L’évolution de la compréhension des prophètes
L’un des aspects intéressants du processus de révélation et d’inspiration est le fait que les prophètes ne comprenaient pas nécessairement les messages qu’ils recevaient de Dieu. Rappelons-nous que, parfois, ces messages contenaient des révélations portant sur le long terme et qu’ils concernaient des époques postérieures à celles des prophètes. D’après Pierre, quand les prophètes recevaient des messages concernant les souffrances du Christ, ils s’appliquaient à découvrir quelle époque et quelles circonstances désignait l>Esprit du Christ qui était en eux (1 Pierre 1.10,11). Pierre ajoute ceci : Il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient ministres de ces choses, qui maintenant vous ont été annoncées par l’entremise de ceux qui vous ont communiqué la bonne nouvelle, avec l’Esprit saint envoyé du ciel. (verset 12) Ce message n’était peut-être pas difficile à comprendre, mais les prophètes n’étaient pas certains de ses implications et de la façon dont cela s’accomplirait.DDP 122.1
Parfois, les prophètes ne comprenaient tout simplement pas les messages qu’ils recevaient et ils devaient demander au Seigneur de les clarifier. Zacharie eut une vision de chevaux roux, fauves et blancs, mais il ne put comprendre son message. Il demanda donc : Qui sont-ils, mon Seigneur ? Alors un ange lui donna plus d’informations afin de rendre le message plus intelligible (Zacharie 1.8,9 ; voir aussi les versets 18 à 21). Dans une autre vision, l’ange lui demanda : Que vois-tu ? Le prophète décrivit la vision et, prenant conscience de son incapacité à la comprendre, il demanda : Qu’est-ce donc, mon seigneur ? L’ange, peut-être surpris par la question, demanda au prophète : Ne sais-tu pas ce que c’est ? Le prophète répondit : Non, mon Seigneur. Alors le message lui fut expliqué (Zacharie 4.1-7). Comme dans l’expérience de Jérémie mentionnée plus haut, l’ange s’assura que le prophète avait bien reçu la vision et qu’il la comprenait. C’est la raison pour laquelle il lui demanda s’il pouvait la décrire avec ses propres mots et si sa signification était claire pour lui. La description verbale correspondait à la révélation accordée au prophète. Petit à petit, celui-ci comprit mieux le contenu de la révélation.DDP 122.2
On peut aussi mentionner l’expérience de Pierre qui, après avoir reçu à trois reprises la même vision du Seigneur, était perplexe [diaporeo, autrement dit «être dans la perplexité»] sur le sens de la vision qu’il avait eue (Actes 10.17). Il n’était pas satisfait de son explication. Plus tard, quand trois personnes arrivèrent pour lui rendre visite, Pierre réfléchissait [dienzumeomai, «réfléchir sérieusement à quelque chose, méditer»] à la vision (verset 19). L’Esprit ne corrigea pas l’erreur d’interprétation de Pierre, et il ne lui expliqua pas non plus le sens de la vision. Il demanda simplement à Pierre de suivre les trois visiteurs. En d’autres termes, l’Esprit voulait révéler à l’apôtre le sens de la vision grâce au cours de l’histoire. Deux jours plus tard, il arriva chez Corneille, un Gentil. Il lui parla, puis adressa la parole au groupe qui était réuni dans sa maison : Dieu m’a montré qu’il ne fallait dire d’aucun homme qu’il est souillé ou impur. (verset 28) Le message divin, qui lui avait été donné dans une vision et qu’il avait mal interprété dans un premier temps, était désormais parfaitement clair. L’Esprit le guida pas à pas afin de lui permettre de comprendre pleinement la révélation divine. Dieu utilisa les actions menées par un groupe de croyants pour clarifier le sens de la vision.DDP 123.1
Abraham pensait que la promesse divine au sujet de la naissance d’un fils s’accomplirait grâce à Ismaël, mais des années plus tard, Dieu clarifia son message (Genèse 21.11,12). Samuel pensait que le Seigneur l’envoyait oindre le fils aîné de Jessé afin qu’il devienne roi, mais le Seigneur le reprit (1 Samuel 16.6,7) . Jérémie pensait que le ministère prophétique auquel il avait été appelé lui permettrait d’éviter de mener une vie caractérisée par les souffrances et le rejet (Jérémie 1.14-19). Quand il comprit que son interprétation était erronée, il fut très déçu et il en conclut que le Seigneur était pour lui comme une source trompeuse (Jérémie 15.15-18). Les mots qu’il employa étaient si durs que le Seigneur dut le réprimander (verset 18).DDP 123.2
Parfois, le Seigneur dut donner davantage d’informations aux prophètes afin de les aider à comprendre le message qu’il voulait leur confier ou de corriger l’interprétation qu’ils en faisaient. Dans tous les cas, nous constatons que Dieu voulait s’assurer que ses messages étaient bien compris. La dimension humaine ne causait pas de tort au processus de révélation et d’inspiration, mais le renforçait. Dieu était à l’œuvre jusqu’à ce que les prophètes reçoivent et comprennent ses messages.DDP 123.3