décrétales et de certains écrits qui soutenaient le pouvoir papal. « Mes ennemis ont pu, en brûlant mes livres, dit-il, causer du tort à la cause de la vérité dans l’esprit des gens du peuple et détruire leur âme. C’est pour cette raison que je brûle aussi leurs livres. Un combat terrible vient de commencer. Jusqu’ici, je n’ai fait que jouer avec le pape. J’ai commencé cette œuvre au nom de Dieu; elle se terminera sans moi, et par sa puissance 43J. H. Merle d’Aubigné, ibid., chapitre 10.. ”GE3 109.2

    Aux reproches de ses ennemis, qui l’accablaient de sarcasmes en raison de la faiblesse de sa cause, Luther répondait: «Qui sait si ce n’est pas Dieu qui m’a choisi et appelé, et s’ils ne devraient pas craindre qu’en me méprisant, ils méprisent Dieu lui-même? Moïse était seul en quittant l’Égypte; Élie était seul pendant le règne du roi Achab; Ésaïe, seul à Jérusalem; Ézéchiel, seul à Babylone. [...] Dieu n’a jamais choisi comme prophète ni le souverain sacrificateur, ni quelque autre grand personnage ; mais, en général, il a choisi des hommes humbles et méprisés, et même parfois des bergers comme Amos. À chaque siècle, les saints ont dû reprendre les grands, les rois, les princes, les prêtres et les sages, au péril de leur vie. [...] Je ne me prétends pas prophète; mais je dis qu’ils ont lieu de craindre précisément parce que je suis seul et qu’ils sont nombreux. Je suis sûr de ceci: c’est que la Parole de Dieu est avec moi, et qu’elle n’est pas avec eux 44Idem. »GE3 109.3

    Cependant, ce ne fut pas sans une terrible lutte avec lui-même que Luther décida de se séparer définitivement de l’Église. C’est vers cette époque qu’il écrivit: «Je ressens de plus en plus chaque jour combien il est difficile d’extirper les scrupules qu’on a cultivés dans l’enfance. Oh, combien de douleur cela m’a coûté, bien que j’aie eu les Écritures de mon côté, de justifier à mes propres yeux que je devais oser me tenir seul contre le pape et le dénoncer comme l’antichrist! Quelles n’ont pas été les tribulations de mon cœur! Combien de fois ne me suis-je pas posé avec amertume cette question, qu’on entendait si fréquemment dans la bouche des papistes: “Es-tu le seul sage? Tous les autres peuvent-ils être dans l’erreur? Qu’arrivera-t-il si, après tout, tu as tort et que tous ceux que tu entraînes dans ton erreur sont éternellement damnés?” C’est ainsi que j’ai combattu avec moi-même et avec Satan, jusqu’à ce que le Christ, par sa Parole infaillible, ait fortifié mon cœur contre ces doutes 45Martyn, op. cit., p. 372, 373.. »GE3 109.4

    Le pape avait menacé Luther d’excommunication s’il ne se rétractait pas, et il mit alors sa menace à exécution. Il publia une nouvelle bulle, déclarant que le réformateur s’était définitivement séparé de l’Église romaine, le dénonçant comme maudit du ciel et incluant dans la même condamnation tous ceux qui recevraient ses doctrines. Le grand conflit était commencé.GE3 110.1

    Être en butte à l’opposition est le lot de tous ceux dont Dieu se sert pour présenter des vérités spécialement applicables à leur temps. Il existait une « vérité présente 462 Pierre 1.12.» aux jours de Luther: une vérité d’importance spéciale pour cette époque; il existe aussi une « vérité présente » pour l’Église d’aujourd’hui. Il a plu à celui qui accomplit toutes choses selon le conseil de sa propre volonté de placer des hommes dans diverses circonstances et de leur assigner des devoirs particuliers pour le temps dans lequel ils vivent et pour les conditions dans lesquelles ils sont placés. S’ils voulaient bien apprécier la lumière qui leur était donnée, une vision plus large de la vérité s’ouvrirait devant eux. Mais, de nos jours, la majorité ne recherche pas davantage la vérité que les papistes qui s’opposaient à Luther. Il existe aujourd’hui la même disposition que dans les siècles précédents à accepter les théories et les traditions des hommes plutôt que la Parole de Dieu. Ceux qui présentent la vérité pour cette époque ne doivent pas s’attendre à être accueillis avec une plus grande faveur que les réformateurs des temps passés. La grande controverse entre la vérité et l’erreur, entre le Christ et Satan, doit aller en s’intensifiant jusqu’à la fin de l’Histoire de ce monde.GE3 110.2

    Jésus a dit à ses disciples: « Si vous étiez du monde, le monde serait ami de ce qui lui est propre. Si le monde vous déteste, c’est parce que vous n’êtes pas du monde, alors que, moi, je vous ai choisis du milieu du monde. Souvenez-vous de la parole que, moi, je vous ai dite: L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre 47Jean 15.19, 20.. » D’un autre côté, notre Seigneur a déclaré clairement: « Quel malheur pour vous, lorsque tout le monde parle en bien de vous! C’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes de mensonge 48Luc 6.26.! ! » L’esprit du monde n’est pas plus en harmonie aujourd’hui avec l’esprit du Christ que dans les temps anciens. Ceux qui prêchent la Parole de Dieu dans sa pureté ne seront pas accueillis avec une plus grande faveur de nos jours qu’à cette époque. Les formes de l’opposition à la vérité peuvent changer. L’inimité peut être plus cachée, parce qu’elle est plus subtile, mais le même antagonisme existe encore et se manifestera jusqu’à la fin des temps.GE3 110.3

    Larger font
    Smaller font
    Copy
    Print
    Contents