Conclusion
Les nombreuses références aux prophètes et au don de prophétie dans le Nouveau Testament indiquent que le phénomène prophétique était à l’œuvre au sein de l’Église et dans le cadre de sa mission. Cette activité prophétique s’exerçait essentiellement dans le cadre de l’ecclésiologie et de l’action des apôtres qui prêchaient, enseignaient et s’investissaient dans l’organisation de l’Église.DDP 222.1
Le don de prophétie est le plus mentionné de tous les dons du Saint-Esprit évoqués dans les écrits de Paul, ce qui souligne à quel point il était présent dans les Églises pauliniennes. C’est notamment le cas dans 1 Corinthiens 12 à 14, où Paul s’efforce de faire le point sur l’emploi manifestement non contrôlé du don des langues dans l’Église de Corinthe. Paul souligne la priorité du don de prophétie sur celui des langues quand elles ne sont pas interprétées (1 Corinthiens 14.5) en expliquant que les dons liés à la parole, et donc le don de prophétie, ont pour but d’édifier, d’encourager et de consoler (verset 3). Le don de prophétie en lui-même n’était pas un problème à Corinthe, et c’est la raison pour laquelle Paul le cite afin de justifier sa position. Les croyants sont encouragés à aspirer aux dons les meilleurs, et donc au don de prophétie, même si le don des langues ne doit pas être écarté (versets 1 et 39). Cependant, tous n’ont pas le don de prophétie (1 Corinthiens 12.29).DDP 222.2
1 Corinthiens 12 à 14 propose un aperçu complet du processus prophétique - comprenant les prophètes, les prophéties et le don de prophétie - et mentionne le fait que l’activité consistant à prophétiser semble prédominer sur le don lui- même. L’expérience de la révélation est un phénomène communautaire et le signe indéniable de la présence et des bénédictions de Dieu (1 Corinthiens 14.22). Le renouveau moral, qui est rendu possible grâce au don de prophétie, met en évidence la véritable nature du don de prophétie exercé dans l’Église . Le lien tout particulier entre le Saint-Esprit et le don de prophétie indique que l’activité prophétique à laquelle Paul pense est clairement définie par la nature du don de prophétie qui était exercé par les véritables prophètes d’Israël. Les termes associés au don de prophétie comme le Saint-Esprit, la révélation, la connaissance, les mystères et l’enseignement évoquent des thèmes présents dans les prophéties apocalyptiques où la vision du monde, le salut et l’action souveraine de Dieu dans l’histoire du salut sont évoqués . Ainsi, le don de prophétie que Paul décrit dans 1 Corinthiens n’est pas un don nouveau ou différent, et son autorité est la même que dans l’Ancien Testament.DDP 223.1
En dépit de son importance et de son lien évident avec la tradition prophétique de l’Ancien Testament, le don de prophétie avait des limites (1 Corinthiens 13.8-12). En tant que manifestation de la nature eschatologique de l’Église «entre deux périodes », le don de prophétie est par nature à la fois temporel et partiel. Et parce que les faux prophètes faisaient partie du paysage spirituel du Ier siècle , les paroles prophétiques devaient être évaluées et le tri devait être fait entre les faux prophètes (et leur don de prophétie) et les véritables prophètes. Ce n’était pas une évaluation différente d’un don de prophétie différent . Il n’existait pas de phénomène prophétique congrégationaliste propre à Corinthe.DDP 223.2
Le lien étroit qui existe entre la révélation et le don de prophétie (1 Corinthiens 14.6) montre que le don de prophétie est authentique et que le Saint-Esprit est «l’esprit de la vérité ». Même si les prophètes œuvraient dans le contexte prophétique de l’Ancien Testament, il n’y avait pas de hiérarchie ou de degré d’inspiration et de révélation, ni de degré dans le domaine de l’autorité prophétique. Les explications proposées par Paul au sujet du don de prophétie dans le cadre de sa réflexion sur les dérives du don des langues lorsqu’elles ne sont pas interprétées (1 Corinthiens 12 à 14) comprennent une dimension rhétorique semblant indiquer que ce n’est pas le fait de prophétiser qui était un problème à Corinthe, mais les faux prophètes.DDP 223.3
L’approche adventiste du don de prophétie en tant que phénomène eschatologique de l’Église du reste fait écho à plusieurs déclarations de Paul concernant le don de prophétie dans 1 Corinthiens 14. Tout d’abord, le don de prophétie existera jusqu’au retour du Christ. Cela ne remet en aucun cas en question le fait que le canon biblique se suffise à lui-même.DDP 224.1
Deuxièmement, le don de prophétie est un phénomène communautaire qui n’est pas exclusivement local, congrégationaliste ou centré sur l’adoration. Les prophètes non canoniques exercèrent une influence spirituelle et morale significative lors de la création de l’Église au sens large.DDP 224.2
Troisièmement, le véritable don de prophétie décrit par Paul dans 1 Corinthiens est le reflet des thèmes relatifs au conflit cosmique qui sont très présents dans les prophéties apocalyptiques.DDP 224.3
Quatrièmement, la présence du don de prophétie au sein de l’Église est indéniablement le signe de la présence et des bénédictions de Dieu au sein d’une communauté de foi (1 Corinthiens 14.22,24,25). Cela est essentiel pour définir l’identité, le message et la mission de l’Église - à la fois au Ier siècle et pour la dernière génération de l’histoire de l’humanité.DDP 224.4
Enfin, tous les prophètes agissent sous la houlette des précédents bibliques qui constituent le cadre historique, théologique et éthique permettant de confirmer leur authenticité, la véracité de leurs propos et leur autorité (versets 37 et 38). Il n’existe pas d’autorité prophétique indépendante, ni de hiérarchie ou de degrés dans l’inspiration, la révélation ou l’autorité.DDP 224.5
Le don de prophétie ayant pour but de «révéler les secrets du cœur humain, de convaincre du péché et de justifier à la fois Dieu et la communauté chrétienne», il s’agit d’un don spirituel merveilleux qui édifie, qui exhorte, qui réconforte et qui est source d’espérance (verset 3). Il est le reflet de la dimension eschatologique de l’Église - «entre deux périodes». Il ne cessera que lorsque notre Sauveur reviendra.DDP 224.6