Conditionnalité de la voix prophétique
Toutes les prophéties bibliques ne sont pas conditionnelles. Comment peut-on déterminer si une prophétie parle d’un avenir possible ou d’un avenir déterminé? Existe-t-il une différence entre les prophéties classiques et les prophéties apocalyptiques? Quels principes sous-tendent la conditionnalité des prophéties? Je propose quatre principes qui permettent d’établir la conditionnalité des différentes prophéties.DDP 36.2
Premier principe
Une prophétie ou une déclaration biblique est conditionnelle quand elle comporte le mot «si» ou le mot «quand» : «Si vous m’écoutez vous prospérerez, sinon voici ce qui adviendra.» (Voir par exemple Lévitique 26 et Deutéronome 28-30)DDP 36.3
Deuxième principe
Chaque fois qu’une réponse de l’homme est attendue suite à une prophétie ou à un message prophétique, la prophétie est conditionnelle. Dieu envoie des messages avec un but précis en tête, à savoir ramener son peuple à lui (Joël 2.12-15). Dieu ne veut pas que ceux qui le connaissent meurent en pécheurs.DDP 36.4
A. Cela apparaît clairement dans la déclaration apparemment «inconditionnelle» de Jonas : Jonas commença par faire dans la ville une journée de marche. Il proclamait : Encore quarante jours, et Ninive est détruite ! (Jonas 3.4.) Cette prophétie était conditionnelle, même si cette déclaration ne comporte pas le mot «si» ni le mot «quand». Cette phrase était très claire, mais elle était conditionnelle parce qu’une réponse était attendue. De fait, les Ninivites acceptèrent l’appel de Dieu et ils ne furent pas détruits. Le fait même que Jonas fût envoyé auprès d’eux par Dieu était déjà un acte de grâce. Cela correspond tout à fait à l’explication de Dieu : Tantôt je parle, à propos d’une nation ou d’un royaume, de déraciner, de démolir et de faire disparaître ; mais si cette nation contre laquelle j’ai parlé revient du mal qu’elle a fait, je renonce au mal que je pensais lui faire. Et tantôt je parle, à propos d’une nation ou d’un royaume, de bâtir et de planter ; mais si cette nation fait ce qui me déplaît, sans m’écouter, je renonce au bien que j’avais parlé de lui faire. (Jérémie 18.7-10.)DDP 36.5
Dieu désire que ses paroles portent du fruit : Ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire, sans avoir réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée. (Ésaïe 55.11.) Ma parole n’est-elle pas comme un feu — déclaration du Seigneur — et comme un marteau qui fait éclater le roc ? (Jérémie 23.29.)DDP 37.1
B. Concernant la maladie d’Ézéchias, aucune condition ne fut énoncée, mais elle était conditionnelle, comme nous l’indique le contexte : En ces jours-là, Ézéchias fut atteint d’une maladie mortelle. Ésaïe, fils d’Amots, le prophète, vint le trouver et lui dit : Ainsi parle le Seigneur : Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir; tu ne vivras plus. (2 Rois 20.1.) Il s’agit d’une déclaration claire, sans compromis possible. Alors Ézéchias pria avec une grande sincérité : S’il te plaît, Seigneur, souviens-toi, je t’en prie, que j’ai marché devant toi avec loyauté et d’un cœur entier, et que j’ai fait ce qui te plaît ! Et Ezéchias se mit à pleurer abondamment. (versets 3) Dans sa grâce, Dieu réagit ainsi :DDP 37.2
Ésaïe n>était pas encore sorti de la cour centrale lorsque la parole du Seigneur lui parvint : Retourne dire à Ezéchias, chef de mon peuple : Ainsi parle le Seigneur, le Dieu de David, ton père : J>ai entendu ta prière, j>ai vu tes larmes. Je te guéris ; le troisième jour, tu monteras à la maison du Seigneur. J>ajouterai quinze années à ta vie. Je te délivrerai, ainsi que cette ville, de la main du roi d>Assyrie ; je protégerai cette ville, à cause de moi et à cause de David, mon serviteur. (versets 4 à 6)DDP 37.3
C. Voici le conseil que donna Daniel à Nabuchodonosor : Voici l’interprétation, ô roi ; voici le décret du Très-Haut qui t’atteindra, ô roi : On te chassera d’entre les humains, tu auras ta demeure avec les bêtes sauvages, et on te donnera, comme aux bœufs, de l’herbe à manger ; tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut est maître de la royauté des hommes, et qu’il la donne à qui il veut. L’ordre de laisser la souche de l’arbre avec ses racines signifie que ta royauté subsistera pour toi quand tu sauras que c’est le ciel qui est le maître. Aussi, ô roi, puisse mon conseil te plaire ! Mets un terme à tes péchés par la justice et à tes fautes par la compassion envers les pauvres, et ta tranquillité se prolongera. (Daniel 4 versets 21 à 24)DDP 37.4
Dieu accorda à Nabuchodonosor une année de grâce (voir les versets 25 à 30), mais en raison de son arrogance et de son orgueil, le Seigneur l’humilia afin de le ramener à lui.DDP 38.1
