Conclusion
La nature et le rôle du Saint-Esprit ont toujours été des sujets controversés dans l’histoire du christianisme, et notamment dans l’histoire religieuse américaine. Winthrop S. Hudson considère la pléthore des sectes comme une caractéristique du nationalisme américain . Les réticences traditionnelles vis- à-vis des rêves et des visions des réformateurs protestants, dont notamment Luther et Zwingly, faiblirent et les limites du canon biblique furent brouillées. Cela se produisit alors que la religion américaine se développait dans des conditions particulières. Certains précurseurs, comme Jonathan Edwards, faisaient preuve de prudence, mais ils ne rejetaient pas totalement la possibilité que certaines personnes aient des rêves et des visions. George Whitefield était beaucoup plus ouvert à cette idée, et il encouragea même ces phénomènes.DDP 296.1
Après la révolution américaine, le paysage religieux changea totalement et les Églises traditionnelles qui avaient tendance à être calvinistes cessèrent de dominer la religion américaine. En revanche, des groupes arminiens comme les méthodistes et les baptistes commencèrent à s’imposer. Les mormons créèrent leur propre version de l’Écriture. À partir de l’époque d’Edwards, des vagues de réveil eurent lieu, et notamment dans les années 1820 et 1830, une époque que l’on a appelée le Second Grand réveil. De plus en plus de personnes affirmaient avoir des visions, notamment lors du réveil millérite des années 1840. Au début du XIXe siècle, les rêves et les visions étaient donc très courants.DDP 296.2
Les gens faisant preuve d’une ouverture toujours plus grande concernant les rêves et les visions, de nouvelles formes de culte radicales devinrent la norme. Des partisans de ces réveils comme Charles Finney profitèrent de ce contexte pour affirmer être directement inspirés par l’Esprit. Les expériences extatiques comme le fait d’être «renversé par l’Esprit» (une expression utilisée pour décrire une personne tombant à terre, emportée par ses émotions) étaient courantes. Il n’est donc pas surprenant qu’un groupe radical de millérites ait mis l’accent sur la restauration du don de prophétie comme caractéristique de l’Église de la fin des temps.DDP 296.3
La question du canon était aussi très discutée. Beaucoup de visionnaires comme Joseph Smith Jr considéraient que leurs révélations étaient sur le même plan, voire supérieures à la Bible. Smith créa un précédent chez les mormons en affirmant que les révélations nouvelles remplaçaient les révélations précédentes. Ellen White avait une position unique de son temps, car elle refusait le titre de prophète et elle ne plaçait pas ses écrits au même niveau que la Bible. En fait, même si elle affirmait que les révélations qu’elle recevait venaient de Dieu, elle refusait de brouiller les limites du canon biblique en mettant l’accent sur ses écrits. Il s’agissait plus d’ajouts ou de commentaires sur l’Écriture. Elle ne cessait d’insister sur la nature divine du canon biblique. Elle dut parfois reprendre certains de ses partisans les plus fervents qui voulaient utiliser ses écrits pour régler des débats théologiques. Contrairement à ses pairs, Ellen White clarifia plus qu’elle ne brouilla les limites du canon de l’Écriture.DDP 296.4