Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons tenté de montrer la façon dont le don de prophétie était perçu par les auteurs chrétiens majeurs. Le don de prophétie était souvent associé aux Écritures hébraïques parce que ses auteurs proclamaient la vérité au sujet de Jésus, le Christ divin. Ainsi, aux débuts du christianisme, cette herméneutique christologique explique la raison pour laquelle un prophète était considéré comme un porte-parole divin.DDP 263.3
De nombreuses personnes affirmant posséder ce don et enseignant certaines choses contraires à l’enseignement de Jésus, les Pères apostoliques éprouvèrent le besoin de faire la distinction entre les manifestations véritables ou fausses de ce don spirituel. Il y avait aussi une tendance consistant à associer le rôle d’un prophète à celui d’un évêque local. Cela semble normal dans la mesure où, dans l’Ancien Testament, les rôles de prophète, apôtre et enseignant se recoupent parfois. Irénée, puis Cyprien allèrent plus loin encore dans ce sens soulignant l’importance de l’ordre de succession apostolique pour distinguer la vérité de l’erreur et préserver l’autorité divine au sein de l’Église. Après eux, le don de prophétie fut rarement mentionné, sauf pour faire référence aux Écritures hébraïques. Ainsi, à la fin du Moyen Âge, on considérait que les prophètes appartenaient au passé.DDP 264.1
L’Église officielle exerçant donc un contrôle sur la définition de la vérité et du salut, certaines personnes considéraient la succession apostolique du Moyen Âge comme une succession d’erreurs. Par conséquent, beaucoup d’entre elles éprouvaient le besoin de trouver une alternative grâce à une succession continue de voix prophétiques en opposition à l’Église organisée. En réalité, cela n’était pas utile, car la vérité réside non pas dans les structures ecclésiastiques, mais dans la Parole révélée de Dieu.DDP 264.2
Néanmoins, ces développements de l’histoire humaine n’empêchent pas le don de prophétie de se manifester dans l’histoire. Certaines voix s’élèvent au sein du christianisme, affirmant avoir l’esprit de prophétie. Parfois, ces prophètes enseignaient des choses qui avaient manifestement été oubliées par certaines communautés chrétiennes, les incitant de ce fait à se rapprocher de la révélation divine. À d’autres reprises, ils enseignaient des choses contraires aux Écritures. La complexité de cette situation réside dans le fait que ces deux caractéristiques se retrouvaient parfois chez les mêmes personnes. Comme Pierre qui confessa le Christ et, au même moment, s’associa au diable, nous devons nous rappeler que les messagers de Dieu restent des êtres humains. Ils chutent, comme nous tous. Ce n’est pas une position confortable quand il s’agit d’identifier les faux prophètes.DDP 264.3
L’approche de Kelly au sujet de la réaction d’Irénée vis-à-vis des faux prophètes reste valable pour nous aujourd’hui. L’identification d’un véritable prophète doit relever d’un choix herméneutique. Nous devons adopter des critères de façon à pouvoir faire la distinction entre la vérité et l’erreur, tout en ayant conscience de la dimension humaine du don de prophétie. En tant que chrétiens attachés à la Bible, les adventistes devraient cultiver un esprit d’ouverture face à de nouvelles révélations, comparant sans cesse les messages de ceux qui pensent être des messagers divins aux révélations antérieures, dans un esprit d’amour, reconnaissant que c’est une tâche complexe.DDP 264.4
À notre époque où la littérature prophétique biblique ainsi que les écrits d’Ellen G. White sont utilisés pour justifier des conclusions parfois opposées, Kelly souligne l’importance d’un cadre herméneutique permettant d’établir la vérité. Notre approche du don de prophétie doit être définie par le texte de Matthieu 5.8: Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Ainsi, plutôt que de nous interroger sur les récipiendaires de «l’esprit de la prophétie », il convient que nous cherchions à savoir si notre cœur est assez pur pour voir Dieu .DDP 265.1