Sept ans après, Nabuchodonosor loua le Dieu très-haut parce qu’il avait compris qu’il était le Roi souverain :DDP 38.2
Après le temps marqué, moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. Je bénis le Très-Haut, je louai et glorifiai celui qui est vivant pour toujours, dont la domination durera toujours et dont le règne subsiste de génération en génération. Tous les habitants de la terre comptent pour rien ; il agit comme il lui plaît avec l’armée du ciel et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui lui résiste et lui dise : Que fais-tu ? A ce moment, la raison me revint ; l’honneur de ma royauté, ma magnificence et ma splendeur me furent rendus, mes conseillers et mes grands me réclamèrent ; je fus rétabli dans ma royauté, et ma grandeur ne fit que s’accroître. Maintenant, moi, Nabuchodonosor, je loue, j’exalte et je glorifie le roi du ciel, dont toutes les œuvres sont vraies et dont les voies sont justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil. (versets 31 à 34)DDP 38.3
Les prophéties prédictives classiques sont de nature conditionnelle (contrairement aux prophéties apocalyptiques qui sont inconditionnelles) . L’époque de la première venue du Christ était-elle conditionnelle? Non, car quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et assujetti à la loi, (Galates 4.4 ; voir aussi Daniel 9.24-27). La première venue du Christ ne dépendait pas de la réaction des hommes !DDP 38.4
La deuxième venue du Christ est-elle conditionnelle ? La réponse est non, concernant l’événement en lui-même, mais oui, concernant le temps où il reviendra. Jean affirme clairement : Et [il] jura par celui qui vit à tout jamais, qui a créé le ciel et ce qui s’y trouve, la terre et ce qui s’y trouve, la mer et ce qui s’y trouve : Il n’y aura plus de délai ! [chronos = période de temps] (Apocalypse 10.6.) Il est important de souligner que dans ce texte, nous ne trouvons pas le mot kairos qui indique un moment donné dans le temps, mais chronos qui évoque une période de temps spécifique. Ainsi, Jésus-Christ reviendra, que nous soyons prêts ou non ! Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le pensent. Il est patient envers vous : il ne souhaite pas que quelqu’un se perde, mais que tous accèdent à un changement radical. (2 Pierre 3.9.)DDP 38.5
Troisième principe
Les prophéties sont conditionnelles si le même prophète ou le même auteur biblique, ou si un prophète ou un auteur biblique postérieur explique qu’elles étaient conditionnelles en raison d’un changement de situation, ou de l’entêtement ou de l’indifférence des gens.DDP 39.1
Par exemple, prêtez attention à la façon dont Dieu parla de l’attaque de Nabuchodonosor sur Tyr : Car ainsi parle le Seigneur Dieu : J’amène du nord contre Tyr Nabuchodonosor, roi de Babylone, le roi des rois, avec des chevaux, des chars, des équipages, une assemblée de troupes nombreuses. (Ézéchiel 26.7. ; voir aussi les versets 8 à 11) Dieu prédit un véritable saccage à Nabuchodonosor :DDP 39.2
On prendra tes richesses comme butin, on pillera tes marchandises, on rasera tes murailles, on démolira tes maisons luxueuses et on jettera au milieu de l’eau tes pierres, ton bois et ta poussière. Je ferai cesser le tumulte de tes chants, et on n’entendra plus le son de tes lyres. Je ferai de toi un rocher nu ; tu seras un lieu où l’on étend les filets ; tu ne seras plus rebâtie — c’est moi, le Seigneur (YHWH), qui ai parlé (déclaration du Seigneur Dieu) (versets 12 à 14).DDP 39.3
Nabuchodonosor fit le siège de Tyr pendant treize ans (de 586-585 à 573-572 av. J.-C.) . Pourtant, il ne parvint jamais à conquérir réellement Tyr ! Une nouvelle interprétation est donnée dans Ézéchiel 29, où Dieu promet de lui donner l’Égypte au lieu de Tyr :DDP 39.4
Humain, Nabuchodonosor, roi de Babylone, a fait faire à son armée un service pénible contre Tyr ; toute tête est tondue, toute épaule est écorchée, et il n’a retiré de Tyr aucun salaire, ni lui, ni son armée, pour le service qu’il a fait contre elle. A cause de cela, ainsi parle le Seigneur Dieu : je donne l’Égypte à Nabuchodonosor, roi de Babylone ; il emportera son abondance, il y prendra du butin, il la pillera : ce sera un salaire pour son armée, (Ézéchiel 29.18,19)DDP 39.5
Quatrième principe
Les prophéties sont conditionnelles quand cela est dit dans le cadre d’une alliance. Une alliance comporte des éléments conditionnels. On trouve des exemples de prophéties conditionnelles liées à une alliance concernant la restauration d’Israël, comme la création de la nouvelle Jérusalem dans le contexte de la nouvelle terre et des nouveaux cieux (Ésaïe 65.17-25); la prophétie sur Gog et Magog (Ézéchiel 38; 39); la reconstruction du temple d’Ézéchiel (Ézéchiel 40-48) ; et le rétablissement du royaume de Dieu décrit dans Zacharie 14.DDP 39.6